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L'école - Director's Cut

L'école - Director's Cut, Chapitre 8, par Pitoch, le 22 novembre 2006.

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Chapitre 8

Le terminal principal de l'aéroport Otopeni était une immense structure de verre, avec un toit entièrement gondolé. D'une facture résolument moderne et ouverte, il représentait un peu le symbole de la fin de la dictature, offrant ainsi un nouveau visage démocratique de la Roumanie aux visiteurs étrangers, et donc au monde entier. Il faisait un temps superbe quand Indiana sortit du hall, ce qui lui mit du baume au coeur : visiter les Carpates sous la pluie n'aurait pas arrangé son moral déjà extraordinairement bas. Il partit directement pour l'hôtel qu'il avait réservé. Il se sentait mal, aussi bien physiquement que mentalement. A partir d'une vague histoire de livres, il avait imaginé la fin du monde via le retour du Diable en Roumanie. Tout ça au jugé, sans éléments concrets. Pris d'un soudain abattement, Indy était à deux doigts de renoncer et de demander au chauffeur de faire demi-tour quand celui-ci s'arrêta devant l'hôtel.
Son humeur ne s'était pas beaucoup améliorée quand il ouvrit la porte de sa chambre. Il se raccrochait à un fil ténu pour avancer, et, dans des moments de pure objectivité, il se trouvait ridicule d'avoir foncé tête baissée en Roumanie. Son plan était simple : investir le château de Dracula, ouvert au public comme site touristique. Voilà, c'était tout. C'était sa seule piste, son seul espoir d'être toujours dans cette histoire, et donc de retrouver Lara ou son père. Pour le reste... Où, quand et comment, il n'en savait rien. Il décrocha le téléphone et obtint rapidement un billet pour un circuit touristique dans les Carpates.
Il monta dans le car en dernier, non sans dévorer la jeune guide des yeux. Afin d'avoir l'air d'un touriste américain - ce qu'il était réellement, en fait - aux yeux de tout le monde, il s'était fendu d'une chemise hawaïenne, seul écart qu'il s'était toléré. Il portait son stetson sur la tête et avait le reste de sa tenue habituelle dans un sac à dos. Alors que le car démarrait, la jeune roumaine expliqua succinctement le programme. Indy eut la déception d'apprendre qu'ils n'arriveraient au château que le lendemain. Mais tous ses compagnons de voyage affichèrent des airs extatiques quand la guide expliqua qu'ils passeraient la nuit dans l'auberge typique où, d'après le romancier Bram Stoker, le jeune héros s'arrêta. Le trajet se passa sans encombre. La volonté de la Roumanie à s'ouvrir au tourisme se traduisait par des routes refaites et par des équipements flambants neufs, le car dernier cri en étant le meilleur exemple. En fin de journée, le car entama la monté du col, et le paysage changea du tout au tout. La route serpentait entre de hautes montagnes noires, couvertes d'arbres à l'aspect menaçant. La lumière déclinante rajouta de l'intensité à l'atmosphère lugubre, voire horrifiante des lieux. Indy surprit plusieurs touristes en train de frémir : les femmes se rapprochaient de leurs maris, tandis que ceux-ci affichaient un air confiant de façade. Ils arrivèrent de nuit à l'auberge, et ses fenêtres éclairées sur une devanture sombre augmentaient le malaise ressenti par les touristes et désiré par les organisateurs. Cette ambiance particulière affectait également Indy, mais pas de la même façon : lui ressentait une morosité et un abattement de plus en plus fort, et il entra dans l'auberge en pensant à Lara.
Le réveil sonna à quatre heures du matin. Indy se réveilla en grommelant : son humeur ne s'était pas améliorée grâce au sommeil. Il s'assit au bord du lit et s'étira.
- Debout, dit-il, sans joie. On a Dracula à aller voir...
- Je serais prête rapidement, répondit la guide en émergeant de sous les draps.
Elle se leva, embrassa Indy et se rua dans la salle de bains. Il s'habilla, s'exhortant silencieusement à réagir. Un tel découragement ne lui ressemblait pas. Pour se motiver, il jeta la chemise à fleurs et remit la beige. Il enfila son pantalon marron, son blouson de cuir et vissa son stetson. En tenue « Indiana Jones », il se sentait déjà mieux. Trente minutes plus tard, ils rejoignirent le car, et Indy reprit sa place de touriste. Puis, après deux heures d'une route sinueuse, ils virent le château de Dracula, au sommet d'une montagne, dont les contours sinistres se découper particulièrement bien dans le soleil levant, d'un rouge sang du plus bel effet. Le car finit par entrer dans la cour du château, passant par un pont-levis faisant office de gueule béante. Les touristes sortirent du véhicule et commencèrent à regarder autour d'eux, prenant quelques photos. Indy fit de même, pour de toutes autres raisons. Il admira immédiatement les efforts fournis en terme de restauration et d'aménagements touristiques, afin d'entretenir le mythe. Il en fit aussitôt part à l'accompagnatrice.
- Oh ! oui, fit-elle en réponse. C'était une inquiétude, car ça fait partie de notre patrimoine. Mais le propriétaire a été très respectueux.
- Propriétaire ? s'étonna Indy. Le château n'est pas géré par l'état ?
- Non, il a été racheté par un investisseur privé, il y a plus de dix ans, lors de la chute du gouvernement Ceaucescu. Le pays était ruiné, et ce rachat a fait du bien à beaucoup de roumains.
- C'était un roumain, justement ?
- Le milliardaire ? Bien sûr que non ! C'était un capitaliste... enfin, un étranger, quoi... Pardon, j'avais oublié que vous étiez aussi un...
- Pas grave, ma belle, je vais pas me vexer pour ça. Il était américain, ce mécène ?
- Non, australien. Un magnat de la presse, je crois.
Indy la regarda et lui fit un sourire éclatant.
- Quoi ? demanda-t-elle, soudain suspicieuse.
- Rien, mon coeur. Tu viens de me remonter le moral !

***

L'infirmière, Nancy, entra dans la chambre, comme chaque matin depuis le réveil de sa jeune patiente. Elle trouva Lara assise sur son fauteuil roulant, à côté de la fenêtre. Et comme souvent, elle pleurait en silence. Nancy prit une chaise et vint s'asseoir à côté de sa patiente, puis lui prit tendrement la main.
- Allons, Lara, ça ne sert à rien, dit-elle. Il faut vous ressaisir.
La jeune femme se contenta de hausser les épaules.
- Il faut vous y faire, d'une façon ou d'une autre, continua Nancy
- Impossible. C'est trop...
Lara sentit un nouveau sanglot la prendre à la gorge, et elle se mordit la lèvre. L'infirmière la prit par les épaules.
- On a prévenu tous vos amis, ils arrivent. Ca va vous faire du bien de les voir.
- Oui, sûrement...
Lara appréhendait ce moment. Elle voulait revoir Alex et Indy, mais dans cet état... Elle secoua tristement la tête.
- Vous avez déjà pris vos pilules ? reprit Nancy, pour changer de sujet.
Lara acquiesça en silence. L'infirmière prit une couverture et la posa sur les jambes de la jeune femme.
- Je suis désolée, Lara, mais l'obtention d'une télé prend plus de temps que prévu. Mais elle va arriver, je vous l'ai promis.
Elle haussa les épaules pour signifier qu'elle s'en moquait.
Les jours qui suivirent ressemblèrent à s'y méprendre aux précédents. Une fois réveillée, Lara se hissait sur son fauteuil pour aller aux toilettes de sa chambre, puis roulait jusqu'à la fenêtre où elle passait la journée à se morfondre en regardant les feuilles mortes tomber. Sa chambre donnait sur un petit parc à l'ambiance bucolique, à la fois apaisant et déprimant. Toutes les trois heures, Nancy apportait un peu de compagnie en même temps que les petites pilules rouges. Mais il était évident pour l'infirmière que Lara n'avait plus le coeur à rien. Elle faisait ce qu'elle pouvait, mais finissait par écourter les conversations.
Un matin, alors que Lara regardait le jardinier ramasser les feuilles mortes, elle se décida soudain. Elle y pensait de plus en plus souvent, et de plus en plus fort, mais quelque chose venait de se déclencher. Une certitude. Une volonté. Le courage. En soupirant, elle plongea la main dans la poche de sa robe de chambre et en sortit le couteau qu'elle avait discrètement pris de son repas de la veille. Elle l'examina lentement : il coupait très bien. Elle eut un pâle sourire en se remémorant qui fut la vraie Lara Croft. Un dernier regard au jardinier, et elle amena le couteau à sa gorge.

***

Le hall d'entrée du château était particulièrement lugubre. La lumière artificielle était très étudiée, entretenant une semi-obscurité angoissante, même en plein jour. Indy ne se laissa pas porter par l'ambiance et regarda autour de lui d'un oeil critique. Il ne tarda donc pas à repérer tous les effets spéciaux employés : l'acoustique du plafond avait été refaite, discrètement, pour rendre tous les sons plus étouffés, des courants d'air avaient été recrées artificiellement pour balayer le hall et les escaliers comme les portes s'étaient vus affublés de grincements supplémentaires. Mais, malgré son regard blasé, Indy dut reconnaître que la magie opérait plutôt bien. Les autres touristes, pris dans l'ambiance, hurlèrent de peur quand « Dracula » émergea soudain d'une porte. Indy ne vit, lui, que l'acteur qui faisait son travail.
- Bienvenue... fit le Comte entre ses dents, dans un anglais à couper au couteau. Je serais votre guide... Peut-être aurez-vous la chance de ressortir d'ici vivants...
Il fit soudain volte-face, faisant tournoyer sa grande cape noire. Indy trouva l'interprétation un brin théâtrale, mais il était clairement le seul à le penser. Il se désintéressa assez rapidement du comédien pour regarder autour de lui.
La visite dura une bonne heure. Le groupe de touriste arpentait inlassablement les méandres du sinistre château, guidé par un « Dracula » au meilleur de sa forme. Le guide disparaît soudain au détour d'un couloir, afin de surprendre les touristes, qui étaient alors bon pour une grosse frayeur suivi d'un fou rire. Ils se régalaient tous de la balade, sauf un. Indy restait en arrière du groupe, et prenait le temps de tout regarder dans les détails. Hélas, il repérait facilement les rouages de la machine touristique, mais rien qui approchait de près ou de loin à une activité occulte et illégale. Tant et si bien qu'à la sortie du château, Indy avait l'impression d'avoir perdu son temps. La frustration le rendait de mauvaise humeur et les prix exorbitants pratiqués dans la boutique de souvenirs où ils venaient de déboucher - évidemment - n'arrangea guère son comportement. La jeune guide le rejoignit alors.
- Ca va ? demanda-t-elle. Vous avez aimé ?
- Ouais, c'était génial... répondit-il, tentant de masquer son ironie.
- Tant mieux. Notre mécène a fait des merveilles. Quand je vous disais qu'il avait respecté le folklore du château.
- Oui, il est formidable.
- Ne vous gênez pas pour lui dire, il est là-bas !
Indy en fut abasourdi. Incapable de réagir, il regarda dans la direction que désignait la jeune roumaine et découvrit trois hommes d'affaire en costume ainsi qu'une jeune femme sobrement vêtue. L'un des hommes était en fauteuil roulant. Se remettant de sa surprise, Indy se tourna vers la guide.
- Ca fait deux fois que tu me remontes le moral, mon coeur !
- Oh... fit-elle en rougissant. C'est si facile...
En souriant, Indy lui posa un baiser sur les lèvres puis se dirigea vers Banks.
Le milliardaire australien le regarda approcher avec une surprise rapidement dissimulée. La jeune femme qui l'accompagnait se plaça aussitôt à côté du fauteuil.
- L'accompagnatrice de mon groupe m'a dit que vous étiez le généreux mécène, commença Indy.
- C'est moi, en effet, bien que ma modestie m'impose la discrétion. Stevenson Banks.
Indy serra la main qu'il lui tendit.
- Enchanté, monsieur Banks, je suis...
- Oh, c'est inutile de vous présenter, docteur Jones. Une sommité telle que vous ! C'est un grand honneur.
- Ma propre modestie risque de souffrir, monsieur Banks. Mais n'êtes-vous pas dans le domaine de la presse écrite ?
- C'est exact.
- Permettez-moi alors de m'étonner que vous me connaissiez. Je ne suis connu que dans mon domaine propre.
- Je m'intéresse beaucoup à l'histoire, docteur Jones. A la mythologie.
- L'archéologie est plutôt l'étude des faits.
- Je vous crois sur parole. Mais à mon tour de m'étonner de votre présence ici, docteur Jones.
Un observateur extérieur qui écouterait la conversation ne verrait aucune différence. Pourtant, le ton venait clairement de changer. Les échanges étaient toujours cordiaux, mais la tension montait rapidement entre les deux hommes, chacun donnant l'impression d'attendre une erreur de l'autre.
- Je viens faire des recherches pour un nouveau cours que je compte dispenser à la prochaine rentrée universitaire, expliqua Indy. Concernant les légendes autour de Vlad l'empaleur.
- Et vous trouvez matière à réflexion, docteur Jones ?
- Plus ou moins. J'ai du mal à trouver des informations sur la légende de Scholomance. Ca vous parle, peut-être ?
- Peut-être voudriez-vous obtenir une visite personnelle du château ? Je peux vous offrir l'accès à des parties fermées au public.
La proposition aimable n'en était pas une, et Indy le savait. Il venait de recevoir l'ordre de suivre Banks dans un endroit moins fréquenté. Banks l'amena à l'intérieur, devant un escalier en colimaçon.
- Je vous laisse ici pour une raison évidente, docteur Jones. Mais ma jeune assistante va vous conduire en bas. A bientôt.
Il s'éloigna. D'un geste péremptoire, la jeune chinoise ordonna à Indy de descendre les escaliers. Il s'exécuta sans chercher à se défendre : il obtenait ce qu'il voulait. Ils finirent par déboucher dans les catacombes du château. La chinoise le poussa dans une cellule et referma sèchement derrière lui. Indy regarda son père assis sur une chaise, au milieu de la petite pièce. Calmement, le professeur Henry Jones déchaussa ses lunettes et essuya lentement les verres.
- Eh bien, Junior...Tout cela me rappelle Buchenwald...
- En effet, Père.
- Espérons qu'on ne mettra pas le feu, cette fois. Ce château est superbe, vraiment. As-tu remarqué les tapisseries ?
- Père ?
- Oui ?
- Je suis moi aussi content de vous voir entier.

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