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L'Argument et l'Arme

L'Argument et l'Arme, Chapitre 11, par Helo, le 07 août 2003.

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Chapitre 11

En guise de réponse, Lara prit son air le plus suspicieux qu'il soit. Ce qui n'enchanta guère Franchesca. Elles se mirent à s'empoigner un peu plus violemment, serrant les dents et murmurant des injures à leur adversaire. Je les observai quelques instants, l'esprit un peu confus, puis me redressai maladroitement. Je vins me placer juste à côté d'elles. Mon intelligence sembla s'envoler en un éclair.

- Je vais commencer à croire que toutes les aventurières ont deux melons d'eau en guise de poitrine... marmonnai-je, dans la lune.

Franchesca tourna la tête vers moi, une expression de mépris dans les traits. Elle me dévisagea quelques secondes en mâchant sa gomme, baissa son pistolet et poussa Lara de manière agacée. Cette-dernière recula, un peu troublée, et considéra l'empoignade terminée. Elle abaissa sa machette et observa, avec un sourire en coin, la scène qui se jouait. Franchesca se planta à quelques centimètres de moi. Étant plus grande de quelques pouces, elle me regardait d'en haut, autoritaire, sûre d'elle.

- T'es mignon toi... ricana-t-elle, se moquant tout bêtement de mon expression, sans doute semblable à celle d'un gamin venant de découvrir comment on fait des bébés.

Elle se détourna et planta un regard hypnotique dans celui de Lara.

- Alors, chérie, que faisons-nous?
- Nous? s'étonna Lara.
- Oui, nous. Stevens veut la peau de ce jeune homme ici présent... c'est le moins qu'on puisse dire... Il veut également votre peau, étant donné qu'il n'aimerait pas vous voir réapparaître ici et là sur son chemin... Et il veut finalement ma peau, pour la simple et bonne raison que j'ai raté ma cible.

Elle se détourna, me fit à nouveau un clin d'oeil et me frotta les cheveux.

- Ça ne nous oblige pas à faire route ensemble, marmonna Lara en faisant mine de s'approcher de moi.

Franchesca braqua son arme sur elle.

- Évidemment, ça ne nous oblige pas. Mais il serait plus sage de votre par d'obtempérer. La jungle est sauvage et cruelle. Ajoutez à cela nos ennemis qui nous pourchassent. À trois, personne ne sera de trop.

Lara fronça les sourcils. Pour ma part, je n'osais pas rechigner. Ma seule envie était de retourner en Grande-Bretagne, et le plus aisément et rapidement possible serait le mieux.

Alors qu'un silence songeur tombait sur notre groupe, des cris provenant du radeau attirèrent notre attention. La seconde suivante, des sifflements de projectiles d'arme à feu nous entourèrent. Mes réflexes m'intimèrent la fuite. Je décampai vers le coeur de la jungle. Frank s'élança à ma suite, plaçant par la même occasion son arme en bandoulière, derrière son dos. Lara se mit à courir derrière elle, insérant sa machette dans sa ceinture. Elle rattrapa tant bien que mal Franchesca, qui faisait des enjambées beaucoup plus grandes qu'elle, et lui agrippa le bras. Les deux femmes stoppèrent et s'observèrent mutuellement.

- Nous sommes avec vous, murmura Lara, le souffle court. Mais à une seule condition.
- Laquelle? souris Frank, mâchant sa gomme.
- Que nous revenions sauver Alejandro tous ensemble...
- C'est comme si c'était fait, chérie.

Ce fut à Franchesca d'agripper solidement le bras de Lara afin de l'obliger à la suivre. Elles décampèrent sur le champ, me rattrapant à chaque pas. Elles arrivèrent bientôt à mon niveau.

Retrouver la jungle et ses embûches me parut pratiquement plaisant. Nous courûmes entre les arbres, nos visages égratignés constamment par les feuilles dentelées des végétaux environnants. Dans l'obligation de sauter par dessus des racines, des troncs, des lianes ou des bosquets, nous nous empêtrâmes fréquemment les pieds, manquant de chuter. Nous traversâmes un marécage, chassant moustiques et bestioles à coup de poing ou de balles. Notre fuite me semblait normale, dorénavant. L'univers qui nous entourait, hostile et très peu accueillant, me semblait à présent commun. Mon séjour prolongé au Brésil venait argumenter en faveur de la terrible forêt amazonienne.

Près de deux kilomètres plus loin (ou trois... ou quatre... allez savoir, je n'avais pas de compteur), à bout de souffle, épuisés et chancelants, nous nous effondrâmes les uns à côté des autres. Dans le vacarme de la jungle éveillée, nous observâmes en silence les arbres qui nous surplombaient. Je soupirai, m'essuyant le front du revers de la manche.

- Qu'allons-nous faire, maintenant? hasardai-je.
- On va... se pencher sur ton cas, mon chaton, marmonna Franchesca en se redressant.

Je fronçai un sourcil, ne saisissant pas son allusion. Elle fouilla dans l'une des poches de son pantalon cargo et en extirpa quelque chose que je ne fus pas en mesure d'identifier. Elle se détourna ensuite vers moi, l'air concentrée et posée, et me maintint le bras contre le sol.

Mes pupilles se dilatèrent d'effroi. Lara me sauta pratiquement dessus, plaquant une main contre ma bouche.

- Du calme, Orth... C'est important de retirer cette balle, vous le savez bien. Ne faites pas l'enfant, me souris Lara, le visage au dessus du mien. Vous comprendrez qu'on ne peut pas vous laisser hurler de douleur, bien que ça puisse vous soulager.

Je gémis légèrement alors que Frank allait chercher le projectile, sans doute coincé quelque part entre mon cubitus et mon radius. Je posai un regard peiné sur Lara. Je n'osai pas me débattre, sachant bien que je n'avais aucune chance de leur échapper, que ça me ferait plus de tort que de bien, et que, de toute manière, ça les ferait plus rigoler qu'autre chose...

Je serrai les dents, orientant mes pensées vers autre chose que la pince insérée dans mon avant-bras. Lara tourna la tête vers l'arrière, et s'adressa à Frank.

- Vous avez au moins stérilisé ce truc, j'espère?
- Non, marmonna-t-elle, concentrée. Puis, en tournant la tête vers elle : Mais ça n'a servit à rien d'autre, si ça peut vous faire plaisir. Et puis... le petit fiston de riches ici présent a sans aucun doute eu droit à tous les vaccins existants, non?

Elle me fit à nouveau un clin d'oeil avant de se... replonger dans son travail. Elle farfouilla quelques minutes, délicatement, afin de ne pas titiller trop mes nerfs. Elle se redressa finalement, dos droit, et souris fièrement. Elle se jeta ensuite contre moi, me présentant un projectile pointu couvert de sang. Lara retira sa main et observa elle aussi la trouvaille.

- Elle était bien cachée, la vilaine, rigola Frank.
- C'est une vraie fusée... pourquoi n'a-t-elle pas traversée son bras? demanda Lara, intéressée.
- Elle a buté contre l'os, sans briser quoi que ce soit. Vive le calcium.

Le coeur me levait. Les deux demoiselles discutant joyeusement autour d'une balle ensanglantée, qui elle se trouvait d'ailleurs à quelques centimètres de mon nez, me donnait de sérieuses nausées. Prenant un air décontracté, je soupirai.

- Vous savez mesdames... Je suis conscient que vous soyez bien ainsi, pratiquement étendues sur votre copain d'aventure, mais j'ai un peu besoin de respirer. Eh, ne me regardez pas ainsi... vous êtes belles, charmantes, adorables et tout... Mais, ça vous ennuierait d'oublier seulement quelques secondes que je suis votre idole et de vous décoller un peu?

Elles firent une moue synchronisée. Frank m'agrippa le col de la chemise et m'obligea à me redresser sur mon séant. Lara jeta son sac au sol, s'assit dos à moi sur mes genoux et calla solidement mon bras sous le sien. Se faisant, elle demanda à Frank de lui fournir le nécessaire afin de nettoyer ma plaie et de la refermer. Se qu'elle fit, en un temps record et sans ménagement. Un peu vexé de la brutalité médicale, je me redressai ensuite tout en essuyant rageusement mes vêtements. Les deux femmes discutaient déjà d'un plan d'attaque, de fuite ou de je ne sais quoi non loin, tout en empaquetant leurs maigres possessions.

Je me dirigeai vers elles, tête en l'air, comme à l'habitude. Néanmoins, ma balade s'acheva après trois pas. Une poigne solide m'agrippa au niveau du torse et m'entraîna vers l'arrière. Je sentis un canon froid se poser contre ma gorge, et une odeur putride s'insinuer dans mes narines. Un rire fort et complètement idiot s'éleva dans le sous-bois. Lara et Frank pivotèrent instantanément, armes levées.

Quatre mercenaires, dont leur chef, se tenaient derrière moi, visant Lara et Franchesca. D'ailleurs, Lara lança un regard assassin à Stevens, qui braquait sur elle ses deux pistolets fétiches avec un sourire en coin. C'était un cinquième mercenaire qui m'avait pris en otage.

- Heureux d'vous r'voir, marmonna Stevens à l'intention de Lara et de Frank. Deux fantômes... deux poulettes sensées être crevées à l'heure qu'il est. Et Frank plus que quiconque. Espèce de traître. 'Mériterais une mort lente et souffrante, mais puisque j'suis heureux aujourd'hui, tu devras te contenter d'une balle dans ton joli p'tit crâne. On va faire un arrangement, mes d'moiselles. J'files avec le connard ici présent, et-

La discussion allait bon train, selon moi. Tandis que leur chef poursuivait son monologue, ma foi, profondément lourd, j'entrepris de régler la situation à ma manière. Tournant légèrement la tête, je m'adressai, en chuchotant, au mercenaire qui m'empoignait solidement et qui me menaçait de son pistolet.

- Hey, bonhomme... Ta maman ne t'as jamais appris à te brosser les dents? Tu sens royalement la fosse septique... Oh! Désolé... J'oubliais que ta mère avait sûrement du t'abandonner dès ta naissance à la vue d'un enfant aussi manqué que toi... Et évidemment, personne ne veut d'un pouilleux pareil pour l'adoption. Mais ce qui est le plus désolant dans tout ça, c'est qu'en plus d'être seul au monde, tu risques fort de le rester avec cette haleine là...

Le mercenaire s'agitait déjà pas mal à la mention de sa mère... Il me fut donc aisé de le frustrer davantage. N'en pouvant plus, il me saisit par l'épaule et me retourna violemment dans le but, sans doute, de me remettre à ma place. Mais mon plan était justement calculé en fonction ça. Ne lui laissant pas le temps de relever son arme, je lui assenai un coup de coude à la mâchoire. Ses jambes le trahirent, et je l'achevai en lui balançant mon pied sous le menton. Les autres mercenaires, surpris mais absorbés par le discourt minable de leur chef, ne réagirent pas tout de suite alors que je me retournais et m'élançais dans les buissons à la suite de Lara et de Frank.

Des hurlements de rage s'en suivirent. Trois mercenaires s'élancèrent à notre poursuite. Le quatrième aida ma victime à se relever. Ils suivirent leurs compagnons immédiatement après. Nos poursuivants n'allaient pas laisser tomber si facilement. Contournant un immense arbre mort, Lara agrippa Frank par le gilet, et Frank m'agrippa par la chemise. Nous nous réfugiâmes momentanément dans le tronc creux, reprenant notre souffle. Frank, d'une voix ferme, proposa son plan.

- Séparons-nous.
- Quoi? m'écriai-je, silencieusement. C'est moi qu'ils veulent! Ils vont sans aucun doute me suivre tous les cinq et vous laisser vous échapper!
- Pas si sur... s'ils ne savent pas qui est parti où, renchérit Frank.
- Et qui plus est, murmura Lara, si vous vous faites prendre, Frank et moi pourrons venir vous libérer, vous et Alejandro.
- Tandis que si nous restons ensemble, et que nous nous faisons tous attraper, plus personne ne sera en mesure de venir à notre aide. Ça sera la fin de l'aventure.

Les deux femmes, partageant apparemment les mêmes idées, me dévisagèrent silencieusement. J'entrouvris la bouche, prêt à rouspéter encore, mais aucun son n'en sortit. Les voix de nos poursuivants se firent entendre non loin derrière. Tentant d'oublier ma peur, j'hochai positivement la tête à l'intention de mes collègues.

- Bien. On se rejoint à la rivière, sur la rive, près du radeau. Dans six heures, si vous le pouvez. Passé vingt-quatre heures, celui ou celle qui manquera à l'appel sera considéré comme mort ou capturé. Nous aviserons en conséquence. Bonne chance à tous, ajouta Frank.

À ce moment, les mercenaires passèrent devant l'entrée du tronc sans s'y arrêter. Frank observa à l'extérieur, tentant de déterminer si la voie était libre, et nous salua de la main en nous faisant un clin d'oeil. Elle s'élança dans la jungle, vers la droite. Un mercenaire fut néanmoins alerté de sa présence en voyant les buissons bouger. Sans attendre, Lara m'enlaça, me murmura à l'oreille de faire attention et sortit également. Elle disparut dans les feuillages en face. À mon tour, je sortis de la cachette. Je me mis à courir vers la gauche. J'entendis les mercenaires derrière moi. Leur chef leur ordonna de se séparer. J'en conclu donc qu'ils n'avaient pas eu le temps de déterminer lequel d'entre nous trois s'étaient enfuis dans quelle direction, et un poids colossal se retira de mes épaules. Il n'en resta pas moins que je devais fuir, au même titre de mes compagnes.

En cette fin d'après-midi, le ciel se voilait au dessus de la forêt amazonienne. Les éclairs commençaient à zébrer le ciel, et une atmosphère lourde, chargée d'humidité et de froideur, s'était déposée sous le couvert des arbres. Une brume opaque commençait à recouvrir les sous-bois. L'espace d'un instant, je me demandai si ce voile blanc, traître et protecteur à la fois, allait être bénéfique ou désavantageux à la fuite de mes collègues et à la mienne. Mes pensées furent soudainement chassées alors que je percevais, derrière moi, une respiration et des pas précipités. J'accélérai davantage ma course.

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