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Astrificum

Astrificum, Chapitre 3, par Pitoch, le 24 octobre 2002.

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Chapitre 3

Lara s'assit sur le lit et passa sa main sur sa nuque, sous ses cheveux. Elle était perplexe. Intriguée. Un peu en colère, bien sûr. Mais surtout très intriguée. Elle finit par se lever et fit rapidement le tour de la chambre, pieds nus et en pyjama de soie. La pièce était décorée et meublée en style indien, avec quelques touches occidentales disséminées un peu partout, comme un effort de garder son identité culturelle malgré tout. Elle s'approcha ensuite de la fenêtre, en écarta les rideaux et constata que sa chambre donnait sur une jolie cour intérieure typiquement indienne, avec une fontaine ouvragée au centre. Elle relacha les rideaux et continua son investigation. Dans un coin de la chambre, elle découvrit la penderie, avec toutes ses affaires soigneusement rangées. Elle s'accroupit dans le placard et ouvrit un de ses sacs pour constater la présence rassurante de ses armes.

- Bien, bien, bien... se dit-elle à voix basse.

Elle se redressa et se choisit une tenue compléte : pantalon de toile souple, chemisier léger et chaussures légères. Elle jeta le tout sur le lit et s'approcha d'un grand bureau dans le coin opposé de la chambre. Elle ouvrit les tiroirs à la volée et trouva un morceau de papier dans le dernier : " vous êtes vraiment très curieuse, miss Croft ". Elle ne put s'empécher de sourire. Elle s'approcha enfin d'une porte située non loin du lit et trouva son unique but du moment : la salle de bains. Elle s'y engouffra en soupirant d'aise.

Quand Lara descendit, elle se sentit héroine d'un vieux film traitant de l'époque coloniale. Les grands escaliers latéraux, tournant en bas pour déboucher bien en face d'un grand salon meublé dans le style colonie anglaise en Inde, un majordome portant un sari, et un professeur Jones en costume, assis dans un immense canapé, face à une table basse surchargée par un copieux petit déjeuner. Galant, Jones se leva immédiatement dès qu'il aperçut Lara.

- Vous êtes absolument radieuse, chère amie ! dit-il en s'inclinant légèrement.
- Vous êtes bien aimable, Jones ! dit-elle en s'essayant dans le canapé, face à lui. Je meurs littéralement de faim.

Elle prit un des plateaux de biscuits et s'installa confortablement, puis claqua des doigts. Le majordome indien accourut aussitôt pour lui servir une grande tasse de thé.

- Sans sucre, s'il vous plait ! lui précisa-t-elle en attaquant les biscuits.

Un peu désarmé, Jones se réinstalla, prit sa tasse et sirota son thé en silence. Lara finit son petit déjeuner, s'essuya les lèvres avec une serviette et la jeta négligemment au milieu de la table. Elle croisa les jambes, passa un bras derrière le canapé et dévisagea le professeur face à elle.

- Alors, Jones, quand retournons-nous à l'université ? demanda-t-elle de but en blanc.
- Nous ? releva-t-il.
- Evidemment, nous ! Je compte bien vous aider dans votre enquête !
- Mon enquête ? (il reposa sa tasse, s'essuya lui aussi ses lèvres et croisa ses jambes) Et sur quoi suis-je censé mener une enquête, Lara ?
- Eh bien, sur la ou les personnes qui me veulent du mal, bien entendu ! J'ai été droguée en plein dans votre université, professeur !

Lara venait de marquer un point décisif. Ils le savaient tous les deux, mais aucun ne le montra. Chacun se drapa dans une naiveté feinte qui ne pouvait pas tromper l'autre.

- Eh bien, commençons tout de suite ! dit-il dans un sourire. Vous connaissez-vous des ennemis ici, à Bombay, Lara ?
- Pas de ça avec moi, Jones ! dit-elle calmement. Ma visite était impromptue, je l'ai décidée au dernier moment. Il faut chercher des ennemis de votre côté, professeur.
- Du mien ? Serais-je visé ? Ce serait intelligent. Ils droguent votre verre en espérant que notre coup de foudre et notre amour naissant nous entrainent à échanger nos verres sur le balcon. C'est en effet génial !
- Vous avez un humour décapant, professeur... grinça-t-elle.
- Comment ? Le coup de foudre n'est pas réciproque, belle Lara ?

Lara se tut, ignorant la dernière pique de Jones. Elle changea de position pour se retrouver penchée dans sa direction, les coudes sur les genoux.

- On me drogue, je m'écroule devant tout le monde, on vous accuse, on vous arréte, et le temps de vous en dépétrer, les méchants ont les coudées franches.

Jones l'écouta avec attention, puis fronça les sourcils. Il se leva et s'approcha de la table, où son smoking emballé sous plastique attendait de partir au pressing. Il déchira la housse et se mit à fouiller les différentes poches. Il finit par extraire un petit sachet contenant une fine poudre jaunâtre. Il revint s'asseoir et jeta le sachet sur la table.

- Vous devez faire des recherches vraiment intéressantes, en ce moment... ironisa Lara avec un petit air de triomphe.

Jones ne releva pas et la dévisagea en silence. Il reprit la parole d'un air grave, au moment où ses yeux fixés sur elle devenaient génants.

- Je vais à l'université ! (il se leva). Vous m'accompagnez, Lara ?
- J'adore vraiment votre humour, vous savez ? dit-elle.

La villa d'Indiana Jones était située bien à l'extérieur de la métropole et dans une zone légèrement surélevée par rapport à elle. Au bout de quelques kilomètres, la route déboucha au sommet de la " vallée ", et ils purent admirer l'immense amas de bâtiments en contre-bas. Il faisait un temps superbe en cette fin de matinée, et la fumée noirâtre qui s'élevait dans un coin de la ville n'en était que plus visible.

- Je suppose que l'université est située à peu près dans cette zone ? demanda Lara.

Jones ne prit pas la peine de répondre et appuya sur l'accélérateur. Le puissant roadster bondit et avala la route à toute vitesse. Heureusement pour eux, la circulation était fluide, et ils atteignirent l'université au bout de quelques dizaines de minutes.

L'université de Bombay était en feu. Tout du moins l'aile droite. L'agitation était intense. Des personnes continuaient de sortir en courant par la porte principale, immédiatement recueillies par les secours. Une douzaine de camions de pompiers bombardaient les flammes avec leurs puissants jets. Tout le périmètre avait évidemment été bouclé par les forces de police. Les hurlements, les cris, les flammes, les pans de murs qui s'écroulent, les sirènes des différentes factions présentes, tout cela faisait un vacarme impressionnant. Lara et Jones sortirent de la voiture et s'approchèrent à la limite du cordon de sécurité. Jones avait les yeux écarquillés, comme s'il attendait de se réveiller d'un mauvais rêve. Puis il se relacha soudain, soupira et croisa les bras.

- Vos recherches doivent vraiment être passionnantes, professeur ! s'exclama Lara.

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