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L'âge de glace - Director's Cut

L'âge de glace - Director's Cut, Chapitre 27, par Pitoch, le 02 juin 2006.

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Chapitre 27

Indy se réveilla dans une chambre d'hôpital. D'abord étonné d'être conscient, alors qu'il n'aurait jamais dû « revenir », il se prit à sourire en découvrant l'homme assis sur une chaise, à côté de son lit. Un homme qui ne pouvait pas être présent réellement.
- Content de vous revoir, père, fit-il simplement.
- Junior... répondit Henry Jones en hochant la tête.
- Puis-je vous demander ce que vous faites là ?
- Lorsque tu as entendu le vrai nom de Tête de Fouine, tu es tombé dans le coma, comme prévu. Tes amis t'ont ramené au manoir, et le manoir est revenu sur Terre. Ils t'ont alors envoyé à l'hôpital, où tu te trouves actuellement. Toujours dans le coma, donc.
- Vous semblez déjà tout connaître de l'affaire, père.
- J'ai lu dans ton esprit. J'ai tous les détails.
- Pas simple, n'est-ce pas ?
Henry Jones ne répondit pas : il retira ses petites lunettes rondes de son nez, prit un mouchoir dans la poche de son veston, et entreprit de nettoyer les verres avec précaution. Geste qu'il faisait toujours quand il réfléchissait.
- Ta gestion de l'affaire a été lamentable, Junior, finit-il par dire.
Surpris, Indy eut un petit rire.
- J'étais sûr que vous alliez dire ça !
- Vraiment ? C'est que tu t'en es rendu compte par toi-même, alors...
- Je reconnais m'être laissé emporté par plusieurs éléments de la crise, oui. Mais je pense avoir rattrapé pas mal de mes erreurs avec ma dernière... décision.
Henry soupira en rangeant son mouchoir.
- C'est exactement l'inverse, Junior, fit-il d'un ton de reproche. Tu as plutôt bien géré l'affaire, et inexplicablement, depuis que tu sais qui est réellement Tête de Fouine, tu fais n'importe quoi. Et ta « dernière décision » est la pire catastrophe que l'on pouvait prévoir.
- C'est votre avis, père. Mon absence va resserrer les liens entre Lara, Alex et Kurtis.
- Ils sont en effet tous les trois partis pour le pôle Nord...
Indy sourit.
- J'avais donc raison. Ca confirme mon choix.
Cette certitude n'en était pas une, et Indy ne pouvait pas se réjouir. Quelque chose le gênait, et l'attitude silencieuse et froide de son père y était pour beaucoup.
- Quoi ? finit-il par demander.
- Tu as joué l'avenir de la Terre sur un coup de dés, Junior.
- C'est vrai, mais c'était la seule solution.
Henry retomba dans le silence, poussant son fils vers un agacement de plus en plus présent.
- On ne peut pas sauver la Terre, reprit Indy. C'est impossible sans une grande part de chance, mais surtout de cohésion de notre part. Et cette cohésion n'était possible que si je disparaissais.
- Tu as l'air bien sûr de toi, Junior...
- Ils sont partis vers le pôle Nord, non ?
- Ils sont partis vers une mort certaine, et tu le sais.
- Ca aurait été pareil avec moi.
- C'est bien ce que je pensais : tu veux mourir. Et si possible sans voir tes amis mourir. Alors, depuis que tu sais qui est Tête de Fouine, tu as fomenté ce plan en te basant sur sa légende. Sur la terreur qu'inspire son vrai nom. Une terreur telle qu'elle peut tuer instantanément.
Indy resta silencieux un moment, confirmant implicitement l'analyse de son père.
- Voilà plus d'un siècle que je dure sur cette planète, père, reprit-il. Je croyais avoir vu le pire de la folie avec les nazis, mais je me trompais. Encore et toujours, de nouveaux mégalomanes apparaissent, surfant sur telles ou telles légendes pour provoquer la destruction du monde, ou sa conquête, ou le pouvoir infini. Je suis vieux, père, mais surtout usé. Chaque nouvelle aventure a affaibli ma volonté, au point de me faire renoncer à la vie. Oui, j'en ai marre. Marre de courir le monde, marre de voir les gens que j'aime mourir, marre de sauver le monde de fous et de psychopathes. Comme vous, il est temps pour moi de passer le relais.
- Il y a plusieurs différences entre toi et moi, Junior.
- Lesquelles ?
- D'abord, je n'étais pas, je n'ai jamais été un aventurier, et tu le sais. Ensuite, j'ai attendu de sauver la Terre pour me sacrifier. Je n'ai pas abandonné avant le grand combat.
- Père ! On ne peut pas gagner !
- « On » ? Dis plutôt « ils ». Car toi, tu ne veux pas gagner. Nuance.
- On ne peut pas gagner, répéta Indy, ignorant la remarque de son père. Nous ne sommes que des humains.
- Junior, tu as affronté un mollah doté de pouvoirs surnaturels. Tu as retrouvé l'arche d'alliance, tu as trouvé le Saint-Graal. Tu as empêché trois milliardaires d'obtenir des pouvoirs cosmiques, et un fou de ramener le Diable sur Terre.
- Certes. Mais cette fois, je ne peux rien.
- Alors Tête de Fouine a gagné. Il va libérer Fenryr, tuer Lara Croft, Alex West et Kurtis Trent, et dévaster la terre. Toute vie disparaîtra. Parce que tu en as marre de te battre.
Indy détourna la tête, ne pouvant soutenir le regard et les reproches de son père. Il ne répondit pas, préférant ruminer sa peur.
- Tête de Fouine a profité de ta seule faiblesse, Junior, reprit Henry. Ton envie de mourir parce que tu t'es déjà trop investi sentimentalement auprès de Lara Croft. Tes doutes, il les a déformés, amplifiés, transformés en une terreur totale, dont le déclenchement a été d'apprendre la vérité sur lui. Il t'a forcé à te retirer de la partie, il t'a forcé à laisser tes amis affronter seuls une mort horrible. N'ai-je pas raison ?
Indy resta silencieux, évitant toujours le regard inquisiteur de son père.
- N'ai-je pas raison ? insista Henry.
- Si je suis votre raisonnement, père, Tête de Fouine m'a manipulé dans un seul but : se débarrasser de moi.
- Exactement.
- Mais pourquoi ? Dans quel but ?
- N'est-ce pas évident ? Il te craint, Junior. Il te sait capable seul d'empêcher la libération de Fenryr.
- Je ne vois pas comment...
- Ca, mon fils, ce sera à toi de le trouver.
- Certes. Et j'ai tout le temps d'y penser, car il est trop tard, maintenant.
- Il est surtout trop tard pour regretter ta décision. Il fallait y réfléchir avant.
Indy resta une nouvelle fois silencieux, mais son visage trahissait une colère grandissante.
- Tu te rends compte, enfin, à quel point Tête de Fouine t'a manipulé ? A quel point il a instillé, petit à petit, insidieusement, la peur et le doute en toi ?
- Oui, reconnut Indy à demi-mots. Mais je ne peux plus rien faire.
Henry ramassa un gros sac posé à ses pieds et l'ouvrit.
- En fait, fit-il, tu peux faire plusieurs choses, Junior...
- Ah ?
- Tout d'abord, il faut que tu redeviennes toi-même. Tu es un aventurier, un battant. Sors le doute et la peur de ton esprit. Regarde l'avenir avec courage. Fonce et bats-toi jusqu'au bout.
Du sac, Henry sortit alors un vieux blouson en cuir marron, totalement élimé et fatigué, qu'il posa sur le lit, sur les jambes de son fils.
- Redeviens celui que tu as toujours été, mon fils. Redeviens Indiana Jones.

***

Indy regarda son vieux blouson. D'abord ému, il afficha peu à peu un petit sourire narquois.
- C'est un peu théâtral, père, fit-il.
- Certes. Mais je ne suis qu'une image de ton esprit dans le coma, Junior.
- Je suis un tel frimeur ?
Cette idée l'amusait beaucoup, mais il reprit vite son sérieux.
- Je ne vois pas en quoi le fait de me motiver à nouveau va changer quelque chose à mon état actuel...
- C'est que tu n'es pas encore prêt. Tu n'as pas repris confiance. Tu doutes toujours et, de fait, tu as toujours peur de Tête de Fouine.
Indy soupira, de plus en plus agacé par l'attitude de son père.
- Bon, d'accord, fit-il. Je n'ai plus peur de Tête de Fouine, je suis prêt à l'affronter.
Il ferma les yeux, puis les rouvrit presque aussitôt, avant de regarder son père.
- Je suis toujours dans le coma... remarqua-t-il.
- Tes sarcasmes ne vont pas t'aider, Junior. Décidément, je vais de déceptions en déceptions avec toi...
Il se leva et ramassa son chapeau mou, qu'il vissa sur sa tête. Puis il se détourna de son fils, sans un regard en arrière. Piqué au vif, Indy se redressa sur son lit.
- Je n'ai plus peur de Tête de Fouine ! cria-t-il. Je suis prêt à tout pour sauver Lara de la mort. A TOUT !!
Henry se retourna enfin et regarda son fils d'un air très sévère.
- Alors prouve-le, Junior. Prouve-le une bonne fois pour toute ! Prouve que tu es capable de sauver Lara Croft, que tu es capable de sauver la Terre, que tu es capable de lutter pour sauver ce que tu aimes et ce en quoi tu crois. PROUVE-LE, PAR TOUS LES SAINTS !
- Tête de Fouine, hurla Indy, Tête de Fouine est en réalité Jormungand le Serpent, fils bâtard de Loki et frère cadet de Fenryr le Loup !
Hors de lui, Indy vit son environnement devenir flou l'espace d'un instant. A la place de son père se trouvait maintenant une jeune infirmière, qui poussa un hurlement d'effroi. Indy la dévisagea d'un air hagard.
- Docteur Jones ? fit-elle. Vous... vous êtes réveillé ? Vous m'avez fait une de ses peurs !
Reprenant ses esprits, il regarda autour de lui. Sur son lit, il y avait son blouson. Sans un mot, il le prit dans ses mains et le toucha, plusieurs fois, avec application, comme pour s'assurer qu'il était bien réel. Puis un sourire se dessina sur ses lèvres. Un sourire simple de plaisir. D'un plaisir retrouvé. Il posa soudain son blouson, arracha ses perfusions et sauta du lit. Sans hésiter, il attrapa l'infirmière par la taille et l'embrassa goulûment à pleine bouche. Celle-ci ne se débattit que pour la forme. Quand Indy la lâcha enfin, elle se recoiffa et prit un air faussement outré.
- Voyons, docteur Jones...
Indy lui prit délicatement le menton.
- Pas de docteur Jones, ma belle. C'est Indiana Jones.

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