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Création ingrate

Création ingrate, Chapitre 17, par Eleo, le 27 juillet 2006.

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Chapitre 17

Lara ne put sentir à son réveil, qu'une terrible migraine, elle sentait les battements de son cœur dans chaque hémisphère de son cerveau. Se levant, en gémissant, la totalité de son corps hurlait de courbatures et ses yeux durent prendre quelques secondes afin de s'habituer au manque de lumière. Enfermée dans une petite cellule de métal, elle réussit à distinguer un matelas miteux sur lequel elle avait été déposée dans une bien inconfortable position, des toilettes et un lavabo dans un coin non dissimulé. De forme carrée, la pièce devait faire, environ, 6-7m², il n'y avait pas beaucoup de place, mais assez haute de plafond, Lara dut faire la conclusion hâtive qu'elle était emprisonnée.
Au dessus de la porte, une lumière rouge illuminait un peu la salle, indiquant que la porte était certainement verrouillée, il s'agissait d'une porte à l'ouverture automatique. La jeune femme s'approcha de la porte, tentant avec toute sa force de la pousser, de la détruire, mais le métal ne bougeait pas d'un pouce et son cri dut au choc résonnait dans toute la petite pièce. Une colère indicible s'empara du visage de l'aventurière, elle serra les poings ne supportant pas d'être contrainte et enfermée de la sorte, et surtout le simple fait, de penser, qu'elle avait pu être frappée par derrière, la dégoûtait. Elle cogna le métal de toutes ses forces et hurlait son désir de libération, offrant un bruit insupportable, mêlant le fracas du métal à sa voix haineuse.
« Pourrait-on dormir tranquillement ici ?!!! »
L'aventurière reconnut de suite la voix ironique de John au travers du mur, il devait très certainement être enfermé dans une pièce semblable juste à côté de la sienne. La jeune femme s'appuya contre la paroi glaciale et se laissa glisser afin de s'asseoir en soupirant de colère. Entourant ses jambes de ses bras, ses mèches de cheveux lui tombèrent dans les yeux.
« On est enfermé pour de bon. » Grogna-t-elle
« Oui, j'avais remarqué. » Continua le jeune homme également appuyé contre le mur dans une position semblable
L'aventurière tenta de se remémorer ses souvenirs dans le temple. Ils y avaient remarqué d'autres chercheurs, dont deux sur les quatre ayant pénétré dans le temple s'étaient faits tuer sauvagement. Elle et John avaient récupéré deux des fragments nécessaires à la reconstitution de la bague renfermant le pouvoir de la création animale. Lara passa ses mains sur ses épaules, elle bondit alors de fureur.
« Mon sac à dos !!!! Ils m'ont enlevé mon sac ! La bague, le journal, je vais les tuer !! »
« Franchement quel manque de tact, ils auraient pu au moins te laisser tes 9mm ! »
« Ce n'est pas franchement le moment de faire de l'humour. »
« Et quel journal ? »
Mince, il ne fallait pas oublier que John n'était pas au courant du journal de bord que Lara avait découvert dans le labo, enfin, à la base il n'était pas au courant de grand chose.
« Mon journal intime, en plus je suis sûre qu'ils vont le lire. »
« Toi tu tiens un journal intime ?! Tu es encore en train de profiter de la couleur de mes cheveux ?! »
« Mais non, mais non. »

Des claquements de talons résonnèrent non loin, les pas semblaient sereins, exposant une marche calme et uniforme dans ses pas. Un sifflement résonnait, le refrain d'une chanson anodine, se répétant lentement dans le couloir.
« Hé ça va la dedans ?! »
La voix s'esclaffa alors à pleins poumons, il s'agissait d'un homme profitant bien de la position d'infériorité des deux aventuriers. John sentit alors une vague de colère surmonter son calme, il serra les poings et fut alors prit d'un sommet de mauvaise humeur exemplaire.
« Ta gueule !!! » Hurla-t-il en appuyant bien sur le juron
Lara ouvrit de grands yeux à ce qu'elle venait d'entendre, mais fut également prise d'une grande envie de rire.
« Voyons John, nous ferais-tu une crise d'instabilité ?!»
« On me respecte moi, attendez je vais vous apprendre... » Grogna le garde mécontent

Soudain la voix se tut sans finir sa phrase, et il y eu silence, durant quelques instants.
« Mais...tu es ?! »
De la quiétude étouffait l'homme et soudain un bruit immense vint résonner dans tous les environs, celui de tirs répétés avec une arme automatique comme une mitraillette. Les deux amis se levèrent instantanément, le garde ne cessait de hurler, ses cris étant à peine perceptibles avec le fracas de l'arme continuant de décharger ses rafales de balles. L'écho du métal offrait une tonalité insupportable, puis ce fut à nouveau le silence, un silence de mort, plus un son n'arrivait aux oreilles des deux amis restant immobiles dans leur salle, hypnotisés par le fait de ne rien voir.
« Euh...vous allez bien ? » Demanda John d'un ton hésitant
Mais il n'y eu aucune réponse, toujours aucun bruit ne se faisait à l'extérieur. Perplexes, les deux amis affichèrent des regards déconcertés.
« Je crois qu'il est mort. » Répliqua Lara avec son optimiste légendaire
Une course de pas résonna timidement dans le couloir, étouffée par des splaches non communs, comme si l'individu courait dans du liquide. Néanmoins, personne ne répondit, et le silence revint étouffer la scène.
« Y a-t-il quelqu'un dehors ? » Continua John en insistant
Mais toujours pas de réponse, la jeune femme se rassit sur le matelas, le sentant s'aplatir moelleusement sous son poids.
« On a plus qu'à attendre... »

Environ une demi-heure plus tard une petite sonnerie retentit, comme un bip rapide. Lara leva les yeux, la lueur rouge passa au vert, et la porte s'ouvrit automatiquement sans que personne ne pénètre dans la cellule. La jeune femme avança prudemment et passa la tête à l'extérieur, John sortit également de sa cellule, elle aussi ouverte.
« Que s'est-il passé ? » Demanda le jeune homme perplexe
Il y avait huit pièces disposées le long d'un couloir, quatre face à face. Toutes les portes étaient déverrouillées, mais il ne semblait pas y avoir d'autres prisonniers. Peu de lumière éclairait le couloir, juste deux néons offraient une lueur grise au plafond, il semblait y avoir un problème de courant, car la lumière vacillait. Chaque porte était munie d'un système de sécurité perfectionné, avec des claviers à code et à carte dont il fallait très certainement se servir pour ouvrit les cellules.
Lara se dirigea vers le coin du couloir, elle stoppa en dévisageant le cadavre d'un garde, sauvagement assassiné, couché au sol dans une traînée de sang. Le pauvre homme semblait s'être fait égorger, en fait une main entière avait dû transpercer sa gorge, il était presque décapité.
« Encore une maison de fous ? » John continua d'un air lassé « J'en ai assez de tout ça, et de ces cadavres monstrueux ! je ne suis qu'un simple figurant dans cette histoire. »
La jeune femme se baissa près du corps, un M16 baignait dans le sang, au côté de nombreuses cartouches vides.
« Mais non tu es le personnage secondaire. »
« Je lègue ce rôle à qui le désire, je veux devenir un simple figurant !!! »
Les murs étaient maintenant déformés par le choc des nombreuses balles tapissant le sol un peu partout. Visiblement la chose qui avait tué cet homme devait encore dépasser l'entendement. En effet, le garde avait vidé son chargeur durant bien cinq secondes, et il s'était quand même fait attaquer et tuer de manière bien barbare. La jeune femme récupéra le M16 ainsi que les autres chargeurs que le garde avait sur lui et s'en arma.
John observa la traînée de sang, s'enfonçant jusqu'au bout du couloir d'un air anxieux et quelque peu dégoûté.
« C'est bien glauque. »
« Il faut récupérer la bague et mon sac, ensuite on s'en va. »
« Pas de problème, cet endroit ne m'inspire que très moyennement. »

Ils suivirent le couloir, le sang se dissipa dans les traces de pas, mais les pieds étaient nus et fins, comme ceux d'un adolescent, la jeune femme fronça les sourcils fortement.
« Il faut extrêmement se méfier, je ne sais pas qui a tué ce garde, mais il doit être doué d'une force surhumaine, méfie-toi. »
Ils débouchèrent dans un grand hall de transition, se trouvant visiblement au centre de l'immeuble. Les teintes vaguaient entre le bleu pâle des murs tranchés d'une bande jaune flashante. Le silence rendait l'atmosphère angoissante et pesante comme à un enterrement, le bâtiment était immense, mais il n'y avait personne dans le hall. Observant, stupéfaits, la gigantesque pièce, le jeune homme porta son attention sur un panneau d'indication accroché sur les murs, juste à sa gauche.
La Rahinc vous promet un avenir meilleur. Optez pour l'O-EN, l'énergie naturelle !
Lara croisa les bras, et se rapprocha du panneau en question.
« J'ai déjà entendu parler de cette entreprise. Il paraît qu'ils auraient réussi à utiliser l'eau dans des machines comme source d'énergie. Ce serait très économique et réduirait la pollution, mais la quantité exécrable d'eau demandée, réduirait vite fait la planète à sec. »
John se gratta la tête, les autres panneaux n'avaient pas d'intérêt.
« Je ne vois toujours pas le rapport avec la création animale. »
« Moi non plus, je me demande où sont passés tous les gardes ?! De plus, personne n'est accouru malgré le fracas de tout à l'heure. »
Le nombre 20 transperçait un mur au-dessus d'une porte non loin, John se tourna vers Lara.
« On doit être au 20e étage. »
Les grandes fenêtres exposaient un triste spectacle nocturne, dehors la nuit avait tout dévoré, il devait se faire tard.
« Bon, écoute, mieux vaut que l'on se sépare. Tu vas descendre et moi je vais monter, on récupère mon sac à dos, la bague, et on dégage. »
« D'accord. »
« Mais si tu as l'audace de lire mon journal, je te brise le fémur, le tibia et le péroné. »
« Charmante, l'idée ne m'avait même pas effleuré... »
Lara était confiante, même si John tombait sur le journal la couverture ne mentionnait pas le nom de Braik ou autre, donc il y avait peu de risque qu'il se rende compte de la supercherie. La cage d'escalier se trouvait au bout du hall sur la gauche, il y faisait relativement clair à l'intérieur, car les murs peints d'un blanc ivoire renvoyaient l'éclairage. Le couple se sépara à ce moment-là, Lara monta doucement les marches le M16 en avant.

Elle gravit rapidement, mais discrètement l'étage, toutes les portes étaient automatiques, et celle du 21e s'ouvrit dès que Lara s'en approcha suffisamment. Plusieurs salles étaient disponibles, l'aventurière rentra dans la première qui se présenta à elle. Un homme inerte reposait au sol devant plusieurs écrans de surveillance. Cet étage était donc consacré à la surveillance de l'immeuble, et chaque étage était muni de caméras reliées à cette salle. Lara fouilla toutes les salles, mais tous les gardes trempaient dans leur sang ne montrant plus le moindre signe de vie. Visiblement l'immeuble possédait 42 étages, mais il n'y avait pas d'écran de surveillance relié aux étages 40, 41 et 42 ce qui aiguisa la curiosité de Lara, car les étages d'avant ne semblaient pas avoir un quelconque intérêt. Après avoir un peu inspecté les cadavres, la jeune femme se rendit compte qu'aucun n'avait été tué par balle, on voyait plutôt les stigmates, d'un combat à main nue.
« J'ai un très mauvais pressentiment. »
La jeune femme ne s'attarda pas plus, et décida de monter directement jusqu'au 40e étage. L'ascenseur extérieur muni de grandes vitres permettait d'admirer le paysage. L'immeuble était perdu au milieu d'une grande autoroute encore en travaux. La hauteur démesurée de la bâtisse donnait froid dans le dos.
Arrivé à la porte automatique, elle se retrouva nez à nez avec un clavier, visiblement, pénétrer cet étage, ne devait pas être si simple, pourtant la lumière qui éclairait le dessus de la porte était verte, et celle-ci s'ouvrit automatiquement. Il devait y avoir un problème de fonds dans l'immeuble, la plupart du personnel avait été exterminé et tout était déverrouillé.

Des bassins d'eau, partout l'entouraient, des cubes de liquide connectés entre eux par d'énormes tuyaux, eux-mêmes reliés à des machines bien étranges. Rien ne semblait en fonction, et la pièce semblait vide de vie. Il s'agissait très certainement d'une salle d'expérimentation pour tester les machines en utilisant l'eau comme source d'énergie. Vigilante à l'extrême, Lara se déplaçait avec la discrétion d'un félin.
Contournant un cube d'eau, elle stoppa en remarquant le liquide, entourer ses chaussures. Les parois avaient éclaté dans un feu d'artifice d'éclats de verre, et la moitié de la salle en était maintenant inondée. Un petit voile de sang se mêlait à l'eau transparente, la faisant timidement rougir. Un garde trempait inerte dans le liquide, son visage déformé par la violence du coup qu'il avait reçu. Son nez broyé s'enfonçait dans son crâne, et sa bouche déformée exposait une grimace sordide. Vu la position inversée de sa tête, il devait certainement avoir reçu un coup important avant que l'on ne lui brise la nuque en la tournant brutalement.

Lara sursauta, une sirène d'alarme creva ses tympans sans prévenir, le hurlement résonnait dans tout le bâtiment. Pivotant sur elle-même la jeune femme était pourtant persuadée de n'avoir rien touché, et s'en suivit une course rapide de plusieurs personnes arrivant jusqu'à elle. Lara jeune femme se dissimula à grands pas derrière une machine, juste à temps avant que la porte de s'ouvre. Au moins une dizaine de gardes armés déboucha dans la salle, leur regard paniqué affichait leur manque de contrôle face à la situation.
« Bon sang ici aussi ! » L'homme hurla dans son micro « Troisième groupe arrivé au 40e étage, pas de survivant, je répète pas de survivant jusqu'au 40e étage, terminé ! »
Lara ne bougeait pas de sa cachette, mais avait les oreilles bien attentives à chaque information susceptibles de la faire avancer. Le groupe de mercenaires ne semblait pas se déplacer, heureusement car sinon il découvrait la jeune femme qui serait obligée de vider ses chargeurs.
« Pas de trace de l'intrus, on continue de monter ?! »
« Non ! On redescend aux étages inférieurs, le professeur nous aurait avertis s'il avait vu quelque chose. »
« Que faisons-nous pour les prisonniers évadés ? »
« Pas le temps, si vous les voyez, descendez-les ! »
Le groupe quitta la pièce et la porte se referma derrière eux. Une fois que les résonances des pas ne se faisaient plus percevoir aux oreilles de Lara, celle-ci sortit de sa cachette un certain stress au ventre. John n'était pas armé, et s'il tombait sur ces gus il risquait de...
« Inutile de s'inquiéter » Lara inspira une grosse bouffée d'air « John est un professionnel, il saura largement se débrouiller. »
Attendant quelques secondes avant de se rapprocher de la porte, la jeune femme ne put que lâcher un grognement en se rendant compte que celle-ci était verrouillée. La lumière était maintenant rouge, et le clavier clignotait, visiblement tout venait d'être remis en fonction et la sécurité du bâtiment fonctionnait normalement. La jeune femme fit volte-face, rangeant le M16 dans son dos à l'aide de sa lanière de cuir. Un bruit de grésillement arriva jusqu'à ses oreilles, un son qu'elle avait déjà entendu, celui d'un courant électrique vaguant dans l'air. Les moteurs des machines tournaient également dans un ronronnement effréné et nerveux, mais l'eau se répandait de plus en plus, le contact du liquide avec les machines entraînait un dysfonctionnement, et le courant se répandait maintenant dans l'eau formant un tapis électrique mortel.

Collé, et recroquevillé derrière un énorme pot de fleurs contenant des plantes tropicales, John attendait que les gardes quittent le hall du 10e étage. L'alarme maintenant déclenchée les avait fait accourir en quelques secondes, et la situation se corsait dangereusement. Le jeune homme n'avait rien trouvé, qui soit digne d'intérêt dans les étages qu'il venait de visiter, ni la bague, les armes ou le journal de Lara, ni un quelconque indice qui aurait permis de connaître leur position dans le bâtiment. Tous les gardes de l'immeuble étaient décédés, et la sécurité de l'immeuble en non fonction lui avait permis de circuler librement.
« Bien, vous trois restez ici, et tirez sur tout ce qui bouge ! »
Le groupe se sépara, et comme prévu, trois gardes patrouillèrent dans le grand hall, laissant à John peu de chance de pouvoir bouger de sa cachette. Tapis comme un fauve dans les plantes, il observait attentivement les pas des gardes, qui les armes en main videraient leur chargeur au moindre décollage de mouche. John avala discrètement sa salive, il se sentait piégé, et surtout une vague de quiétude engourdissait ses jambes.
« J'espère que Lara va bien ! » Pensa-t-il en passant une main sur son front
Heureusement, la patrouille ne semblait pas venir dans sa direction, le jeune homme lâcha, un soupir de soulagement, mais toute tentative d'aller dans le hall était suicidaire, il serait immédiatement à découvert. Il pivota doucement sur ses pieds, prenant soin à ce que les semelles de ses chaussures ne grincent pas au le contact du sol. Maintenant face à la fenêtre, sortir par l'extérieur était sa seule solution, à moins d'affronter à main nue les trois gardes armés de M16, ce qui n'était pas une brillante idée.
Une porte s'ouvrit automatiquement au bout du hall, et les trois mercenaires s'enfoncèrent à la rencontre de leur chef pour engager une quelconque discussion sur la situation.
« Nous venons du 40e, toujours pas de trace de l'enfant, ni des prisonniers. »
Un enfant ? C'était un enfant qui serait la cause de ce carnage ? Au moins, il semblait que Lara n'avait pas été découverte, ce qui rassura le jeune homme sur ce point.
Les mercenaires continuaient de discuter en lui tournant le dos, John saisit alors sa chance et rampa jusqu'à la grande fenêtre sans faire attention à la suite de la conversation. Il réussit à l'ouvrir discrètement, un courant d'air glacial lui fouetta aussitôt le visage, le forçant à fermer les yeux qui laissèrent s'échapper quelques larmes. Se faufilant habilement dehors, il se retrouva suspendu dans le vide, accroché au rebord, large d'une vingtaine de centimètres environ. La fenêtre retomba dans sa position initiale et se verrouilla, le vent glacial collait John à la paroi comme une sangsue, il faisait très froid, la situation était particulièrement insupportable et terrifiante. Il leva les yeux et fut alors pris d'un profond mal de tête en voyant le titan qu'il devait escalader, replaçant vite sa tête dans sa position initiale.
Suspendu au 10e étage juste par le bout de ses doigts, le jeune homme commença à se déplacer le long de la fenêtre par un mouvement de balancier régulier.
« Je me demande quand on arrêtera de se mettre dans des situations classées haut danger ?! »

La seule chance de Lara pour sortir de la pièce était le conduit d'aération, évidemment tout au bout de la salle au dessus du bain électrique. S'y hisser ne sera pas une tâche facile, les machines elles-mêmes en métal propageaient le courant, elle devait donc passer par le plafond. Montant sur une machine encore vierge de courant, Lara tendit les bras et réussit à se suspendre aux tuyaux plafonniers. Grâce à la force de ses bras, elle se déplaça prudemment au dessus du vide et de l'eau électrifiée. La vue du corps maintenant grillé comme un steak lui donnait froid dans le dos, une odeur de chair brûlée empestait maintenant dans toute la salle et Lara s'empressa de détacher ses yeux du cadavre pour fixer un point devant elle.
Une fois le conduit à sa portée, Lara se balança afin de donner, un coup de pied dans la grille qui tomba dans l'eau en éclaboussant les alentours. La jeune femme poussa, un soupir de soulagement, en commençant à s'engouffrer dans le conduit.
La climatisation étant à nouveau en marche et un courant frais caressait les joues à chaud de l'aventurière, rampant dans le conduit métallique lui laissant pile la place pour sa modeste carrure.
Quelques minutes plus tard, la taille du conduit gagna assez en hauteur pour que Lare puisse se remettre à nouveau debout. Elle étira longuement son dos et grimpa à l'étage supérieur à l'aide d'une échelle de fer. Une brume blanche flottait dans le conduit, Lara se frictionna de ses bras, les hélices tournaient extrêmement rapidement, et le hurlement des moteurs exposait un mécanisme mis à son paroxysme. Visiblement la climatisation attendait d'être réglée et pour le moment stagnait à son maximum.
Se jetant à terre en pliant les jambes afin d'amortir sa réception, Lara put enfin déboucher dans une nouvelle pièce, encore une fois silencieuse. À sa grande surprise, il s'agissait d'une exposition automobile, ou plusieurs motos et voitures de luxe inconnues dormaient paisiblement sur des estrades sombres. Pas de corps à l'horizon, visiblement la salle ne semblait pas surveillée, Lara haussa les épaules et retourna vers la cage d'escalier afin de monter au dernier étage. Une fois les marches à sa portée, un son étrange perça le silence, un bruit répété uniforme, comme celui d'une porte qui se ferme avant de s'ouvrir et de se refermer en discontinue. L'aventurière s'arma à nouveau de son M16 et gravit les dernières marches, un cadavre bloquait la fermeture automatique de la porte, celle-ci avec la sécurité s'ouvrait de nouveau pour buter sur le corps lors de sa nouvelle tentative de fermeture. En partie broyé par le mécanisme répété, le garde n'affichait plus signe de vie. Avec un renvoi de dégoût dans sa gorge, Lara enjamba le corps pour pénétrer dans la salle.

Éclairée par de gros projecteurs, la pièce ressemblait à un gros laboratoire. Une silhouette en blouse blanche gesticulait derrière une vitre.
C'était un vieillard en blouse blanche, certainement le scientifique dont parlaient les gardes tout à l'heure. Son crâne bordé par des cheveux gris, brillait en son centre à la lumière des projecteurs. Il leva la tête brièvement, mais sursauta à la vue imprévisible de Lara, le menaçant de son M16.
« Ah mais, que faites-vous là !!! »
« Mettez les mains sur la tête ! » Menaça la jeune femme en s'avançant
« D'accord, d'accord, mais je vous en supplie, ne tirez pas !! »
Le vieillard s'exécuta de suite, le regard tétanisé par la peur de mourir, lâchant ses éprouvettes qui allèrent s'éclater contre le plan de travail. Lara, son M16 toujours pointé vers sa cible, fronça les sourcils en s'avançant, une lueur bleue brillait à l'index du scientifique, une bague, la bague de la création, il n'y avait pas de doute, c'était bien celle là, et entièrement reconstituée. La jeune femme sourit d'un air vicieux.
« J'ai l'ai enfin retrouvé. » Levant son arme vers la tête du scientifique, Lara savait qu'elle n'aurait aucun mal à l'effrayer
« Allez pépé, enlève cette bague avant de te blesser. »
Le vieil homme fit de rapides mouvements de bras et de tête en signe de négation. Ses mouvements exposaient un stress et un manque d'assurance certain.
« Cette bague va nous permettre de créer autant d'eau que nous le désirons, et mes recherches seront enfin terminées. » « La planète ne souffrira plus, et l'eau sera en abondance pour tout le monde. »
La jeune femme ne savait pas si c'était elle qui était complètement à côté de la plaque, ou bien, si cet homme se payait sa tête. Elle renforça son regard psychopathe afin de tirer des informations du scientifique.
« Dites-moi tout ce que vous savez, ou vous n'aurez plus d'autre occasion de le faire. »
Une sueur froide commença à s'écouler du front du chercheur tremblant de tous ses membres.
« Ce... ce joyau renferme de grands pouvoirs, les dieux de la création y ont enfermé le pouvoir de l'eau. Une fois qu'on le contrôlera l'eau nous sera en abondance. »
Bon sang, il se trompait totalement, ce chercheur avait confondu le pouvoir de l'eau et celui de la création animal. Peut-être que cela partait d'une bonne action, mais à l'heure actuelle c'était Aya qui contrôlait le pouvoir de l'eau, et là, ce pépé risquait sa vie.
« Vous, vous trompez, cette bague ne contient pas le pouvoir de l'eau. Si vous utilisez son pouvoir, un monstre va nous sauter à la gorge, donnez-la-moi s'il vous plaît ! »

Soudain une chose bondit du ciel, visiblement un être humain, Lara se retrouva projeté à terre et le M16 glissa loin d'elle sur le sol froid. Roulée en boule pour faire passer la douleur de sa nuque et s'acharnant à ne pas tomber dans le coma une seconde fois, Lara ne put qu'entendre le vieillard pousser un hurlement de douleur. Tombant à genoux, sa main ensanglantée tenue fermement par sa jumelle, le scientifique ne cessait de hurler. Le prédateur lui avait sauté dessus, mordu le doigt avant de lui arracher pour sauter plus loin. Le sang s'écoulait de sa bouche affichant un sourire sadique, psychopathe emplie de folie perverse. Il retira doucement la bague du doigt avant de jeter celui-ci derrière lui.
« C'était facile en fait ! »
Il semblait être un adolescent, Lara lui mettait environ 15, 16 ans, mais difficile à dire à cette distance. Ses cheveux coupés courts s'illuminaient d'un gris bleu pâle, s'accordant avec une certaine magie à des yeux vert clairs brillants comme des billes. Habillé principalement d'une tenue sombre, un T-Shirt moulait son torse et laissait ses bras entiers dénudés, seul le bas de son pantacourt l'élargissait au-dessus de ses chevilles, il ne portait pas de chaussure et ses pieds étaient imprégnés de sang frais.
Lara frissonna, jamais elle n'avait croisé un enfant avec une aura aussi mortuaire et effrayante. Pourtant, ses yeux lui rappelaient ceux d'un autre, les yeux d'un fou, d'un violeur, d'un tueur, d'un psychopathe, c'étaient les yeux de Quinze, renfermant un amoncellement de sentiments négatifs.
« Alors, c'est toi Croft ? »
La jeune femme plia les jambes, prêtes à esquiver la moindre attaque. Seuls les hurlements du vieil homme offraient une ambiance musicale terrifiante.
« Peut-être... »
Il s'esclaffa, portant la bague à son index droit avant de serrer le point.
« Je vais... te tuer... ! »

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