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Astrificum

Astrificum, Chapitre 5, par Pitoch, le 17 mars 2003.

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Chapitre 5

Le Roadster roulait à une vitesse modérée, principalement à cause de son absence de pare-brise, qui donnait une grande prise au vent. En rajoutant à cela les divers impacts de balles ornant la carrosserie, l'impression que la voiture revenait d'un champ de bataille était parfaite. Les deux occupants étaient silencieux, sur le chemin du retour, perdus dans leurs propres pensées.

- J'ai trouvé ! s'écria soudain Jones, faisant sursauter sa passagère.

- Vraiment ? s'étonna Lara. Et que cherchaient-ils donc dans votre bureau ?

- Angelina Jolie !

- Pardon ?

- Angelina Jolie ! Vous ressemblez vraiment à Angelina Jolie, l'actrice américaine ! Depuis le début, je cherchais à qui vous me faisiez penser ! Je viens de trouver ! Vous voyez ? C'est la fille de Jon Voigt !

Jones se tourna vers Lara et la découvrit les yeux écarquillés de stupeur, la bouche ouverte en le regardant fixement. Il se mit à sourire.

- Désolé... ria-t-il.

- Vous êtes... incroyable... dit Lara, stupéfaite.

Ils arrivèrent à la villa, et Jones enfourcha aussitôt une moto. Il agrippa un deuxième casque et le lança à Lara, qui le reposa aussitôt.

- Merci, mais je reste là, dit-elle. Partez fouiller les ruines et faites attention à vous !

- Aurais-je réussi à vous dompter ? s'étonna Jones, avant de démarrer en trombe devant le regard furibond de la jeune femme.

Une fois seule, Lara rentra dans la villa et récupéra ses affaires dans sa chambre. Elle redescendit et posa son ordinateur portable sur une grande table. Elle fit les branchements nécessaires, s'assit face à l'écran et fit craquer ses doigts pour les assouplir.

- Bienvenue dans l'ère d'Internet, Professeur ! sourit-elle.

Et elle commença ses recherches.

Jones revint quelques heures plus tard, et déposa un imposant sac sur la table, à côté de Lara, maintenant vautrée dans son fauteuil, face à son portable.

- Vous avez pensé à mon shampooing, en faisant les courses ? soupira-t-elle en lorgnant sur le sac.

- Zut ! s'exclama Jones en se tapant le front. J'ai complètement oublié et, plus grave, j'ai aussi oublié la bague de fiançailles que je vous avais promis !

Lara ne put réprimer un petit sourire gêné, et tapa sur quelques touches du clavier d'un air soudain concentré.

- Notre ami Rick Stavinson travaille dans le bâtiment à Minneapolis, dans le Minnesota, dit-elle en affichant sa photo à l'écran. Marié, pas d'enfant. Employé du mois à deux reprises l'année dernière.

- Un citoyen américain modèle, en somme... soupira Jones. Ce qui me donne raison.

- A propos de ?

- Il s'agit forcément d'une secte. Ce gars a forcément été enrôlé pour se retrouver à foutre le feu dans l'université de Bombay !

- Ca cadre pas...

Un bruit de vitre qui se brise retentit alors, immédiatement suivi de petits bruits de roulements. Regardant dans la même direction, Lara et Jones virent une dizaine de grenades rouler à vive allure dans leur direction. Ils restèrent complètement paralysés l'espace d'un instant, comme hypnotisés par la menace mortelle qui roulait vers eux. D'un même élan, ils se ruèrent dans la direction opposée et furent rapidement projetés par le souffle des explosions simultanées. Abasourdis et assourdis, ils se relevèrent tant bien que mal au milieu des gravats.

- Mon salon ! gémit Jones.

- Attention, c'est pas fini ! hurla Lara malgré elle, étant temporairement sourde.

Plusieurs hommes, armés de mitraillettes, venaient de faire leur entrée dans les restes du salon

- Veuillez vous rendre sans résister, Professeur Jones ! retentit une voix derrière les hommes de main.

- Fuyez, ils ne me tueront pas, murmura Jones. Je suis blessé de toute façon, je ne pourrais pas courir.

- Ne vous inquiétez pas, Jones, je m'occupe de tout !

Lara se rua dans l'escalier proche, aussitôt suivie par une salve de mitraillettes. Les impacts firent voler des morceaux de mur tout près d'elle.

- Rattrapez-la ! hurla la voix

Lara se rua dans sa chambre et récupéra ses deux magnums qu'elle avait jeté sur le lit. Elle se retourna juste à temps pour descendre les deux premiers hommes de main. Couché sur le lit, face à la porte, elle était bloquée par la tension, les revolvers visant l'entrée, prêts à tirer. Elle entendit plusieurs pas se rapprocher.

- Allez, bouge ma fille... se violenta-t-elle. Ne reste pas là...

Au prix d'un gros effort de volonté, elle roula sur le côté et tomba du lit, juste à temps pour éviter une salve de mitraillette qui fit voler la mousse du lit. Lara se mit à rouler dessous, ressortit de l'autre côté et descendit deux nouveaux tueurs, avant de repartir sous le lit. Elle y resta immobile. Le silence s'installa dans la chambre. Soudain, Lara se rua hors du lit et se jeta par la fenêtre, heureusement ouverte, poursuivie de très près par les balles des tueurs. Emportée par son élan, elle bondit en direction d'un balcon en léger contre-bas par rapport à sa fenêtre, mais de l'autre côté de la cour. En l'air, à l'apogée de son saut, elle s'orienta pour tourner sur elle-même et tira sur les tueurs qui l'ajustaient une fois la tête en bas, les forçant à se replier suffisamment longtemps pour lui permettre d'atterrir, certes violemment, mais vivante, sur le petit balcon. Sans perdre de temps, elle sauta dans la cour et s'accroupit aussitôt, les sens en alerte. Elle sentit alors quelque chose de métallique appuyer sur l'arrière de son crane, au milieu de ses cheveux, ce qui la fit tomber à genoux, suivi du craquement significatif d'un fusil à pompe que l'on charge. Elle tenta de calmer sa respiration galopante, et jeta ses deux revolvers au loin, et leva lentement les mains.

- Vous êtes surprenante, mademoiselle, dit l'homme se trouvant du bon côté de l'arme. Vous êtes efficace. Les apparences sont délicieusement trompeuses.

Il parlait calmement, sans aucun stress, et avec un fort accent français.

- A qui ai-je l'honneur ? osa-t-elle demander.

- Auriez-vous l'obligeance de mettre vos charmantes mains dans votre tout aussi charmant dos ? dit-il, ignorant sa question.

- Ai-je les moyens de refuser ? soupira-t-elle en s'exécutant.

D'un geste rapide et efficace, l'inconnu lui lia les poignets avec une solide paire de menottes. Il l'empoigna fermement par un bras et la remit debout en la soulevant comme il aurait soulevé une plume. Lara en profita pour jeter un rapide coup d'oeil dans sa direction. Elle découvrit un homme réellement imposant, brun, bien mis et portant un costume ample et très bien coupé. Son visage respirait la sérénité et l'absence totale d'émotions négatives. Ensemble, ils retournèrent dans la pièce principale, dont la moitié était maintenant en ruine. Une bonne quinzaine d'hommes de main tenaient position tout autour du salon. Au centre, un homme d'une cinquantaine d'années, que Lara identifia comme le chef, était accroupi sur un Indiana Jones inconscient et en sang. Il se redressa et se tamponna la bouche et le nez avec un carrée de soie. Il s'approcha de Lara d'un air mauvais. Elle recula, mais buta contre le colosse français derrière elle. D'un air détaché, le vieil aristocrate gifla violemment la jeune femme. La brutalité et la soudaineté du coup amena Lara au bord des larmes.

- Frapper une femme attachée est d'une élégance rare, cher ami... tenta-t-elle d'ironiser en se recomposant une dignité.

Sans un mot, et toujours dans le plus grand calme, l'homme la gifla sur l'autre joue, avec autant de violence. Lara sentit quelques gouttes de sang s'écouler de son nez.

- Le principe de l'interrogatoire, c'est de poser des questions et de frapper après ! sourit-elle.

Elle encaissa une nouvelle gifle. Elle commençait à flancher sur ses jambes, mais surtout à ressentir des sueurs froides le long de son échine. Ce type allait la battre à mort sans dire un mot et sans même hausser un sourcil ! Maintenant à moitié assommée, le visage tuméfiée, Lara sentit qu'on lui dénudait l'épaule. Elle sentit une aiguille s'enfoncer dans son bras, et perdit aussitôt connaissance.

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