Chapitre 9
Ils étaient arrivés devant le temple, après avoir
passé près de deux heures dans la forêt. Le soleil se couchait.
-On entre ? demanda Salim.
-Oui, fit Lara, sauf si tu veux passer la nuit dehors.
Le jeune garçon s'enfonça dans le temple, suivi de Lara.
-Attends, ordonna Lara.
Elle dégaina ses pistolets.
-On n'est jamais trop prudents.
Ils avancèrent et arrivèrent dans une grande pièce. Au fond se trouvait une statue
représentant le dieu grec Hypnos, le dieu de sommeil. Lara s'approcha de la statue
et regarda s'il n'y avait pas un indice quelconque.
Elle ressentit soudain une violente douleur au bras droit. Une blessure apparut sur sa
peau, comme si elle s'était brûlée. Elle heurta malencontreusement la
statue...et sentit une lourde somnolence peser sur ses paupières.
Elle tomba sur le sol, endormie.
-Lara ! Réveillez-vous !
La jeune femme ouvrit les yeux, pour les refermer aussitôt. Sa tête était lourde comme
du plomb.
-Salim ? demanda-t-elle. C'est toi ?
-Bien sûr ! s'écria le jeune garçon. Qui ça pourrait être d'autre ? Debout,
vous avez dormi pendant des heures...
Lara se redressa brusquement et ouvrit enfin les yeux.
-Des heures ? Impossible !
Elle regarda sa montre. Il était un peu près neuf heures quand ils étaient entrés dans
le temple. Maintenant, il était six heures du matin. Lara se souvint de sa blessure. Elle
observa son bras.
Sa blessure n'avait pas commencé à cicatriser, alors que d'habitude, elle
récupérait très vite. Elle ne voyait pas en quoi cela constituait un danger, mais il
devait y avoir une raison.
Elle se leva et regarda la pièce. Au début pas de porte. Mais là, il y en avait une.
Peut-être qu'elle devait se blesser ou toucher la statue d'Hypnos pour
qu'elle apparaisse.
Lara franchit la porte, suivie de Salim.
Dans sa vision du miroir, elle avait vue trois femmes, figées. Là, il n'y en avait
qu'une. Vêtue d'une toge grise, debout, elle était là, immobile et
silencieuse. La lumière de l'aurore passait dans la pièce par une fenêtre.
La femme la regardait d'un air penseur, comme si elle cherchait à déchiffrer ses
souvenirs. Les pensées de Lara s'embrouillaient, se mélangeaient les unes aux
autres. Et elle pensa à une chose qu'elle avait ignorée jusqu'à lors : ses
victimes, qu'elle avait tuées au cours de ses nombreuses aventures.
Lara tomba à genoux.
« Ne faites pas ça, je vous en prie ... Non ! Laissez-moi vivre ! ... Pourquoi
faites-vous cela ? ... Vous n'éprouverez donc aucun remords ? ...Aucune
culpabilité... Non !... »
-NON !
C'était Lara qui avait crié.
Des pleurs, des gémissements, des cris, des plaintes et des hurlements résonnaient dans
sa tête.
« Une Furie, pensa-t-elle, qui lui faisaient entendre les cris de ceux qu'elle avait
tués... »
Tout était si confus, si embrouillé...Cela lui faisait tellement mal...Ce
n'était pas une torture, c'était bien plus...
Je vous en prie, laissez-moi...je vous demande pardon...
« Agenouille-toi devant ton dieu, misérable.... »
Seth...
Lara n'arrivait plus à penser...elle voulait seulement que cela
s'arrête...c'était elle qui avait déchiré toutes ces vies...elle qui
avait détruit tous ces gens...
Soudain, elle entendit un autre cri, bien plus fort que celui qu'elle avait hurlé
auparavant...
Salim...
Son don d'empathe l'avait rendu fou de douleur. Les émotions que ressentait
Lara, il les sentait en bien plus fort. Lui aussi, la Furie lui avait donné accès à une
partie de lui qu'il ignorait. Avant le Temple, lorsque ses parents vivaient.
L'empathie lui avait fait perdre le contrôle de lui-même...et il pouvait voir
son acte, qui avait fait de lui un assassin...
Lara se réveilla bien plus tard. Etendue sur le sol,
elle leva la tête de quelques centimètres. La Furie était partie, de Salim il ne
restait aucune trace.
Elle se releva péniblement.
Une porte était apparue, à droite. Lara ramassa ses pistolets qu'elle avait laissé
tomber sur le sol, et vérifia qu'elle était d'aplomb pour la dernière
épreuve, la plus terrible de toutes.
La jeune femme franchit la porte.
La salle où elle se trouvait était d'un bleu froid. Elle s'avança et entendit
une voix résonner dans la salle.
-Avez-vous la deuxième clef ?
Un homme apparut au fond. Il avait les cheveux gris et des yeux marrons. Son aspect était
imposant, mais Lara ne se laissa pas impressionner.
-Qui êtes-vous ? lança-t-elle.
-Votre adversaire pour cette course au caducée. C'est moi qui a envoyé deux hommes
chez votre ami. J'ai d'ailleurs dû les pétrifier.
Lara ne savait que penser. Cet homme ne lui faisait ni chaud, ni froid.
-Je crois que vous n'avez pas la deuxième clef.
-Ah oui ? Comment le voyez-vous ?
-Je n'ai pas affronté de démon pour venir ici. Et la glace ou la flamme te sera
confronté selon ta nature. C'est ce que disait l'inscription, n'est
ce pas ? Moi, je ne suis ni flamme, ni glace.
Il sourit.
-Vous par contre, vous devez être de glace. Voici Fenrir, le loup nordique.
Lara se retourna.
Un grand loup, avec des yeux de braise, la fixait.
L'homme rit, d'un rire sinistre, puis partit.
Lara et Fenrir étaient seuls. Lara leva ses armes et se prépara à tirer.
Le loup lui sauta dessus. Elle lâcha ses armes et essaya de se débattre. L'animal
la plaquait au sol, son poids l'empêchant de bouger. Il lui souffla au visage.
Lara eut une pensée absurde : les vents glacials de la mythologie grecque...
La jeune femme ne bougea plus. Le loup était parti, mais il lui manquait quelque chose.
La chaleur.
Voilà ce qui manquait.
Elle ne vit pas la personne qui se précipitait vers elle, pas plus qu'elle ne sentit
les mains de cette personne essayer de la réchauffer.
La chaleur.
Elle s'aperçut seulement à cet instant du changement de température.
Il faisait froid.
Vraiment trop froid.
Lara laissa échapper un dernier soupir.
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