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Astrificum

Astrificum, Chapitre 2, par Pitoch, le 24 octobre 2002.

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Chapitre 2

La soirée se déroulait exactement comme toutes les soirées mondaines du même type : des groupes de personnes discutant un verre à la main, des serveurs navigant littéralement entre tous les convives, un plateau de verres ou de petits fours à la main. Tout ce petit monde se cotoyait dans un léger brouhaha de paroles, doucement accompagné par une musique douce servie par un petit orchestre classique tapi dans un coin de l'immense salle de réception de l'université de Bombay.
Lara s'ennuyait. Bien qu'habituée à ce cérémonial, elle préférait l'action et l'adrénaline. Et ici, le défi s'appelait Indiana Jones. Et elle était frustrée, également. Elle en était au point où elle lui aurait volontiers sauté dessus pour lui faire avouer par la force ! Mais elle devait être subtile, son " adversaire " étant très intelligent.
- ... histoire, vous ne pensez pas, chère amie ?
Elle n'écoutait même pas l'ambassadeur qui la serinait depuis un bon moment. Elle hochait de temps en temps la tête, lançait un sourire par-ci par-là, mais son regard était irrémédiablement attiré par Jones. Plusieurs fois déjà, elle était retournée lui parler, sans résultat. Il prenait son air charmeur et détournait la conversation. Il la prenait clairement pour une charmante idiote, et ça lui était insupportable.
- Veuillez m'excuser, monsieur l'ambassadeur, dit-elle avec un sourire
- Je vous en prie, Miss.
Lara quitta la conversation et s'approcha de Jones. Celui-ci afficha aussitôt un immense sourire et la salua d'un mouvement de tête.
- Mademoiselle Croft, c'est toujours un plaisir ! s'écria-t-il.
- La chaleur est étouffante, ici. Si nous sortions ?
Elle savait qu'elle risquait le malentendu. Mais elle venait de trouver un nouvel angle d'attaque. Le professeur lui offrit son bras et ils sortirent donc sur le balcon. L'air y était assez frais, et Lara regretta presque aussitôt d'etre sortie. Elle frissonna et croisa les bras. Jones, prévenant, lui mit d'autorité la veste de son smoking sur les épaules.
- Parlez-moi de votre grand-père, dit-elle.
- Il semble vraiment vous fasciner...
- Je suis archéologue, professeur, et Henry Junior Jones est une sommité...
Jones sembla se raidir et se renfrogner. Lara jubila intérieurement : il avait mordu.
- Ais-je dis quelque chose de mal ? s'étonna-t-elle innocemment.
- Bien sûr que non, sourit-il en se resaisissant. Mon grand-père détestait simplement qu'on l'appelle Junior.
- Donc il a pris le nom d'Indiana... Et vous avez été prénommé en hommage à votre grand-père...
Jones garda le silence, le regard perdu dans l'immense parc sombre face à eux. Lara le dévisagea en silence, et sursauta quand il se retourna vers elle.
- Que cherchez-vous à Bombay, Miss Croft ? dit-il soudain.
- Je suis en voyage d'affaires, et...
- Ne mentez pas ! cria-t-il en la saisissant violemment par les épaules. Vous êtes venu pour moi, n'est-ce pas ?
Discrètement, Lara saisissa le petit revolver placé dans sa jaretelle, le long de sa cuisse droite, et le pointa aussitôt sur le ventre de Jones, avec une légère pression, pour lui faire comprendre.
- Lachez-moi et calmez-vous, dit-elle froidement. Ne me forcez pas à prouver que j'ai raison sur vous et votre... " pouvoir ".
- Mais si vous avez raison, miss, je ne crains rien et peux vous désarmer sans risque, non ?
- Puisque nous semblons parler de la même chose, je peux considérer cela comme un aveu de votre part ?
- Un aveu de quoi, Lara ?
- Tiens, plus de " miss Croft " ? Vous êtes le même Indiana Jones ! Vous avez trouvé le Graal, vous...
Lara se sentit soudain très faible, la bouche séche et la vue trouble. Elle était trop habituée à ce genre de choses pour ne pas comprendre aussitôt. Toute force la quitta, et le revolver lui glissa des mains. Ses jambes ne pouvant plus la tenir, elle perdit l'équilibre et se retrouva aussitôt dans les bras du professeur Jones. A bout de souffle, ne sentant plus son corps, elle se tourna alors vers son visage.
- Vous... êtes un....
Et elle perdit connaissance.

Lara Croft s'éveilla, la bouche pateuse, mais sans maux de tête. Elle laissa volontairement ses yeux fermés, et ne bougea pas. Question d'habitude : jauger la situation avant de montrer que l'on est éveillé. Elle était allongée. Sur un lit. Elle n'avait plus sa robe de soirée mais n'était pas nue. A sa droite, quelqu'un. Qui ne prenait aucune précaution pour être discret. Un bruit de verres qu'on repose. Une odeur d'encaustique et de parfum bon marché. Certainement une femme de ménage.
- Réveillée, Lara ?
La voix du professeur Jones retentit sur sa gauche. Lara soupira et ouvrit les yeux. Elle se dressa sur ses coudes et rattrapa de justesse le drap qui glissait. Elle le remonta précipitamment au-dessus de sa poitrine avant de réaliser qu'elle n'était pas nue.
- Vous avez de drôle de façon d'attirer les femmes dans votre lit, professeur Jones, ironisa-t-elle.
- Je suppose que de plates excuses ne suffiront pas ?
- Des explications, au moins. Suis-je votre prisonnière ?
- Prisonnière ? s'écria-t-il, outré. Voyons, un peu de sérieux. Je vous ai amené chez moi, et j'ai fait transférer vos affaires. Je vais donc me retirer pour vous permettre de vous changer, et nous discuterons plus tard.
- Vous êtes donc bien l'Indiana Jones de 1936 ?
- Oui, Lara, c'est bien moi.
Le professeur Jones se leva et se dirigea vers la porte de la chambre.
- Encore une chose, professeur ! l'interrompit-elle. Pourquoi m'avoir droguée pour me faire venir ?
- Je vous ai rattrapée de justesse sur le balcon, hier soir, et je vous ai transportée ici. Mais ce n'est pas moi qui vous ai droguée...

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