Chapitre 5
- Vous feriez mieux de vous occuper de votre ami, jeta
Laurent en se retournant pour se diriger vers la porte, il perd beaucoup de sang.
Lara sut qu'il avait raison. Elle maintint rapidement les mains fermes sur la
poitrine de Rob tandis que d'un regard mauvais, elle fixa Laurent s'enfuir avec
les manuscrits. Le professeur bondit sur le téléphone et composa le numéro d'une
brigade de sa ville. Il leur demanda aussi de s'assurer de la protection de sa nièce
qui demeurait dans la même ville. L'agent l'assura de ce service et mentionna
qu'il enverrait des agents immédiatement et une ambulance.
- Mon dieu, siffla Lara, je n'avais pas prévu cela. Tiens bon Rob, je suis là.
- Je suis désolé, jeta amèrement Hellington, jamais j'aurais crû ...
- Ne vous en faites pas, professeur. Ce salaud avait planifié le plan. Vous n'y
êtes pour rien.
- Ahhhhhh ! Cria Rob. Laraaaaa, j'ai mal et il s'évanouit.
- Rob. Tiens bon, dit-elle en prenant son pouls.
- Je vais chercher une compresse, proposa Hellington bien calme.
- Faites vite, professeur. Son pouls est faible.
Lara avait déposé la tête de Rob sur ses genoux et continua de maintenir fermement sa
main tachée de sang sur la poitrine de son chauffeur.
Le professeur arriva avec sa compresse et l'appuya sur le ventre de Rob.
- Tenez Lara, appuyez fortement, ça devrait contenir l'hémorragie. La blessure est
très vilaine, mais il s'en tirera. Votre ami semble bien robuste. Enfin,
j'espère.
Les ambulanciers arrivèrent rapidement et prirent le blessé en mains tandis que les
agents de police posèrent les questions de routines aux deux témoins. Lara donna le
signalement de l'homme, mais elle savait que cela fut inutile. Le professeur, pendant
ce temps, appela sa nièce. Celle-ci lui demanda la raison de la présence des policiers
chez elle.
Rob était en route vers l'hôpital, Lara et le professeur se regardèrent
longuement, ne sachant quoi dire ou faire. Quelques temps après le téléphone sonna et
le professeur prit le combiné. Il annonça à Lara que Rob se trouvait hors de danger et
que celui-ci dormait sous sédatifs. La jeune femme respira un peu mieux et aborda le
sujet pour laquelle elle était venu.
Lara sortit de sa cachette les copies et les montra au vieil homme.
- Du moins, j'ai bien fait de prendre ces copies des manuscrits. J'avais un
doute que quelque chose se tramait chez vous. Mais jamais, j'avais pensé ce drame.
Regardez-les svp. Je vais appeler Winston pour qu'il envoie mon médecin de famille
à l'hôpital pour qu'il prenne en charge le pauvre Rob.
- Oui. C'est une excellente idée. Je connais le savoir-faire du Dr. Lewis.
La jeune femme s'exécuta tandis que le professeur Hellington examina les copies.
- C'est bien de Saint Paul cette lettre, affirma-t-il à Lara lorsqu'elle
revint. La salutation effectuée au début de la lettre est bien son style. Cependant, la
lettre manque des termes, mais heureusement que ce qui nous intéresse s'y trouve.
Écoutez bien Lara.
" Moi, Paul, l'apôtre des gentils par la
grâc.............Prenez soins de cette coupe frère de
Crète..............pas la montrer aux
incroyants.................secrète jusqu'au
retour........... "
- Cela nous confirme que la coupe, ou le saint Graal, se trouve bien en Crète. Paul
n'aurait pas demandé de protéger une coupe ordinaire et sans importance réelle.
- Vous avez raison, approuva Lara. Et les autres manuscrits.
- Le deuxième. Je vais tenter de le lire pour vous. Ça semble la réponse du diakonos de
Crète. Un des chefs religieux de cet 'ecclésiaste' ou église en français.
" Auphiléa, diakonos de Crète te salue en Christ, cher frère Paul. Nous avons
reçu la coupe de notre Seigneur. Et .................La persécution nous
a fait fuir les villes et nous nous sommes réfugiés dans la région d'Ihdi Òros.
Je prie notre Seigneur de nous donner l'intelligence de survenir à nos besoins
essentiels afin de survivre dans cette région un peu aride.
Car................. "
- Ce diacre nous indique le région principale et le troisième manuscrit est
l'oeuvre d'un voyageur du onzième siècle qui a trouvé l'entrée de
la cité souterraine, du moins ce fut son intention. Je vais vous le lire.
" Mon cher frère. Comme je te l'avais mentionné dans la précédente
missive, je me suis rendu en Crète dans l'abbaye près du Mont Ida. J'ai
rejoint l'ordre et dû faire ma première semaine en silence selon les voeux
prononcés. Après ce temps, je me suis mit à interroger les frères sur la cité
souterraine d'Ihdi Oròs. À ce mot, mes frères éludèrent poliment, mais
fermement, mes questions. À force d'insister, leur politesse se transforma en une
impatience ou à la fuite de ma simple vue. J'eus donc décidé de cesser cette
investigation. Pendant deux semaines, suivant ma dernière interrogation, les frères ne
me fuyaient plus.
Je commença à désespérer lorsque pour ma chance, plusieurs moines de l'abbaye
partirent pour un pèlerinage à Rome. Le premier jour après leur départ, un vieux moine
est venu me voir. Celui-ci, âgé de 115 ans, me donna rendez-vous dans la bibliothèque
de l'abbaye. Je me rendit au lieu nommé. Le vieux frère m'attendait. Il me
mena dans une alcôve secrète remplie de livres et de manuscrits anciens. Il en choisit
un et me l'offrit. Ce livre portait ce titre " Agappolo ". Le
vieux moine précisa qu'Agappolo était le nom de la cité souterraine.
J'acquiesça et j'ouvris le livre. La première page du livre montrait une carte
de l'île. Je put y remarquer un cercle entourant une région, juste au pied du mont
Ida. Le vieux moine partit et promit de revenir plus tard en mentionnant qu'il me
laissait seul pour prendre une décision sur laquelle on ne pouvait examiner une deuxième
fois. Je trouvai cela étrange et quelque peu inquiétant mais empressé de continuer ma
lecture. Quand le moine revint, j'avais prise ma décision. Il me mena alors à une
autre alcôve, judicieusement cachée. Voilà, mon frère bien-aimé, je suis devant une
entrée qui me mènera directement vers la région d'Ihdi Òros. J'ai écris
cette lettre avant de franchir ce seuil incertain et l'ai remis au moine qui me
promit de la faire suivre. Ah ! il m'a dit ce conseil : " Écoute
bien les arbres avec tes yeux ".
Adieu, mon cher frère. Ma vraie quête est commencée. "
- Hum ! fit Lara. Il me faut trouver ce monastère ainsi que c'est deux
alcôves. La deuxième alcôve devrait se trouver dans cette même pièce.
Pourquoi, cette petite assurance Lara, demanda le vieux professeur.
- Eh Bien ! En ne mentionnant pas de déplacement vers d'autres lieux de
l'abbaye et le fait qu'il dut prendre sa décision dans cette alcôve.
- Effectivement, opina Hellington, votre argument se tient parfaitement.
Je retourne demain sur l'île de Crète. Mais avant je doit me préparer car je suis
sûr de rencontrer de drôles de moines dans ce monastère. Mentionna la jeune femme.
- Que Dieu vous garde, miss. Et je prendrais des nouvelles de votre ami régulièrement,
proposa Hellington.
- Merci, professeur. Mon père eut raison de vous avoir comme ami.
- C'était un homme exceptionnel votre père Lara. Il me fut difficile de refuser une
telle amitié avec lui, bien que vous n'avions été rivaux un certain temps.
Répondit le vieil homme en prenant la main de Lara pour la tapoter affectueusement.
Lara sourit au vieil homme et remisa les manuscrits dans son sac à dos. Elle salua le
vieil homme d'un baiser sur les joues et se dirigea vers la porte. Avant
qu'elle n'eut touchée la poignée, Hellington lui rappela le conseil :
" Écoute bien les arbres avec tes yeux ". Lara reconnut avec lui que
cette indication doit être une clé importante à l'énigme d'Ihdi Òros.
***
Lara remercia la vieille femme par une somme
d'argent assez rondelette et alla chercher sa moto dans la remise où elle
l'avait garé. La crétoise regardait Lara repartir en lui envoyant de vigoureux
salut qui démontrèrent bien toute son appréciation pour ce petit boni qu'elle
n'avait nullement espéré recevoir.
Lara stoppa son engin sur le côté de la route principale et examina sa carte pour
retracer l'endroit où se trouvait une vieille abbaye près du mont Ida. Elle
entreposa la carte dans son sac et repartit sur sa moto vers la première route qui la
mènerait en direction du sud-est.
Elle mit une bonne heure pour atteindre la région où était sise l'abbaye en
question. Encore une quinzaine de minutes et elle vit l'édifice séculaire se
dresser devant elle comme un mirage dans la réalité du temps. Fièrement élancée vers
le ciel, elle semblait méditer silencieusement comme si elle aurait pris la relève des
moines qui l'avait désertés, voilà déjà près d'un siècle. L'abbaye
avait bien traversé les époques, bien qu'elle fut légèrement éméchée par
l'érosion du vent. Lara contempla celle-ci avec un grand respect, attitude
qu'elle avait apprise de son paternel. Elle se souvint des paroles de son père à ce
moment : " si tu entres respectueusement en contact avec la structure
ancienne que tu désires fouiller, elle te livrera alors tous ses secrets ".
Elle cacha sa moto et se rendit vers la grille de l'abbaye. Rendue sur le seuil, elle
s'arrêta quelques instant pour se recueillir afin de bien disposer de sa
concentration, grâce à laquelle elle demeurerait vigilante et l'oeil exercé à
découvrir les moindres aspérités révélatrices. Ensuite, elle respira un bon coup et
avança, ses sens en alerte.
***
- Il me faut le meilleur archéologue et celui-ci me
demande 25,000 dollars. De plus, il me faudra une équipe compétente pour effectuer les
fouilles nécessaires. Cette équipe me coûtera elle aussi pas de moins de 25,000
dollars. Et c'est sans compter mon équipe personnelle et tout instrument efficace et
véhicule utilitaire. Voilà les raisons de votre investissement Debbie.
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