Chapitre 4
Lara retourna à la maison de Kurtis. Bien qu'il
n'en restait plus que des cendres, elle espérait y trouver quelque chose qui puisse
l'aider à comprendre ce qu'il s'était passé.
La jeune femme fouilla longtemps les ruines de la demeure. Deux fois, elle dut aller se
cacher pour échapper à la vue de deux corbeaux. Heureusement pour elle, aucun habitant
de la ville ne parcourut la rue dans laquelle elle se trouvait. Une demi-heure plus tard,
Lara abandonna les fouilles. Elle n'avait rien trouvé. Et elle ne voyait toujours
pas ce qu'elle devait faire. Epuisée, elle revint dans l'immeuble où elle
avait passé la nuit. Sans se douter une seconde que l'homme que personne ne pouvait
voir la suivait silencieusement. L'homme, après s'être assuré qu'elle
restait dans le bâtiment (nombre de rues avaient été ainsi abandonnées sur
l'ordre de la reine), partit le plus vite possible prévenir l'un de ses amis.
Lara avait commencé à explorer le bâtiment ; elle cherchait là aussi un indice -
et également de quoi manger. Après une longue heure et n'ayant trouvé ni l'un
ni l'autre, la jeune femme revint sur son lit.
Elle n'avait pas entendu un intrus entrer dans l'immeuble.
Lara se leva. Elle sortit de l'immeuble. La jeune femme regarda les immeubles
dévastés, et elle haït la femme qui gouvernait l'Angleterre. Elle se haïssait
elle-même, mais peu lui importait. A moins d'un miracle, elle resterait coincée
dans ce monde et ne reverrait jamais le sien. Elle imagina son univers. Dans sa demeure
- sa vraie demeure - Winston devait s'affoler et se demander où
elle était passée. Peut-être même qu'il avait alerté les autorités. Elle lui
laissait toujours un mot, indiquant où elle allait et pourquoi.
La jeune femme eut un sourire amer. Cette fois, elle n'aurait sans doute plus jamais
l'occasion de le revoir. Soudain, elle sentit un contact froid à l'arrière de
sa tête, suivit d'un déclic caractéristique des armes à feu. Lara se retourna et
son agresseur la laissa faire, en gardant son Desert Eagle contre son front.
La jeune femme regarda son agresseur...et elle eut l'impression de revivre une
deuxième fois la même scène. Sauf qu'ils n'étaient pas dans le même décor.
Son assaillant lui sourit...et l'assomma d'un coup de son arme. Lara se
sentit alors dériver, dériver, dans les ténèbres les plus profondes.
Lorsqu'elle se réveilla, elle n'était plus
devant l'immeuble. Elle se redressa de quelques centimètres. Son assaillant la
regardait, et il souriait d'un sourire ironique. La jeune femme se leva et lui fit
face.
-Pourquoi tu m'as assom... commença Lara.
-A votre avis ? lui répondit l'homme.
La jeune femme pensa qu'il ne tournait pas rond. A moins qu'il ne la prenne pour
la reine ? Impossible.
-On dit que c'est dans l'arène que le gladiateur prend sa décision, dit
l'homme. J'ai pris ma décision. Et nous sommes dans l'arène que vous
avez fait construire, pour une raison inconnue. L'ironie du sort, ce que vous allez
mourir dans votre propre arène.
-Allons, arrête de dire des bêtises, fit Lara en souriant. Tu ne peux pas savoir à quel
point je suis soulagée de te voir.
Mais elle commençait à avoir peur. Mais que s'était-il passé ? Pourquoi
avait-il une attitude aussi froide ?
Il était vêtu d'un pantalon et d'un T-Shirt noir. L'homme regarda Lara.
Ses yeux semblèrent soudain tristes.
-Je vous assure que je n'aime pas l'idée de vous tuer, déclara-t-il. Mais il
n'y a plus rien de bon en vous. Adieu, donc.
Il leva son Desert Eagle et appuya sur la détente. Au même instant, Lara se jeta sur le
côté. La balle lui effleura l'épaule et elle sentit une légère douleur. Elle
s'approcha rapidement de lui et lui enleva son arme.
-Tu es fou, Kurtis, s'écria Lara. C'est moi ! Tu ne me reconnais pas ? On
s'est rencontrés au Louvre, on a détruit le Monstrum...
Kurtis la repoussa.
-Les seules choses bizarres, ce que vous n'êtes pas habillée comme d'habitude,
que vous avez coloré vos cheveux en châtain foncé. Et on ne s'est jamais
rencontrés au Louvre. Le Monstrum est toujours en vie.
Lara laissa échapper un soupir. Tant de choses étaient donc différentes ?
-Kurtis, demanda-t-elle d'une voix ferme. Que s'est-il passé ? Pourquoi je
gouverne l'Angleterre ? Pourquoi ? Je t'en prie, je ne suis pas la reine. Je
suis Lara Croft, je suis venue ici par accident, je viens d'un autre monde...
Sa voix se brisa.
La lumière du crépuscule commença à apparaître. Kurtis la regarda dans les yeux. Et
il vit qu'elle ne mentait pas. Elle était seule, effrayée par un univers dont elle
n'avait aucune connaissance, et ce moment, où il la vit, lui rappela quelque chose.
Un souvenir qu'il n'avait jamais vécu, qu'un autre Kurtis avait vécu. Le
Louvre...les battements de leur deux coeurs. Ses yeux qui lui jetaient un regard
que Lara n'avait jamais offert à quelqu'un d'autre.
Kurtis se souvint. Mais on ne peut pas être et avoir été. La jeune femme avait la tête
baissée. Il prit son menton et releva doucement son visage.
-Je te crois, murmura-t-il dans un souffle.
L'amour est la chose la plus douce et la plus amère. Son univers à lui avait été
limité par une Lara meurtrière et terrifiante. Mais en cet instant, l'amour
qu'il porta à la Lara d'un autre monde, était infini.
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