Chapitre 17
Lara ne put sentir à son réveil, qu'une
terrible migraine, elle sentait les battements de son cœur dans chaque
hémisphère de son cerveau. Se levant, en gémissant, la totalité de son corps
hurlait de courbatures et ses yeux durent prendre quelques secondes afin de
s'habituer au manque de lumière. Enfermée dans une petite cellule de métal,
elle réussit à distinguer un matelas miteux sur lequel elle avait été
déposée dans une bien inconfortable position, des toilettes et un lavabo
dans un coin non dissimulé. De forme carrée, la pièce devait faire, environ,
6-7m², il n'y avait pas beaucoup de place, mais assez haute de plafond, Lara
dut faire la conclusion hâtive qu'elle était emprisonnée.
Au dessus de la porte, une lumière rouge illuminait un peu la salle,
indiquant que la porte était certainement verrouillée, il s'agissait d'une
porte à l'ouverture automatique. La jeune femme s'approcha de la porte,
tentant avec toute sa force de la pousser, de la détruire, mais le métal ne
bougeait pas d'un pouce et son cri dut au choc résonnait dans toute la
petite pièce. Une colère indicible s'empara du visage de l'aventurière, elle
serra les poings ne supportant pas d'être contrainte et enfermée de la
sorte, et surtout le simple fait, de penser, qu'elle avait pu être frappée
par derrière, la dégoûtait. Elle cogna le métal de toutes ses forces et
hurlait son désir de libération, offrant un bruit insupportable, mêlant le
fracas du métal à sa voix haineuse.
« Pourrait-on dormir tranquillement ici ?!!! »
L'aventurière reconnut de suite la voix ironique de John au travers du mur,
il devait très certainement être enfermé dans une pièce semblable juste à
côté de la sienne. La jeune femme s'appuya contre la paroi glaciale et se
laissa glisser afin de s'asseoir en soupirant de colère. Entourant ses
jambes de ses bras, ses mèches de cheveux lui tombèrent dans les yeux.
« On est enfermé pour de bon. » Grogna-t-elle
« Oui, j'avais remarqué. » Continua le jeune homme également appuyé contre
le mur dans une position semblable
L'aventurière tenta de se remémorer ses souvenirs dans le temple. Ils y
avaient remarqué d'autres chercheurs, dont deux sur les quatre ayant pénétré
dans le temple s'étaient faits tuer sauvagement. Elle et John avaient
récupéré deux des fragments nécessaires à la reconstitution de la bague
renfermant le pouvoir de la création animale. Lara passa ses mains sur ses
épaules, elle bondit alors de fureur.
« Mon sac à dos !!!! Ils m'ont enlevé mon sac ! La bague, le journal, je
vais les tuer !! »
« Franchement quel manque de tact, ils auraient pu au moins te laisser tes
9mm ! »
« Ce n'est pas franchement le moment de faire de l'humour. »
« Et quel journal ? »
Mince, il ne fallait pas oublier que John n'était pas au courant du journal
de bord que Lara avait découvert dans le labo, enfin, à la base il n'était
pas au courant de grand chose.
« Mon journal intime, en plus je suis sûre qu'ils vont le lire. »
« Toi tu tiens un journal intime ?! Tu es encore en train de profiter de la
couleur de mes cheveux ?! »
« Mais non, mais non. »
Des claquements de talons résonnèrent non
loin, les pas semblaient sereins, exposant une marche calme et uniforme dans
ses pas. Un sifflement résonnait, le refrain d'une chanson anodine, se
répétant lentement dans le couloir.
« Hé ça va la dedans ?! »
La voix s'esclaffa alors à pleins poumons, il s'agissait d'un homme
profitant bien de la position d'infériorité des deux aventuriers. John
sentit alors une vague de colère surmonter son calme, il serra les poings et
fut alors prit d'un sommet de mauvaise humeur exemplaire.
« Ta gueule !!! » Hurla-t-il en appuyant bien sur le juron
Lara ouvrit de grands yeux à ce qu'elle venait d'entendre, mais fut
également prise d'une grande envie de rire.
« Voyons John, nous ferais-tu une crise d'instabilité ?!»
« On me respecte moi, attendez je vais vous apprendre... » Grogna le garde
mécontent
Soudain la voix se tut sans finir sa
phrase, et il y eu silence, durant quelques instants.
« Mais...tu es ?! »
De la quiétude étouffait l'homme et soudain un bruit immense vint résonner
dans tous les environs, celui de tirs répétés avec une arme automatique
comme une mitraillette. Les deux amis se levèrent instantanément, le garde
ne cessait de hurler, ses cris étant à peine perceptibles avec le fracas de
l'arme continuant de décharger ses rafales de balles. L'écho du métal
offrait une tonalité insupportable, puis ce fut à nouveau le silence, un
silence de mort, plus un son n'arrivait aux oreilles des deux amis restant
immobiles dans leur salle, hypnotisés par le fait de ne rien voir.
« Euh...vous allez bien ? » Demanda John d'un ton hésitant
Mais il n'y eu aucune réponse, toujours aucun bruit ne se faisait à
l'extérieur. Perplexes, les deux amis affichèrent des regards déconcertés.
« Je crois qu'il est mort. » Répliqua Lara avec son optimiste légendaire
Une course de pas résonna timidement dans le couloir, étouffée par des
splaches non communs, comme si l'individu courait dans du liquide.
Néanmoins, personne ne répondit, et le silence revint étouffer la scène.
« Y a-t-il quelqu'un dehors ? » Continua John en insistant
Mais toujours pas de réponse, la jeune femme se rassit sur le matelas, le
sentant s'aplatir moelleusement sous son poids.
« On a plus qu'à attendre... »
Environ une demi-heure plus tard une petite
sonnerie retentit, comme un bip rapide. Lara leva les yeux, la lueur rouge
passa au vert, et la porte s'ouvrit automatiquement sans que personne ne
pénètre dans la cellule. La jeune femme avança prudemment et passa la tête à
l'extérieur, John sortit également de sa cellule, elle aussi ouverte.
« Que s'est-il passé ? » Demanda le jeune homme perplexe
Il y avait huit pièces disposées le long d'un couloir, quatre face à face.
Toutes les portes étaient déverrouillées, mais il ne semblait pas y avoir
d'autres prisonniers. Peu de lumière éclairait le couloir, juste deux néons
offraient une lueur grise au plafond, il semblait y avoir un problème de
courant, car la lumière vacillait. Chaque porte était munie d'un système de
sécurité perfectionné, avec des claviers à code et à carte dont il fallait
très certainement se servir pour ouvrit les cellules.
Lara se dirigea vers le coin du couloir, elle stoppa en dévisageant le
cadavre d'un garde, sauvagement assassiné, couché au sol dans une traînée de
sang. Le pauvre homme semblait s'être fait égorger, en fait une main entière
avait dû transpercer sa gorge, il était presque décapité.
« Encore une maison de fous ? » John continua d'un air lassé « J'en ai assez
de tout ça, et de ces cadavres monstrueux ! je ne suis qu'un simple figurant
dans cette histoire. »
La jeune femme se baissa près du corps, un M16 baignait dans le sang, au
côté de nombreuses cartouches vides.
« Mais non tu es le personnage secondaire. »
« Je lègue ce rôle à qui le désire, je veux devenir un simple figurant !!! »
Les murs étaient maintenant déformés par le choc des nombreuses balles
tapissant le sol un peu partout. Visiblement la chose qui avait tué cet
homme devait encore dépasser l'entendement. En effet, le garde avait vidé
son chargeur durant bien cinq secondes, et il s'était quand même fait
attaquer et tuer de manière bien barbare. La jeune femme récupéra le M16
ainsi que les autres chargeurs que le garde avait sur lui et s'en arma.
John observa la traînée de sang, s'enfonçant jusqu'au bout du couloir d'un
air anxieux et quelque peu dégoûté.
« C'est bien glauque. »
« Il faut récupérer la bague et mon sac, ensuite on s'en va. »
« Pas de problème, cet endroit ne m'inspire que très moyennement. »
Ils suivirent le couloir, le sang se
dissipa dans les traces de pas, mais les pieds étaient nus et fins, comme
ceux d'un adolescent, la jeune femme fronça les sourcils fortement.
« Il faut extrêmement se méfier, je ne sais pas qui a tué ce garde, mais il
doit être doué d'une force surhumaine, méfie-toi. »
Ils débouchèrent dans un grand hall de transition, se trouvant visiblement
au centre de l'immeuble. Les teintes vaguaient entre le bleu pâle des murs
tranchés d'une bande jaune flashante. Le silence rendait l'atmosphère
angoissante et pesante comme à un enterrement, le bâtiment était immense,
mais il n'y avait personne dans le hall. Observant, stupéfaits, la
gigantesque pièce, le jeune homme porta son attention sur un panneau
d'indication accroché sur les murs, juste à sa gauche.
La Rahinc vous promet un avenir meilleur. Optez pour l'O-EN, l'énergie
naturelle !
Lara croisa les bras, et se rapprocha du panneau en question.
« J'ai déjà entendu parler de cette entreprise. Il paraît qu'ils auraient
réussi à utiliser l'eau dans des machines comme source d'énergie. Ce serait
très économique et réduirait la pollution, mais la quantité exécrable d'eau
demandée, réduirait vite fait la planète à sec. »
John se gratta la tête, les autres panneaux n'avaient pas d'intérêt.
« Je ne vois toujours pas le rapport avec la création animale. »
« Moi non plus, je me demande où sont passés tous les gardes ?! De plus,
personne n'est accouru malgré le fracas de tout à l'heure. »
Le nombre 20 transperçait un mur au-dessus d'une porte non loin, John se
tourna vers Lara.
« On doit être au 20e étage. »
Les grandes fenêtres exposaient un triste spectacle nocturne, dehors la nuit
avait tout dévoré, il devait se faire tard.
« Bon, écoute, mieux vaut que l'on se sépare. Tu vas descendre et moi je
vais monter, on récupère mon sac à dos, la bague, et on dégage. »
« D'accord. »
« Mais si tu as l'audace de lire mon journal, je te brise le fémur, le tibia
et le péroné. »
« Charmante, l'idée ne m'avait même pas effleuré... »
Lara était confiante, même si John tombait sur le journal la couverture ne
mentionnait pas le nom de Braik ou autre, donc il y avait peu de risque
qu'il se rende compte de la supercherie. La cage d'escalier se trouvait au
bout du hall sur la gauche, il y faisait relativement clair à l'intérieur,
car les murs peints d'un blanc ivoire renvoyaient l'éclairage. Le couple se
sépara à ce moment-là, Lara monta doucement les marches le M16 en avant.
Elle gravit rapidement, mais discrètement
l'étage, toutes les portes étaient automatiques, et celle du 21e s'ouvrit
dès que Lara s'en approcha suffisamment. Plusieurs salles étaient
disponibles, l'aventurière rentra dans la première qui se présenta à elle.
Un homme inerte reposait au sol devant plusieurs écrans de surveillance. Cet
étage était donc consacré à la surveillance de l'immeuble, et chaque étage
était muni de caméras reliées à cette salle. Lara fouilla toutes les salles,
mais tous les gardes trempaient dans leur sang ne montrant plus le moindre
signe de vie. Visiblement l'immeuble possédait 42 étages, mais il n'y avait
pas d'écran de surveillance relié aux étages 40, 41 et 42 ce qui aiguisa la
curiosité de Lara, car les étages d'avant ne semblaient pas avoir un
quelconque intérêt. Après avoir un peu inspecté les cadavres, la jeune femme
se rendit compte qu'aucun n'avait été tué par balle, on voyait plutôt les
stigmates, d'un combat à main nue.
« J'ai un très mauvais pressentiment. »
La jeune femme ne s'attarda pas plus, et décida de monter directement
jusqu'au 40e étage. L'ascenseur extérieur muni de grandes vitres permettait
d'admirer le paysage. L'immeuble était perdu au milieu d'une grande
autoroute encore en travaux. La hauteur démesurée de la bâtisse donnait
froid dans le dos.
Arrivé à la porte automatique, elle se retrouva nez à nez avec un clavier,
visiblement, pénétrer cet étage, ne devait pas être si simple, pourtant la
lumière qui éclairait le dessus de la porte était verte, et celle-ci
s'ouvrit automatiquement. Il devait y avoir un problème de fonds dans
l'immeuble, la plupart du personnel avait été exterminé et tout était
déverrouillé.
Des bassins d'eau, partout l'entouraient,
des cubes de liquide connectés entre eux par d'énormes tuyaux, eux-mêmes
reliés à des machines bien étranges. Rien ne semblait en fonction, et la
pièce semblait vide de vie. Il s'agissait très certainement d'une salle
d'expérimentation pour tester les machines en utilisant l'eau comme source
d'énergie. Vigilante à l'extrême, Lara se déplaçait avec la discrétion d'un
félin.
Contournant un cube d'eau, elle stoppa en remarquant le liquide, entourer
ses chaussures. Les parois avaient éclaté dans un feu d'artifice d'éclats de
verre, et la moitié de la salle en était maintenant inondée. Un petit voile
de sang se mêlait à l'eau transparente, la faisant timidement rougir. Un
garde trempait inerte dans le liquide, son visage déformé par la violence du
coup qu'il avait reçu. Son nez broyé s'enfonçait dans son crâne, et sa
bouche déformée exposait une grimace sordide. Vu la position inversée de sa
tête, il devait certainement avoir reçu un coup important avant que l'on ne
lui brise la nuque en la tournant brutalement.
Lara sursauta, une sirène d'alarme creva
ses tympans sans prévenir, le hurlement résonnait dans tout le bâtiment.
Pivotant sur elle-même la jeune femme était pourtant persuadée de n'avoir
rien touché, et s'en suivit une course rapide de plusieurs personnes
arrivant jusqu'à elle. Lara jeune femme se dissimula à grands pas derrière
une machine, juste à temps avant que la porte de s'ouvre. Au moins une
dizaine de gardes armés déboucha dans la salle, leur regard paniqué
affichait leur manque de contrôle face à la situation.
« Bon sang ici aussi ! » L'homme hurla dans son micro « Troisième groupe
arrivé au 40e étage, pas de survivant, je répète pas de survivant jusqu'au
40e étage, terminé ! »
Lara ne bougeait pas de sa cachette, mais avait les oreilles bien attentives
à chaque information susceptibles de la faire avancer. Le groupe de
mercenaires ne semblait pas se déplacer, heureusement car sinon il
découvrait la jeune femme qui serait obligée de vider ses chargeurs.
« Pas de trace de l'intrus, on continue de monter ?! »
« Non ! On redescend aux étages inférieurs, le professeur nous aurait
avertis s'il avait vu quelque chose. »
« Que faisons-nous pour les prisonniers évadés ? »
« Pas le temps, si vous les voyez, descendez-les ! »
Le groupe quitta la pièce et la porte se referma derrière eux. Une fois que
les résonances des pas ne se faisaient plus percevoir aux oreilles de Lara,
celle-ci sortit de sa cachette un certain stress au ventre. John n'était pas
armé, et s'il tombait sur ces gus il risquait de...
« Inutile de s'inquiéter » Lara inspira une grosse bouffée d'air « John est
un professionnel, il saura largement se débrouiller. »
Attendant quelques secondes avant de se rapprocher de la porte, la jeune
femme ne put que lâcher un grognement en se rendant compte que celle-ci
était verrouillée. La lumière était maintenant rouge, et le clavier
clignotait, visiblement tout venait d'être remis en fonction et la sécurité
du bâtiment fonctionnait normalement. La jeune femme fit volte-face,
rangeant le M16 dans son dos à l'aide de sa lanière de cuir. Un bruit de
grésillement arriva jusqu'à ses oreilles, un son qu'elle avait déjà entendu,
celui d'un courant électrique vaguant dans l'air. Les moteurs des machines
tournaient également dans un ronronnement effréné et nerveux, mais l'eau se
répandait de plus en plus, le contact du liquide avec les machines
entraînait un dysfonctionnement, et le courant se répandait maintenant dans
l'eau formant un tapis électrique mortel.
Collé, et recroquevillé derrière un énorme
pot de fleurs contenant des plantes tropicales, John attendait que les
gardes quittent le hall du 10e étage. L'alarme maintenant déclenchée les
avait fait accourir en quelques secondes, et la situation se corsait
dangereusement. Le jeune homme n'avait rien trouvé, qui soit digne d'intérêt
dans les étages qu'il venait de visiter, ni la bague, les armes ou le
journal de Lara, ni un quelconque indice qui aurait permis de connaître leur
position dans le bâtiment. Tous les gardes de l'immeuble étaient décédés, et
la sécurité de l'immeuble en non fonction lui avait permis de circuler
librement.
« Bien, vous trois restez ici, et tirez sur tout ce qui bouge ! »
Le groupe se sépara, et comme prévu, trois gardes patrouillèrent dans le
grand hall, laissant à John peu de chance de pouvoir bouger de sa cachette.
Tapis comme un fauve dans les plantes, il observait attentivement les pas
des gardes, qui les armes en main videraient leur chargeur au moindre
décollage de mouche. John avala discrètement sa salive, il se sentait piégé,
et surtout une vague de quiétude engourdissait ses jambes.
« J'espère que Lara va bien ! » Pensa-t-il en passant une main sur son front
Heureusement, la patrouille ne semblait pas venir dans sa direction, le
jeune homme lâcha, un soupir de soulagement, mais toute tentative d'aller
dans le hall était suicidaire, il serait immédiatement à découvert. Il
pivota doucement sur ses pieds, prenant soin à ce que les semelles de ses
chaussures ne grincent pas au le contact du sol. Maintenant face à la
fenêtre, sortir par l'extérieur était sa seule solution, à moins d'affronter
à main nue les trois gardes armés de M16, ce qui n'était pas une brillante
idée.
Une porte s'ouvrit automatiquement au bout du hall, et les trois mercenaires
s'enfoncèrent à la rencontre de leur chef pour engager une quelconque
discussion sur la situation.
« Nous venons du 40e, toujours pas de trace de l'enfant, ni des prisonniers.
»
Un enfant ? C'était un enfant qui serait la cause de ce carnage ? Au moins,
il semblait que Lara n'avait pas été découverte, ce qui rassura le jeune
homme sur ce point.
Les mercenaires continuaient de discuter en lui tournant le dos, John saisit
alors sa chance et rampa jusqu'à la grande fenêtre sans faire attention à la
suite de la conversation. Il réussit à l'ouvrir discrètement, un courant
d'air glacial lui fouetta aussitôt le visage, le forçant à fermer les yeux
qui laissèrent s'échapper quelques larmes. Se faufilant habilement dehors,
il se retrouva suspendu dans le vide, accroché au rebord, large d'une
vingtaine de centimètres environ. La fenêtre retomba dans sa position
initiale et se verrouilla, le vent glacial collait John à la paroi comme une
sangsue, il faisait très froid, la situation était particulièrement
insupportable et terrifiante. Il leva les yeux et fut alors pris d'un
profond mal de tête en voyant le titan qu'il devait escalader, replaçant
vite sa tête dans sa position initiale.
Suspendu au 10e étage juste par le bout de ses doigts, le jeune homme
commença à se déplacer le long de la fenêtre par un mouvement de balancier
régulier.
« Je me demande quand on arrêtera de se mettre dans des situations classées
haut danger ?! »
La seule chance de Lara pour sortir de la
pièce était le conduit d'aération, évidemment tout au bout de la salle au
dessus du bain électrique. S'y hisser ne sera pas une tâche facile, les
machines elles-mêmes en métal propageaient le courant, elle devait donc
passer par le plafond. Montant sur une machine encore vierge de courant,
Lara tendit les bras et réussit à se suspendre aux tuyaux plafonniers. Grâce
à la force de ses bras, elle se déplaça prudemment au dessus du vide et de
l'eau électrifiée. La vue du corps maintenant grillé comme un steak lui
donnait froid dans le dos, une odeur de chair brûlée empestait maintenant
dans toute la salle et Lara s'empressa de détacher ses yeux du cadavre pour
fixer un point devant elle.
Une fois le conduit à sa portée, Lara se balança afin de donner, un coup de
pied dans la grille qui tomba dans l'eau en éclaboussant les alentours. La
jeune femme poussa, un soupir de soulagement, en commençant à s'engouffrer
dans le conduit.
La climatisation étant à nouveau en marche et un courant frais caressait les
joues à chaud de l'aventurière, rampant dans le conduit métallique lui
laissant pile la place pour sa modeste carrure.
Quelques minutes plus tard, la taille du conduit gagna assez en hauteur pour
que Lare puisse se remettre à nouveau debout. Elle étira longuement son dos
et grimpa à l'étage supérieur à l'aide d'une échelle de fer. Une brume
blanche flottait dans le conduit, Lara se frictionna de ses bras, les
hélices tournaient extrêmement rapidement, et le hurlement des moteurs
exposait un mécanisme mis à son paroxysme. Visiblement la climatisation
attendait d'être réglée et pour le moment stagnait à son maximum.
Se jetant à terre en pliant les jambes afin d'amortir sa réception, Lara put
enfin déboucher dans une nouvelle pièce, encore une fois silencieuse. À sa
grande surprise, il s'agissait d'une exposition automobile, ou plusieurs
motos et voitures de luxe inconnues dormaient paisiblement sur des estrades
sombres. Pas de corps à l'horizon, visiblement la salle ne semblait pas
surveillée, Lara haussa les épaules et retourna vers la cage d'escalier afin
de monter au dernier étage. Une fois les marches à sa portée, un son étrange
perça le silence, un bruit répété uniforme, comme celui d'une porte qui se
ferme avant de s'ouvrir et de se refermer en discontinue. L'aventurière
s'arma à nouveau de son M16 et gravit les dernières marches, un cadavre
bloquait la fermeture automatique de la porte, celle-ci avec la sécurité
s'ouvrait de nouveau pour buter sur le corps lors de sa nouvelle tentative
de fermeture. En partie broyé par le mécanisme répété, le garde n'affichait
plus signe de vie. Avec un renvoi de dégoût dans sa gorge, Lara enjamba le
corps pour pénétrer dans la salle.
Éclairée par de gros projecteurs, la pièce
ressemblait à un gros laboratoire. Une silhouette en blouse blanche
gesticulait derrière une vitre.
C'était un vieillard en blouse blanche, certainement le scientifique dont
parlaient les gardes tout à l'heure. Son crâne bordé par des cheveux gris,
brillait en son centre à la lumière des projecteurs. Il leva la tête
brièvement, mais sursauta à la vue imprévisible de Lara, le menaçant de son
M16.
« Ah mais, que faites-vous là !!! »
« Mettez les mains sur la tête ! » Menaça la jeune femme en s'avançant
« D'accord, d'accord, mais je vous en supplie, ne tirez pas !! »
Le vieillard s'exécuta de suite, le regard tétanisé par la peur de mourir,
lâchant ses éprouvettes qui allèrent s'éclater contre le plan de travail.
Lara, son M16 toujours pointé vers sa cible, fronça les sourcils en
s'avançant, une lueur bleue brillait à l'index du scientifique, une bague,
la bague de la création, il n'y avait pas de doute, c'était bien celle là,
et entièrement reconstituée. La jeune femme sourit d'un air vicieux.
« J'ai l'ai enfin retrouvé. » Levant son arme vers la tête du scientifique,
Lara savait qu'elle n'aurait aucun mal à l'effrayer
« Allez pépé, enlève cette bague avant de te blesser. »
Le vieil homme fit de rapides mouvements de bras et de tête en signe de
négation. Ses mouvements exposaient un stress et un manque d'assurance
certain.
« Cette bague va nous permettre de créer autant d'eau que nous le désirons,
et mes recherches seront enfin terminées. » « La planète ne souffrira plus,
et l'eau sera en abondance pour tout le monde. »
La jeune femme ne savait pas si c'était elle qui était complètement à côté
de la plaque, ou bien, si cet homme se payait sa tête. Elle renforça son
regard psychopathe afin de tirer des informations du scientifique.
« Dites-moi tout ce que vous savez, ou vous n'aurez plus d'autre occasion de
le faire. »
Une sueur froide commença à s'écouler du front du chercheur tremblant de
tous ses membres.
« Ce... ce joyau renferme de grands pouvoirs, les dieux de la création y ont
enfermé le pouvoir de l'eau. Une fois qu'on le contrôlera l'eau nous sera en
abondance. »
Bon sang, il se trompait totalement, ce chercheur avait confondu le pouvoir
de l'eau et celui de la création animal. Peut-être que cela partait d'une
bonne action, mais à l'heure actuelle c'était Aya qui contrôlait le pouvoir
de l'eau, et là, ce pépé risquait sa vie.
« Vous, vous trompez, cette bague ne contient pas le pouvoir de l'eau. Si
vous utilisez son pouvoir, un monstre va nous sauter à la gorge,
donnez-la-moi s'il vous plaît ! »
Soudain une chose bondit du ciel,
visiblement un être humain, Lara se retrouva projeté à terre et le M16
glissa loin d'elle sur le sol froid. Roulée en boule pour faire passer la
douleur de sa nuque et s'acharnant à ne pas tomber dans le coma une seconde
fois, Lara ne put qu'entendre le vieillard pousser un hurlement de douleur.
Tombant à genoux, sa main ensanglantée tenue fermement par sa jumelle, le
scientifique ne cessait de hurler. Le prédateur lui avait sauté dessus,
mordu le doigt avant de lui arracher pour sauter plus loin. Le sang
s'écoulait de sa bouche affichant un sourire sadique, psychopathe emplie de
folie perverse. Il retira doucement la bague du doigt avant de jeter
celui-ci derrière lui.
« C'était facile en fait ! »
Il semblait être un adolescent, Lara lui mettait environ 15, 16 ans, mais
difficile à dire à cette distance. Ses cheveux coupés courts s'illuminaient
d'un gris bleu pâle, s'accordant avec une certaine magie à des yeux vert
clairs brillants comme des billes. Habillé principalement d'une tenue
sombre, un T-Shirt moulait son torse et laissait ses bras entiers dénudés,
seul le bas de son pantacourt l'élargissait au-dessus de ses chevilles, il
ne portait pas de chaussure et ses pieds étaient imprégnés de sang frais.
Lara frissonna, jamais elle n'avait croisé un enfant avec une aura aussi
mortuaire et effrayante. Pourtant, ses yeux lui rappelaient ceux d'un autre,
les yeux d'un fou, d'un violeur, d'un tueur, d'un psychopathe, c'étaient les
yeux de Quinze, renfermant un amoncellement de sentiments négatifs.
« Alors, c'est toi Croft ? »
La jeune femme plia les jambes, prêtes à esquiver la moindre attaque. Seuls
les hurlements du vieil homme offraient une ambiance musicale terrifiante.
« Peut-être... »
Il s'esclaffa, portant la bague à son index droit avant de serrer le point.
« Je vais... te tuer... ! »
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