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L'école - Director's Cut

L'école - Director's Cut, Chapitre 7, par Pitoch, le 22 novembre 2006.

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Chapitre 7

Le soleil se leva enfin, terminant cette nuit d'horreur. Hélas, un horrible crachin tombait sur la campagne anglaise, rendant l'aube triste et grise, et augmentant l'amertume des deux amis. Indiana et Alex marchaient dans les ruines du manoir, en silence, profitant de la lumière du jour pour évaluer l'étendue de l'attaque. Toute la partie frontale du bâtiment avait souffert : la porte d'entrée était éventrée, les murs criblés d'impact de balles, et aucune fenêtre n'était restée debout. L'intérieur n'était pas mieux : les grenades explosives avaient détruit tout le mobilier, et les fumigènes avaient noircis les murs. Tout était détruit, renversé ou souillé. Winston, qui s'était réfugié avec Bryce pendant l'attaque, commençait déjà à nettoyer en silence. Le jeune homme était retourné dans sa caravane pour pleurer après avoir appris la nouvelle. Dans le salon principal, Alex et Indy se mirent à redresser ce qui pouvait encore l'être.
- Lara est morte... lâcha Alex, la voix étranglée.
Indy l'aida à redresser l'un des canapés. Il était en excellent état, ce qui était assez étonnant vue sa position initiale, en plein milieu.
- Nous n'en avons pas la confirmation, fit Indy.
Alex regarda son ami. Ses yeux s'illuminèrent l'espace d'un instant, avant de s'éteindre rapidement.
- Il reste un espoir, Alex... Après tout, nous l'avons vu blessée et inconsciente. Pas forcément morte...
- C'est léger, comme espoir. Tu as vu le regard de ton vieux ? Il était assez clair...
- Mon père a toujours le poids du monde sur les épaules quand quelque chose le contrarie. Ca ne veut rien dire.
Alex offrit un pâle sourire.
- Et puis, pourquoi emmener son cadavre, si elle était vraiment morte ? continua Indy.
- Tu crois sincèrement qu'elle est vivante ?
- Non. Je n'ai pas dit ça. Je n'en sais rien, pas plus que toi. Elle est peut-être morte, c'est hélas une possibilité.
- « Hélas », oui... Bon, je sais ce qu'il me reste à faire...
- Non, Alex, tuer Banks ne fera pas avancer les choses.
- Justement, ça va tout arrêter !
- N'en sois pas si sûr. On ne peut pas se permettre de réagir comme ça.
- Réagir comment ?
- Se venger, je veux dire. C'est trop important pour que l'on prenne le risque de tout gâcher.
- Plus important que Lara, Indy ?
- Oui.
Indy avait lâché sa réponse sans hésiter, froidement. Alex se tendit, serrant les poings.
- Pas pour moi... fit-il entre ses dents.
- Parce que tu n'as pas la lucidité de voir l'essentiel : Banks veut lâcher un fléau qui pourrait tuer des millions de personnes !
- La femme que j'aime est morte, rappela Alex.
- Tu n'en sais rien. Et même si c'était le cas, tu accepterais le fait que d'autres personnes innocentes meurent ?
Indy se rendit compte que son ami montait en pression, et était prêt à exploser. Il prit un ton plus doux, apaisant.
- Ecoute, Alex, je te demande juste de me faire confiance. J'ai besoin de toi à mes côtés, nous devons lutter ensemble.
- Oh, tu as besoin de moi ? C'est nouveau, ça ?
- Je préfère ignorer ce commentaire et considérer que c'est sous le coup de l'émotion.
Alex ne répondit pas et ils continuèrent à ranger en silence.

***

Une lumière blanche l'enveloppait, aveuglante et dure. Quelque chose de sourd lui parvenait à intervalles réguliers, mais elle ne savait pas si elle l'entendait ou le ressentait. Lentement, le blanc s'estompa vers le noir complet. Puis plus rien.

***

Trois jours après l'invasion dramatique, les quatre locataires du manoir avaient enlevé tous les débris. Depuis la veille, des ouvriers et leur matériel avaient investi le parc de la propriété afin de reconstruire et de réaménager. Alex ne décolérait pas : il avait transformé son chagrin en rage, et ça allait de mal en pis. Au point qu'Indy s'obligea à le surveiller et à rester lucide, malgré son propre chagrin. Il regarda les ouvriers travailler un petit moment, dehors, puis rentra dans le manoir. Winston nettoyait, rangeait, vidait sans relâche. Bryce passait ses journées devant ses ordinateurs, entre deux crises de larmes. Il trouva Alex à l'étage, dans la chambre de Lara. Il remplissait sa valise.
- Qu'est-ce que tu fais ? demanda Indy.
- Ca se voit, non ? répondit Alex sur un ton mauvais.
- La mort de Banks va faire empirer les choses...
- Je m'en contrefous.
- Non, tu ne peux pas, désolé. Les conséquences sont trop graves.
- Peu importe. Je ne compte pas survivre à ma tentative, de toute façon.
- C'est très intelligent de ta part, bravo... ironisa Indy.
- Je t'emmerde, Jones.
- Tu ne partiras pas.
Alex leva le nez de sa valise et regarda son ami.
- Ah oui ? Je vois pas ce qui pourrait m'en empêcher...
- Moi.
Alex le regarda un moment, stupéfait, puis se détourna en ricanant. Il ferma sa valise d'un coup sec. L'empoignant fermement, il se dirigea vers la porte. Avant de croiser Indy, il reçut un coup de poing en plein visage, bien en face. Il tomba lourdement au sol et se secoua la tête pour se remettre les idées en place.
- Désolé, Alex, mais je ne peux pas laisser ton - notre - chagrin mettre en danger l'humanité entière.
- Pas de problème, Jones... fit Alex d'un air inquiétant, en se relevant. Tu viens de me donner un vrai et bon prétexte...
Indy haussa les épaules et soupira.
- S'il faut en passer par là...
Soudain, sans prévenir, Alex fonça tête baissée sur son ami. L'attrapant à la manière d'un joueur de rugby, il traversa le couloir en poussant, voire en portant Indy. Celui-ci résista comme il put, et il réussit à rompre la charge au sommet des escaliers. Trébuchant ensemble, ils dévalèrent les marches dans les bras l'un de l'autre, en roulant alternativement. Ils s'écrasèrent lourdement en bas, mais ce fut Alex qui se redressa le premier. Il était malgré tout un peu sonné par la descente.
- Allez, Junior ! fit-il, en insistant sur le terme. Debout !!

***

La lumière blanche avait perdu de son uniformité. Bien que toujours dure et aveuglante, elle était cassée par des formes géométriques de couleur. Des tons qui restaient très lumineux, mais qui donnait une rupture bienvenue dans la lumière blanche. Maintenant, elle savait aussi qu'elle entendait des sons, et elle pouvait même être sure que c'était des voix. Des gens qui parlaient, certainement. Mais elle n'arrivait pas à se concentrer pour comprendre. Puis le noir revint et ce fut tout.

***

Le combat s'était déplacé à l'extérieur, et faisait rage. Les coups étaient portés pour faire mal, à tel point que les ouvriers cessèrent leur travail pour entourer les belligérants. Les paris commencèrent à fuser, la plupart en faveur d'Alex, visiblement plus jeune et plus athlétique. D'autant qu'il prenait régulièrement le dessus. Mais Indy faisait plus que résister et certains de ses coups ébranlèrent sans conteste son ami. L'intensité, en baisse à cause de la fatigue des combattants, redoubla rapidement sous les encouragements de ce public improvisé. Alerté par des vivas assez mal venu dans le contexte actuel, Winston arriva pour obtenir des explications : il fut consterné. Le contre-maître du chantier le rejoignit rapidement.
- Ils ne sont pas d'accord avec mon devis ? demanda-t-il.
Winston soupira et réajusta son costume, retrouvant son flegme habituel.
- Pourriez-vous les séparer, je vous prie ? fit-il au contre-maître.
- Ouais, sans problème. Allez les gars, la récré est finie ! cria-t-il aux ouvriers. Séparez-moi ces messieurs et remettez-vous au boulot !
En maugréant, les ouvriers rompirent les rangs. Les plus costauds séparèrent les deux belligérants. Alex, toujours furieux, se dégagea de leur prise et rentra rageusement dans le manoir. Indy, quant à lui, ne refusait pas le soutien des deux ouvriers.
- Ca va, m'sieur ? demanda l'un d'eux.
- Oui, oui... balbutia Indy. Vous pouvez me lâcher.
Ils s'exécutèrent. Indy chancela sur ses jambes.
- Il tape fort, quand même... remarqua-t-il.
Et il s'écroula en avant, complètement K.O.
Après deux bonnes heures passées dans un état semi-conscient, allongé sur le canapé, Indy retrouva la plupart de ses moyens. Il tenta de bouger et poussa aussitôt un gémissement déchirant : son corps n'était qu'une entière courbature. Il retomba sur son oreiller et attrapa la poche de glace que lui apportait Winston.
- J'ai discuté avec un bulldozer... gémit Indy.
- Si l'éminent docteur Jones le dit, fit Winston, mordant.
- Ok, j'admets, vous avez le droit de nous trouver ridicule.
- Je n'avais pas attendu votre autorisation, docteur Jones.
- Je ne peux que vous donner raison... A croire qu'il me manque de la maturité, même à mon âge.
- Chacun réagit à sa façon, docteur Jones.
Indy soupira, ne pouvant que reconnaître le fondement des reproches implicites du majordome.
- Où est-il ? finit-il par demander.
- Il est parti, comme vous vous en doutez, répondit Winston. Je n'ai pas demandé où, mais je pense que cela est assez évident.
- Oui, ça l'est. Malheureusement.
Indy soupira de nouveau, plus longuement. Luttant contre la nausée, un sac de glace sur le visage, il se demanda comment son enquête avait pu déboucher aussi rapidement sur un tel désastre.

***

Les formes de couleur s'étaient affinées, et étaient devenues des silhouettes humaines. Les couleurs s'étaient nuancées, mais tout restait flou, l'empêchant de voir réellement. Elle eut néanmoins conscience d'être quelqu'un, et d'être quelque part. Mais elle n'arrivait pas à ressentir des émotions, bien qu'elle se souvienne de la signification du mot. Elle regardait le spectacle de façon détachée. Tout se remit à tournoyer devant ses yeux, et elle repartit dans le noir.

***

Indiana termina sa valise et rejoignit le grand hall. Il portait un pansement sur le front et quelques contusions plus ou moins visibles mais globalement, il se sortait plutôt bien de son affrontement avec Alex.
- Je vous laisse en charge des travaux, fit Indy à Winston qui approchait.
- Bien sûr, docteur Jones. Le manoir sera vite reconstruit.
- Tant mieux. Je dois essayer d'empêcher Banks d'atteindre son but. Même tout seul, il le faut.
- Je comprends. J'espère que monsieur West ne fera rien de définitif.
- Hélas, je suis bien obligé de composer avec. Bon courage, Winston. Je reviendrais dès que je peux.
Il sortit du manoir, mais Winston le rattrapa.
- Docteur Jones ?
- Oui ?
- Ramenez Lara, je vous prie.
Indy se retourna : les yeux du vieux majordome étaient humides. Bien que toujours flegmatique, il laissa paraître ses émotions. Indy en fut touché.
- Je vous le promets, Winston.
Il monta dans le taxi qu'il avait appelé et le fit partir.
Il repensa à toute l'affaire durant le trajet jusqu'à Londres. Six livres volés en même temps, un milliardaire australien, une opération commando... Son père kidnappé, Alex envolé, et Lara... probablement morte. Indy avait souvent été seul dans ses aventures, seul à affronter les pires choses et les pires êtres. Mais jamais il ne s'était senti si désemparé, si peu sûr de lui. Bercé par le mouvement du taxi, seul à l'arrière du véhicule, il se mit à pleurer.

***

Les sons qu'elle entendait étaient des paroles, mais qui restaient inaudibles. Les mots étaient déformés, presque caoutchouteux. La lumière blanche n'était plus aveuglante et les formes de couleur avaient continué à s'affiner. Maintenant, elle distinguait un visage devant elle à intervalles réguliers. Elle ne ressentait toujours aucune émotion particulière. Le visage revint devant elle et sembla danser. Les paroles qu'elle entendait devenaient de plus en plus claires, et elle finit enfin par les comprendre.
- Vous m'entendez ? Répondez-moi. Etes-vous avec moi ? Vous me voyez ?
Elle comprenait enfin les paroles, mais ne ressentait toujours aucune émotion. Aurait-elle dû ressentir de la joie à entendre des paroles ? Soudain, tout devint clair autour d'elle : la lumière blanche devint un plafond, les formes de couleur devinrent un baxter, un bouquet et le visage d'une femme mûre. Elle ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit : sa gorge semblait être collée. La femme la regarda d'un oeil attendrissant.
- Enfin vous vous réveillez, fit-elle et sa voix avait encore un côté sourd, lointain. N'essayez pas de parler, c'est encore trop tôt...
Elle prit une chaise et la plaça à côté du lit.
- Vous êtes dans une clinique privée à Sydney, en Australie, commença-t-elle. Vous avez été atteinte par une balle d'un gros calibre, en pleine poitrine. Par miracle, ça ne vous a pas tué, mais voilà plus de deux semaines que vous êtes dans le coma. Je connais votre nom, mais la procédure veut que je vérifie que vous, vous le connaissiez aussi. Ceci pour déceler des éventuelles lésions au cerveau. Je vais donc dérouler l'alphabet. Clignez des yeux à chaque fois que j'arrive à une lettre de votre nom et prénom. Allons-y : A... B... C... C ? Bien. A... B...
La femme procéda ainsi pour toutes les lettres nécessaires. A la fin, elle obtint un nom et un prénom.
- Vous êtes donc Lara Croft ? demanda-t-elle.
Lara acquiesça lentement. La femme parut satisfaite.
- Je m'appelle Nancy, et je suis infirmière. C'est moi qui m'occupe de vous depuis le début.
L'infirmière lui toucha le front, puis lui caressa les cheveux en souriant. Puis elle se leva.
- Je vais vous chercher un verre d'eau, ainsi que le chirurgien. Il vous expliquera tout ça comme il faut.
Après son départ, Lara regarda autour d'elle, bougeant lentement la tête. Elle se trouvait bien dans une chambre d'hôpital. Elle était couchée sur un lit qui était encadré par deux tables de nuit. Un superbe bouquet de fleurs se trouvait sur l'un d'eux. Elle portait un bas de pyjama mais rien au-dessus, hormis un impressionnant bandage enserrant sa poitrine. Elle avait une perfusion à son poignet, reliée à un baxter qui lui injectait, goutte à goutte, un anti-douleur quelconque. Ce qui expliquait son manque de sensations. Elle tenta d'avaler sa salive et y parvint péniblement. Heureusement, l'infirmière revint avec un verre d'eau qui lui fit l'effet du meilleur des médicaments.
- Vous pouvez essayer de parler, Lara ? proposa l'infirmière.
- Oui.
La voix était bizarre, très rauque et peu assurée. Mais Lara se sentit revivre.
- Parfait ! fit Nancy. Je vous présente le docteur Livingstone.
Elle céda le pas à un homme d'une cinquantaine d'années, en blouse blanche.
- Aucun rapport avec l'autre ? demanda Lara d'une voix faible.
- Non, répondit-il en souriant.
Il prit la main droite de Lara entre les siennes en souriant.
- Je suis ravi de vous voir sortie d'affaire. Sortir d'un long coma avec si peu de séquelles, c'est un miracle.
- Merci, docteur, mais... si peu ?
Le sourire s'effaça au profit d'un air sérieux.
- On vous a tiré en pleine poitrine, quasiment à bout portant, expliqua-t-il. La balle vous a traversé de part en part, sans perforer vos poumons.
- Formidable. Mais ?
- Mais elle a touché votre moelle épinière.
Lara frissonna. Les mots « moelle épinière » faisaient partie d'un vocabulaire difficile en milieu hospitalier, car ils impliquaient un certain nombre de choses que tout le monde connaissait. Elle bougea ses bras avec succès, regarda ses jambes, puis reporta son attention sur le docteur. Ses yeux posaient la question qu'elle n'avait pas la force d'exprimer oralement.
- Je suis désolé, Lara, dit le docteur. Vous ne re-marcherez plus jamais.

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