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L'âge de glace - Director's Cut

L'âge de glace - Director's Cut, Chapitre 4, par Pitoch, le 18 novembre 2005.

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Chapitre 4

Edgar Jacobi, le conservateur adjoint du British Museum, était un vieil homme voûté et ridé, d'une pâleur inquiétante. Il avait passé la majeure partie de sa vie dans le musée de Londres, dont il connaissait par coeur les moindres recoins, sans jamais se lasser. Il était pourtant d'une humeur sombre lorsque Indy et Lara entrèrent dans son bureau. Le vieillard réajusta ses lunettes et son visage s'éclaira enfin.
- Docteur Jones ! s'écria-t-il. Quel grand honneur !
Il se leva et contourna le bureau pour serrer vigoureusement la main d'Indy.
- Tout l'honneur est pour moi, docteur Jacobi. Je vous présente une amie chère, lady Lara Croft.
- Lady Croft, oui, bien sûr ! La réputation que l'on fait à propos de votre beauté est loin d'être exagérée, milady.
- Vous me flattez, docteur, répondit Lara en souriant.
Jacobi fit une petite révérence de la tête et retourna à son bureau. Il reprit un air grave.
- Vous êtes venus pour Robson ?
- Oui, répondit Indy en offrant une chaise à Lara puis en s'asseyant à son tour.
- Tué en plein jour... Si c'est pas malheureux ! Vous faites une enquête parallèle à celle du Yard ?
- Pas vraiment. On cherche surtout le mobile. Savoir ce qu'on lui a volé. Pour cela, nous aurions aimé consulter ses archives, fouiller son bureau, etc...
- Je vois. Et pourquoi ne me le demandez-vous pas directement, pour gagner du temps ?
Indy en resta coi l'espace d'un instant, tandis que Lara ricana discrètement, un sourire aux lèvres.
- Euh, oui, en effet, fit Indy.
- Pourquoi faire simple quand on peut faire compliquer, pas vrai, docteur Jones ? Vous êtes bien comme votre père. D'ailleurs, que devient Henry ?
- Il est mort.
- Vous m'en voyez désolé. Mes sincères condoléances.
- Merci. Donc, vous savez ce qu'on a volé à Robson ?
Jacobi fit un grand sourire édenté et ouvrit un dossier, duquel il sortit une grande photo sur papier glacé, puis la tendit à Lara, par pure galanterie. La jeune femme regarda le cliché, puis le montra en silence à Indy.
- Une tête de flèche ? s'étonna-t-il.
- Ce n'est pas à l'échelle. Il s'agit en fait d'une pointe de lance.
- Dites-nous en plus.
- Europe du Nord. Scandinavie. Quelques siècles avant Jésus Christ.
- Rare ?
- Pas du tout. Tous les pays visités à l'époque par les vikings en possèdent. Ca ne vaut pas plus de cent dollars.
- Le désespoir peut conduire à tuer, pour cent dollars, intervint Lara.
- Certes, mais c'est une valeur d'étalonnage. C'est en réalité invendable, hormis à des collectionneurs.
- Vous en avez une autre ? reprit Indy.
- Non. C'était le seul exemplaire que le musée possédait.
- Pourquoi Robson l'emportait-il ?
- Pour la faire dater au carbone quatorze.
- Et il transportait un tel objet dans une mallette, en pleine rue ?
- Ca vaut cent dollars, docteur Jones...
Indy ne répliqua pas. Silencieux, il affichait clairement sa déception. Puis il leva la photo pour bien la montrer.
- Je peux ?
- Bien entendu, répondit Jacobi. Si jamais vous trouvez pourquoi on vole un objet aussi banal, faites-le moi savoir !
- Je n'y manquerais pas.
Indy se leva et salua le conservateur, aussitôt imité par Lara. Jacobi fit de même, en gémissant.
- Ce temps... grimaça-t-il. Pas bon pour les articulations. Je me souviens pas d'un mois de Juillet aussi mauvais depuis bien longtemps.
Indy et Lara acquiescèrent puis sortirent du bureau. Indy marchait rapidement, perdu dans ses pensées. La jeune femme le rattrapa d'un pas leste et se coula sous son bras.
- Fais pas cette tête, Indy ! fit-elle joyeusement. Toutes les affaires policières ne conduisent pas forcément à la fin du monde !
Il la regarda sans comprendre, puis finit par sourire.
- Tu as raison, je m'emballe un peu vite. Oublions ça ! Si nous sortions, ce soir ?
- C'est déjà prévu.
- Soirée mondaine chiante à mourir ?
- Presque... fit-elle avec un sourire mutin.

***

- Et tu viens souvent ? hurla Indy pour se faire entendre malgré les 60.000 spectateurs qui hurlaient dans le stade de Highbury.
- Non, répondit Lara sur le même ton. Mais j'aime bien venir de temps en temps pour me détendre.
Elle poussa un cri, imitant en cela tous les autres, comme l'un des joueurs venait de marquer un but. Indy suivit le mouvement et se leva pour applaudir.
- J'avoue que je suis étonné, fit-il, une fois l'ambiance un peu retombée.
- Il ne faut pas ! Toutes les aristo' dans mon genre ne passent pas leur vie au cricket ou au polo !
- Certes, mais...
Il n'eut pas le temps de finir : Lara venait de nouveau de bondir de son siège pour hurler. Il attendit patiemment qu'elle se rassoit.
- Et encore, reprit-elle une fois assise, il pleut des cordes, les actions sont moins jolies et c'est moins agréable à regarder.
Indy acquiesça d'un hochement de tête. Soudain, la lumière disparut, et le stade plongea dans le noir. Le public se mit alors à huer et à siffler les organisateurs, dans un esprit somme toute bon enfant. Indy fut un peu surpris qu'une telle foule ne cède pas à la panique. Il entendit l'arbitre siffler la fin du match, la lumière ne semblant pas revenir.
- Etonnant, fit-il. Ca arrive souvent ? On dirait que le public est habitué. Lara ?
Il tourna la tête pour constater que sa jeune amie n'était plus à ses côtés.
- Lara ? appela-t-il, plus fort.
- Trois rangées plus bas ! l'entendit-il crier.
Presque à tâtons, il la rejoignit. Elle était, comme d'autres, penchée au-dessus d'un homme allongé par terre. Un autre homme lui faisait un massage cardiaque tandis que Lara lui faisait du bouche-à-bouche. L'équipe médicale du stade arriva alors, avec du matériel adapté. Ils tentèrent de le ranimer, en vain : le vieil homme était mort. Lara rejoignit son ami, un peu attristée.
- Bon, on peut rentrer, fit-elle.
Ils suivirent la foule qui quittait calmement le stade. Une fois dehors, ils constatèrent que tout le quartier était plongé dans le noir. Des dizaines, voire des centaines de klaxons retentissaient, à côté d'eux comme au loin. Les policiers chargés d'organiser la sortie du stade procédaient avec calme, tout en répondant aux questions du public. En passant devant l'un d'eux, Lara lui posa la question que tout le monde devait poser.
- Un black-out total, répondit le policier. Tout Londres est dans le noir. Evacuez, s'il vous plait.
Ils ne se firent pas prier et rejoignirent la Jaguar. Lara prit le volant et commença à manoeuvrer pour sortir de Londres malgré les embouteillages colossaux qui engorgeaient la capitale. L'obscurité totale, la panique de beaucoup de gens et la pluie torrentielle rendaient l'opération délicate, mais la jeune femme était habile au volant. Indy prit son téléphone. Il appuya sur quelques touches avant de se tourner vers Lara.
- Tu peux me passer ton portable ?
Lara le sortit de sa poche et le lança à Indy, d'un petit mouvement de poignet.
- Il est éteint, remarqua-t-il.
- Rallume-le. Mon code est le...
- Inutile, il est cassé, l'interrompit-il.
- Quoi, cassé ? Qu'est-ce que tu as fait ?
- Moi, rien. Mon téléphone est dans le même état.
- Tu portes la poisse ?
- Très drôle, Lara. Il se passe des trucs louches, en tout cas...
- Quoi ? Dis, tu rigoles, là ? En quoi un problème de centrale électrique peut être lié à un opérateur téléphonique ?
- Je ne sais pas. Mais avoue que c'est une drôle de coïncidence !
- Oui, mais c'en est une, de coïncidence !
- Peut-être. (Il marqua une pause) peut-être...
Lara finit par se sortir des embouteillages et put accélérer - modérément, vues les conditions climatique - jusqu'au manoir. Qui était entièrement éteint.
- Tu dépends du même réseau électrique ? demanda Indy, avec une pointe d'ironie.
- Faut croire... Winston ?
- Lara ? fit le majordome, sorti de nulle part.
- Euh... Ca va ?
- Bien, miss, et vous ?
- Bien. Pas de souci à cause du black-out.
- Si. Bryce a eu du mal à trouver les toilettes...
- Ok, je ne veux pas savoir le reste. Il y a un petit quelque chose à manger ?
- A la cuisine, et à la lumière des bougies.
- Ca te dit ? fit Lara en se tournant vers Indy.
- Volontiers. Ce temps, ça creuse !

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