Dans son numéro 27 de janvier 99, le mensuel français PlayStation Magazine consacre 3 pages à TR3 ou plus exactement aux bugs de TR3 (bugs d'affichages, de jouabilité, ennemis peu intelligents, etc.).
Cet article a déclenché une réaction en chaîne dans la presse française qui a alors proclamé que TR3 était trop difficile !
C'est bien loin du sens initial de l'article qui ne fait que recenser les bugs de TR3. D'ailleurs, même si ces bugs existent malheureusement, la plupart étaient déjà présents dans TR1 et TR2. L'auteur reconnaît en plus que la majorité des bugs sont au plus gênants et qu'ils n'empêchent pas de jouer. Notons également que dans ce même numéro, le magazine propose une démo de TR3 sur son CD, classe TR3 dans les incontournables de l'année et consacre quelques pages à Nell McAndrew, la nouvelle incarnation de Lara. On peut donc penser que malgré ces bugs pénibles, TR3 reste un bon jeu.
Pourtant, le quotidien français Libération reprend l'information dans son cahier Multimédia du vendredi 8 janvier 99 et la 'gonfle' dans un article virulent (merci à Prem et Mokko pour l'info) : La pulpeuse Lara Croft vient de se faire sauvagement passer à tabac , extrême difficulté du jeu , bugs énormes , etc. En fait, l'article reprend celui de PlayStation Magazine, mais sur un ton beaucoup plus sévère. D'après eux, il semble que, cette fois, la coupe était pleine et que le testeur maison chargé du défrichage du jeu, Dave Martinyuk, avait des arguments suffisamment sérieux pour justifier qu'on marquât le coup . Quel coup ? Il existe un décalage entre l'article initial et le message de Libération, avec surtout la mise en avant d'une extrême difficulté du jeu .
Mais sans chercher plus loin, des ténors de la presse française ont fait de l'écho à Libération. Un de mes lecteurs, Pascal Bedaton, rapporte un reportage qu'il a vu aux actualités de France 2, chaîne télévisé nationale, le lendemain : Le reportage a parlé du phénomène Lara Croft, de l'augmentation fulgurante du chiffre d'affaire d'Eidos, de la pub Seat que l'on a pu revoir en entier, de Tomb Raider 3 avec ses bugs et du patch correctif créé par Eidos pour remédier à ça, de la trop grande difficulté de jeu de TR3 (apparemment à l'unanimité des utilisateurs !). En conclusion, le journaliste a posé la question de savoir si un épisode/an n'était pas de trop pour la qualité du jeu.
La prétendue trop grande difficulté du jeu a été également évoquée sur France-Info, une radio d'information nationale, au cours du dimanche, en citant comme source PlayStation Magazine !
Sans plus réfléchir sur le traitement dans l'information dans la presse (quoique ce qui fait sourire pour un sujet aussi futile fait peur si on l'imagine appliqué à des sujets plus graves), il convient d'essayer de comprendre ce qui est reproché à TR3 et de faire la part du vrai et du faux.
Une piste est fournie par l'argument massue de Libération : La Lara Croft de Tomb Raider III n'est plus l'amie des vrais joueurs. (....) La rumeur n'avait cessé d'enfler chez les hardcore gamers et sur la multitude de sites web spécialisés. Il est vrai que certains sites ont mal accueilli TR3 et que certains joueurs dénigrent le jeu.
Car TR3 n'est pas un 'bon' jeu d'après les 'vrais' joueurs. Les raisons sont multiples :
- TR est trop ancien. Dans ce milieu, il faut avoir la toute dernière nouveauté, si possible en bêta, qui exploite déjà la carte 3DFx3 qui sortira l'année prochaine... TR, c'est du déjà vu.
- TR est trop compliqué. Les 'vrais' joueurs préfèrent Quake ou Doom : beaucoup d'action et (très) peu de réflexion. Pousser des caisses pendant des heures, chercher des leviers, ne les intéresse pas, alors que c'est ce qu'apprécient le plus les fans de TR. Un 'vrai' joueur doit terminer un jeu en moins d'une semaine (car il est très fort vu que c'est un "vrai" joueur), et avec TR, c'est pas gagné !
- TR est trop connu. Les 'vrais' joueurs sont une élite. Ce qui attire le grand nombre des joueurs moyens (comme TR) ne peut les intéresser.
Cette analyse est - je l'accorde - plutôt ironique voire sarcastique. Mais le principe est vrai. Les 'vrais' joueurs cherchent alors de fausses excuses : TR n'a du succès que grâce à Lara, le jeu est trop difficile, etc.
Que peut-il être vraiment reproché à Tomb Raider 3 ?
- D'avoir fait du neuf avec de l'ancien : peu de choses ont changé depuis TR1 et TR2. Ce n'est pas gênant quand on aime TR, mais il ne fallait pas se vanter à longueur d'interviews que le changement serait radical.
- D'avoir de nombreux bugs d'affichage (et surtout d'avoir dit qu'ils seraient corrigés). L'article de PlayStation Magazine est mérité.
- D'avoir des bugs qui bloquent le jeu : heureusement un patch est sorti (TR3 est d'ailleurs loin d'être le seul jeu dans ce cas, même si ce n'est pas une excuse)
- De ne pas avoir une difficulté progressive : dans TR1, le premier niveau était simpliste, puis la difficulté augmentait progressivement. Dans TR3, le premier niveau n'est pas simpliste et le deuxième carrément difficile pour des débutants.
- De sentir le 'vite-fait' : certaines choses auraient pu être plus soignées, en particulier le scénario.
Pour conclure, je ne cherche pas à défendre TR à tout prix. Certaines critiques me semblent justifiées (voir ci-dessus). Mais d'autres ne sont pas fondées, en particulier que le jeu est extrêmement difficile à jouer. Et surtout, il me semblait nécessaire de montrer comment un article bien senti mais parfaitement justifié d'un magazine a été complètement déformé.
Après, on aime ou on aime pas TR3...
|