Réflexions d'un après-midi d'avril, par Manu, le 02 avril 1999.
Ces derniers temps, il est de bon ton dans la presse spécialisée (et un peu moins spécialisée) de critiquer TR3 et les aventures de Lara en général. On reproche, pêle-mêle, le marketing autour de Lara (comme si Eidos et Core étaient les seuls à vouloir faire du "business" autour de leurs jeux), les bugs (là encore TR ne détient pas l'exclusivité) et, enfin, le manque d'innovation du troisième opus.
Mais, il y a une chose que beaucoup taise, c'est ce que la série a apporté aux jeux vidéo en général. Eh oui, TR c'est aussi, et surtout, un concept innovant sur bien des points qui fut très largement repris. Durant les fêtes de Noël 98 sortait The Legend of Zelda : Ocarina of Time sur N64. Un jeu unanimement acclamé (et à juste titre) comme un chef d'oeuvre. Pourtant Zelda s'est très largement inspiré du "gameplay" Tomb Raider. Ainsi, une foule d'énigmes (pousser des blocs, trouver des clés, escalader des parois... etc...) rappelaient étrangement les pérégrinations de notre aventurière préférée.
La très grande interactivité avec l'environnement 3D présentait elle aussi bien des similitudes avec TR. Et que dire du système de "lock" sur cible qui lui, outre Zelda, a été repris par Resident Evil 2, récemment par Silent Hill (pas encore dispo en Europe). On peut dire que TR a fait école sur bien des composantes d'un jeu. Mais cela, je ne l'ai entendu nulle part.
Je crois qu'une vieille habitude française fait que l'on se sent obligé de critiquer dès que ça devient "commercial". Et, bien qu'il soit vrai que le commercial est rarement synonyme de qualité, ce n'est pas une vérité biblique.
Autre fait intéressant, et j'en profite pour remercier Core Design : Lara a dépassé le simple cadre des jeux vidéo pour devenir une véritable "star" mais néanmoins ses aventures virtuelles possèdent une relative difficulté qui ne la rendent pas pour autant "accessible" au grand public. Beaucoup de joueurs néophytes sont très vite dépassés par le jeu. Et c'est précisément la raison pour laquelle je respecte énormément Lara et ses créateurs : s'ils avaient été bassement mercantiles, ils auraient, à n'en point douter, conçu un soft "prêt à consommer", facile, rapide d'accés. Or, ça n'a jamais été le cas.
Alors bien sûr, on peut s'amuser à critiquer ci ou çà et notamment le manque d'innovation. Mais il faut se rendre compte d'un élément important : ce n'est pas du tout évident de révolutionner un concept. Si dans le prochain épisode, TR subissait un lifting magistral (Dieu nous en préserve) est-ce que les fans de la série apprécieraient ? Pour moi, ce qui fait le charme de cette saga, c'est justement la continuité d'un épisode à l'autre. Le fait de se sentir immédiatement dans le bain. C'est vraiment, à mon avis, le très gros atout.
D'autre part, je ne suis pas d'accord pour mettre TR en compétition avec d'autres softs qui s'apparentent à la même famille (aventure/action). En effet, lorsque j'ai envie de vivre une aventure hollywoodienne, à la Indiana Jones, je me tourne vers Lara (elle est imparable dans ce registre), en revanche lorsque je veux ressentir une atmosphère lourde et pesante, je vais me tourner vers Resident Evil, et si enfin je veux me prendre pour un agent infiltré en territoire hostile je vais opter pour Metal Gear Solid. Mais tous ces softs sont en fait complémentaires.
Et, qu'on le veuille ou non, Lara tient une place de choix dans le panthéon des jeux vidéo et dans quelques années, on se souviendra avec des relents nostalgie les fabuleux moments que l'on a passé en sa compagnie dans ses trois aventures (en espérant bien sûr qu'il y en ai encore beaucoup d'autres).
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