Partie 2 : A Dream of Red Hands
Chapitre 6 : Le conte de fées devient cauchemar
Aucune nouvelle de la Coterie. Aucune
attaque. Rien. Nada.
Cette inactivité avait quelque chose de profondément malsain.
Je restais enfermée dans la chambre des artefacts, tenant entre mes mains le
sceptre à tête de chacal de Werner.
Chaque jour, mon reflet sombrait un peu plus dans le rubis de ses yeux, me
rappelant le mal que Seth avait fait...Et de plus en plus, les ténèbres de mes
souvenirs s'épaississaient.
Lentement, fatalement, mes certitudes s'effondraient, le doute me gagnant.
Comment...Comment pouvais-je être sûre de ne pas avoir tué Werner dans ma
haine aveuglante ? De la main de qui Bouchard, Eckhardt et Karel étaient-ils
morts ? Avais-je éprouvé une satisfaction personnelle à voir Boaz et Luddick
mourir ? La noirceur me gagnait-elle un peu plus à chaque crépuscule, grâce
à l'influence de Seth que je garderais toujours ?
Les jours sombres envahissaient ma demeure,
recouvrant de ténèbres les coins et recoins matériels, et ceux de mon esprit
devenu fou au souvenir du dieu égyptien et de son aura de mort...
Oui, la folie était tout ce qui me restait.
A pas feutrés j'allai à la cuisine, prenais le couteau tranchant...un éclair
déchira cette nuit d'orage, illuminant la froide lame. Je sentais le contact
du sang de Werner sur ma peau. Bientôt je sentirai autre chose.
Ce n'était pas moi que la Coterie voulait. J'avais été mêlée à une histoire
me dépassant contre mon gré, rien d'autre...J'étais innocente. Ce n'était pas
moi qu'on voulait.
Alors je montai doucement l'escalier, rejoignant la chambre de Kurtis.
Un nouvel éclair m'illumina. Les fantômes passés de Werner, Eckhardt, Karel,
Seth...Je n'avais rien fait, mais je les savais autour de moi.
Alors le couteau s'abattit, encore, et encore. Accroupie au sol, je répétai
le symbole occulte de sang avec le liquide rouge s'écoulant du corps de
Kurtis, avant de me relever.
Le couteau portait des traces rouges. Mes mains aussi. Je regardai le sang
découler de ma peau, sereine, avant de recouvrir le cadavre de Kurtis du
linceul apparu sur le signe au sol.
Et le linceul l'enveloppa, s'étendit, s'étendit, jusqu'à me recouvrir moi
aussi, et j'entendis la voix de Werner.
-A ton tour, Lara.
Je me débattis, mais les ténèbres m'entouraient, descendaient de plus en
plus, aux tréfonds de mon âme...
J'entendais des paroles confuses, je voyais autour de moi des murs blancs
m'entourant comme une prison...Et je ne pouvais plus bouger, ni me débattre,
l'étau du linceul se resserrant comme celui d'une camisole de force. Si je
restais enfermée plus longtemps, j'avais le sentiment que je n'arriverais
plus jamais à être saine. C'était le noir qui absorbait tout. Tout n'était
que noirceur, comme tout ce qui me concernait le serait à nouveau.
Seule une couleur survivait, et c'était la nuance chaude du sang sur mes
mains...
Puis je sentis lentement l'atmosphère
s'évanouir, les sensations disparaître, tandis que mon esprit agité mais
endormi s'enfonçait dans quelque autre rêve...moins cauchemardesque,
espérais-je.
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