Chapitre 14
De légers bruits symboles de claquements
furtifs de talons se rapprochèrent dans le long couloir. Ces bruits n'étant
pas réguliers, on ressentait facilement la petite hésitation de la personne
approchant.
Seul dans la chambre, il attendait depuis longtemps ce son qui le fit
légèrement sourire. Les fins rideaux du lit à baldaquin vacillaient
doucement au contact du vent réussissant à se faufiler dans l'entre
bâillement de la fenêtre. La chambre paraissait avoir été décorée avec pour
model les anciens châteaux royaux, sous la dominance de la couleur rouge et
or. Le grand lit pouvait y laisser coucher deux personnes, et son épaisse
couverture de velours rouge foncé possédait des contours brodés avec du fil
doré. La moquette très épaisse laissait les chaussures s'y enfoncer
profondément, et gardait la douce chaleur qui dansait dans la pièce. De gros
cadres accrochés au mur bordaient des peintures de paysages, en particulier
des lacs et plages permettant de s'évader au bord de l'eau.
Son regard se plongea dans les tableaux, il
avait l'impression de sentir la délicate odeur de l'eau, et les caresses de
la brise marine effleurer ses joues giflées.
La porte derrière lui s'ouvrit dans un léger grincement avant de se refermer
avec un clic timide, la jeune femme entra.
« Je n'ai pas réussi à retrouver Tokko, elle est introuvable. Mais elle
aurait été aperçue pour la dernière fois à New York. Plusieurs civiles sont
morts à cause de sa folie. »
« C'est problématique. Cette petite peste ne m'attire que des ennuis ! Je
n'aurais pas dû t'écouter et la supprimer comme j'en convenais. »
« Je suis désolée... »
« Peux m'importe tes insignifiantes excuses. Je t'ai juste demandé de la
retrouver. Que sais-tu sur les événements de New York ? »
« J'ai pu récupérer plusieurs rapports, notamment de qui tu sais. Il a
confié l'affaire à John... »
« Ai-je... bien compris ? »
Gênée, elle baissa la tête, affichant également une honte effrayée par
l'attente de la colère de son maître. Elle se serra dans ses bras, comme
pour se protéger d'une éventuelle brutalité.
« Hélas... »
Il fit volte-face, subitement sa nervosité venait de prendre le dessus, la
situation exposée ne lui plaisait que très moyennement, au point de faire
sursauter la créature qui resserra ses bras.
« Je lui avais pourtant ordonné d'éviter ce genre d'erreurs enfantines ! Il
est encore trop tôt pour confronter mon petit frère à ce genre de situation.
Enfin bref, comment se porte-il ? »
« Tu poses de ces questions... »
« Je m'inquiète pour la santé de ma famille, c'est normale non ? »
« Ta famille... ? »
« Donc ? » Insista-t-il en renforçant le ton
Il ne valait mieux pas trop jeter d'huile sur le feu déjà bien engagé. Elle
avait manqué à son devoir, et en était parfaitement consciente. Pourtant
elle se refusait à recevoir une quelconque morale méprisante, d'où son
attitude hautaine avec laquelle elle essayait de dissimuler son manque
d'assurance. Elle se redressa alors, se tenant droite, s'efforçant de ne pas
regarder son maître dans les yeux.
« Il a été transféré d'urgence à l'hôpital, d'après quelques témoins, il
n'avait strictement aucune chance de s'en sortir. Notre Tokko ne l'a pas
raté on dirait. »
« Comme c'est triste. Et Mademoiselle Lady Croft ? Tu ne m'as encore rien
dit à son sujet. »
Son estomac se compressant, l'adrénaline fit alors monter le stress, cela se
ressentit dans sa voix devant subitement très basse et tremblante. Elle
avait presque espéré que le nom « Croft » ne vienne pas dans la
conversation, même si cela semblait évident.
« C'est elle qui a trouvé John, elle attend à l'hôpital. »
Il stoppa, comme si les muscles de ses jambes avaient subitement cessé de
répondre au moindre ordre de son esprit. De dos il ne tourna que légèrement
la tête, encadrée par sa longue chevelure noire il présenta un visage plein
de mépris et d'insatisfaction. A petits pas il s'approcha de la jeune femme.
L'assurance de celle-ci s'évaporait alors au fur et à mesure que la distance
qui la séparait de son maître raccourcissait. Il posa alors son index et
majeur sous son menton de la créature tremblante, lui redressant la tête
afin que leur regard soit à la même hauteur. Ce sourire, ce sourire fourbe
prit alors ses lèvres, ce sourire toujours signe de mauvais présage, la
jeune femme eu alors peur, il lui transmettait la peur afin de l'en faire
trembler pour afficher son infériorité.
« Je croyais qu'ils s'étaient disputés ?! Tu ne me dis pas tout dis, ma
tendre...Aya... »
« Leur amitié est tenace... ils...ils ne se séparent pas facilement. »
Leurs visages se rapprochèrent, la peur de
Aya ne fit qu'augmenter en sentant la chevelure de Quinze caresser ses
épaules et son coup comme pour l'étrangler. L'odeur du sang vint enter dans
ses poumons, le liquide s'écouler du visage de son maître comme un mince
filet de pluie.
« Je vois ça, tu me déçois une fois de plus. »
« Je... »
Il la lâcha alors en reculant violemment. Frappant l'air et fracassant un
vase qui s'émietta sur la moquette dans un fracas surprenant. La colère
déformait les traits de son beau visage, il avait en quelques secondes
changé totalement d'attitude.
« Ne me dis pas que tu es désolée. Tu m'écoeures ! Cette Croft vous attendrit
tous, je vais remédier à cela ! »
« Que dois-je faire? » Demanda Aya d'une petite voix enfantine
« Trouves Tokko ! Je ne puis contrôler son esprit en raison de la rébellion
de son jeune âge, alors à toi de trouver les mots qui conviennent. En
attendant, je vais donner la vie à un nouvel allié, une nouvelle poupée,
spécialement née pour tuer Croft...»
Aya se pencha doucement en avant en signe de salut et de respect. Elle
quitta de suite la pièce, angoissée et poussée par la panique. Une fois la
porte refermée, elle soupira comme si elle avait retenue sa respiration
durant toute la conversation. Il était des plus faciles pour Quinze de
contrôler ses sentiments et lui infliger des peurs, comme il avait pu le
faire pour Croft en Amérique du Sud, en ayant récupéré ce pouvoir sur Linda
Bumn...
Elle se mit alors également en colère, tout
ça s'était la faute de Lara, elle ne faisait que provoquer la haine de son
maître et dévier les ambitions de John. Pourtant, contrairement à Quinze, et
sans savoir quelle en était la raison, Aya ressentait comme de l'amitié pour
cette femme. Cette femme qui fut la première, à la regarder, comme si elle
était, un véritable être humain.
Sa colère venait de le pousser à bout. Il n'aimait pas voir les événements
le dépasser, la situation glissait entre ses doigts, et cela ne faisait
qu'intensifier sa haine. En ouvrant rapidement les portes-fenêtres, il
sortit sur le balcon. Le vent prit alors de suite sa chevelure, la fraîcheur
du fond de l'air pénétra ses poumons ardents, semblant vouloir éclater à
chacune de ses inspirations. Son long manteau noir plana derrière lui dans
un bruit distinct.
Se penchant à la balustrade en serrant le fer de ses mains, le métal sans
retrouva déformé par la force de la créature. Des petites goûtes de sang
tombèrent sur les gants de cuirs avant de glisser en bas de la rue pour
s'éclater au sol. Une large plaie encore à vif transperçait en deux le
visage de Quinze du haut de son oeil gauche jusqu'à la droite de son menton.
Le fait d'avoir crispé tous les muscles de son visage avait provoqué le
saignement de la plaie.
Il se redressa alors, pencha la tête en arrière en riant, un rire cynique et
machiavélique.
« Il est futile de s'énerver de la sorte, ce n'est qu'un simple petit
soucis, cela va bien vite s'arranger. »
Croisant les bras, son regard se promena au hasard sur la ruelle de l'étage
du dessous. L'activité y était importante, beaucoup de voitures et de
piétons circulaient à vive allure. Ils étaient petits, si petits, tellement
insignifiants, cette population de misérables ne devait que prier pour la
rédemption, avant de disparaître dans le néant. Ses yeux partir vers
l'horizon, bien plus loin que tout et ce sourire revint hanter ses lèvres.
« Ma très chère Lara...je vais t'arracher les plumes une par une et te broyer
les ailes de mes mains surpuissantes... ! »
Les couloirs étaient d'un blanc cassé aveuglant du sol jusqu'au plafond en
passant par les murs. Le comptoir d'accueil se fondait dans cette même
couleur, il n'y avait encore personne derrière lui, de toute manière il n'y
avait aucun signe de vie dans cet hôpital, tout était blanc, comme la mort.
La pendule affichait 6h du matin, le TIC
TAC était insupportable, c'était le seul son qui résonnait dans tout le
couloir vide de vie. On pouvait aller n'importe où, ce TIC TAC continuait
d'être aux oreilles, comme si l'horloge fonctionnait directement dans la
tête.
Des bancs de bois permettaient aux nombreuses personnes attendant de pouvoir
s'asseoir le long des murs, combien de personnes avaient du pleurer sur ces
bancs la perte d'un être cher ? Lara, elle, refusait de s'asseoir sur ces
bancs glacés et ne tenait pas en place, faisant les cent pas dans le
couloir. Elle devait déjà avoir du parcourir plusieurs kilomètres à vive
allure, et sentait ses jambes courbaturées étirer ses muscles à chaud. Toute
la nuit elle n'avait cessé de marcher, et de faire des demis tours, on
aurait pu penser, avec humour, que le sol se serait creusé avec l'usure.
Elle ne pouvait y croire et renonçait d'essayer de tirer des conclusions
douloureuses. Transpercé de la sorte, John ne pouvait que mourir. L'épée
l'avait presque coupé en deux, elle avait vu le sang se répandre autour de
lui, le flux de la mort s'écoulant de sa plaie affolante. Il avait été tout
de suite emmené en ambulance, plongé dans un profond coma. Mais
l'aventurière ne pu en savoir plus, elle pensait certainement que
l'opération avait du durer toute la nuit, mais même cela aurait du être
impossible car John aurait du mourir avant même d'arriver à l'hôpital. Elle
aura donc vu pour la dernière fois son ami, ainsi, en train de mourir ? Non
pas comme ça, ce n'était pas concevable...
Un bruit de talons s'approchant percuta ses
oreilles attentives au moindre bruit. La jeune femme se retourna et reconnu
de suite le médecin qui s'occupait de John. Immédiatement elle tenta de
déchiffrer les mots de son visage, mais celui-ci manquait d'expression, il
n'y avait rien à lire, ce manque de sentiment la fit paniquer. Elle bondit
presque sur lui, agrippant sa blouse blanche avec fermeté et colère, sous la
surprise du médecin qui eu presque peur de se faire frapper, elle recula
dans une position de défense instinctive. Les mains de l'aventurière
tremblaient rageusement, elle aurait pu décharger sa haine sur n'importe
quoi, et fracasser le béton de son corps déchaîné. Prise alors d'une grande
culpabilité, la jeune femme se sentit honteuse.
« Tout ceci s'est produit par ma faute. J'aurais du écouter comme pour
toujours mon instinct et tirer directement...quelle sotte je fais docteur. »
L'aventurière serrait la blouse du médecin, qu'elle faillit même déchirer
par la force de ses mains. Elle tremblait de tous ses membres, les images
des événements passés lui broyant les jambes.
Le médecin haussa les épaules en levant les yeux au ciel, et lui prit les
mains afin qu'avec douceur il puisse détacher les doigts hargneux de
l'archéologue de ses vêtements déjà froissés.
« Mort... ? Qui croyez vous mort... ?! »
Lara releva alors la tête, ses yeux brillaient comme des billes au Soleil.
Le docteur n'en revenait pas de voir une femme avec un visage rempli
d'autant d'expression. De la tristesse, de la haine, de la culpabilité, et
surtout une immense fatigue qui lui fit presque pitié.
« Allons, garder votre colère pour un autre jour, il va parfaitement s'en
tirer. D'ailleurs si vous voulez, vous pouvez même aller le voir tout de
suite, c'est la chambre 133. »
C'était impossible. Toute la nuit elle
n'avait cessé de rêver d'entendre au lendemain ces mots qui ne pouvaient
être dis, et pourtant elle venait bien de les entendre. Elle ne pu cacher sa
joie et son excitation, même la fatigue et l'extrême douleur de ses jambes
ne lui faisait plus d'effet et elle couru à fond vers la chambre au numéro
indiqué. On aurait dit qu'un Pur Sang venait d'être lancé dans les couloirs
tellement le claquement des bottes résonnait fort. Lara sauta dans
l'ascenseur, et appuya plusieurs fois sur le bouton qui permettait de monter
à l'étage spécifique. Qu'il pouvait être long cet ascenseur, sérieusement la
jeune femme n'avait jamais eu l'impression que le temps passait si
lentement. Elle piétinait dans la cage comme pour garder la chaleur de son
corps durant un footing en pleine hiver.
Les portes n'avaient même pas finit de
s'ouvrir qu'elle courait déjà dans le couloir à la recherche de la bonne
chambre.
Enfin elle la vit, la chambre 133, son coeur battant à toute allure, semblait
prêt à éclater dans sa poitrine. L'aventurière bondit avec fracas dans la
pièce.
Son ami était bien vivant, assit sur son lit, torse nu, entouré de grosses
bandes du torse jusqu'au bas ventre. Il sursauta même par le bruit intense
qu'avait déclanché Lara en pénétrant dans sa chambre, ouvrant de grands yeux
effarés.
L'aventurière reprit son souffle, portant une main à sa poitrine, tout en
fermant les yeux pour accompagner un soupir de soulagement et de
décontraction. Elle s'approcha alors du lit, d'un pas rapide et nerveux.
« Je croyais que tu allais mourir. J'ai eu tellement peur. Tu n'as pas
intérêt à me refaire une comédie pareille ! Idiot, idiot, idiot va ! »
Le jeune homme fronça les sourcils, tout en dissimulant un petit sourire
amusé.
« Une comédie ? J'ai frôlé la mort, et je me fais quand même insulter ?! Ô
moins ça me rassure de constater que toi, tu es en pleine forme. »
La jeune femme s'assit alors à ses côtés, ils se sourirent, heureux de
pouvoir de nouveau se voir comme autre fois. La porte s'ouvrit de nouveau,
plus doucement cette fois sans venir s'éclater contre le mur, et le médecin
pénétra dans la pièce, un carnet à la main qui devait certainement
récapituler les interventions que John avait subit.
« Vous n'avez même pas frôler là mort. La blessure n'était pas profonde,
c'était assez superficiel. Vous allez même pouvoir sortir aujourd'hui. »
Surprise par ces dires qui ne confirmaient nullement les souvenirs morbides
de l'archéologue, celle-ci montra brutalement John du doigt en se levant
brutalement du lit.
« Mais l'épée que tenait cette détraquée aurait pu décapiter un mammouth, et
vous allez me faire croire que ce nabot a juste eu une blessure
superficielle ? »
« Qui tu traites de nabot ?» Ronchonna John en croisant les bras
« Les accidents paraissent souvent démesurés dans la panique Miss Croft.
Vous aviez du mal juger sa blessure dans votre peur. »
Le docteur rebroussa alors chemin, conscient qu'il avait d'autres patients à
s'occuper.
« Bon l'infirmière va venir vous enlever vos pansements, et vous allez
pouvoir rentrer chez vous. »
Pénétrant dans la pièce en croisant le docteur. L'infirmière en question se
dirigea vers le lit en souriant. Elle enleva soigneusement la longue série
de bandages qui entourait le corps de John.
En effet la blessure ne se laissait maintenant deviner que par une cicatrice
dans le milieu du ventre. Lara n'en revenait presque pas, son esprit lui
jouerait-il des mauvais tours ? Comme lui avait expliqué le médecin, il est
tout à fait possible que dans sa panique elle n'ait pas bien vu l'accident
comme il le fallait...enfin le principal était que tout le monde se portait
bien.
Dehors le vent glacial ne pu que faire
frissonner les épaules dénudées de la jeune femme. Elle se serra dans ses
bras en expirant l'air chaud que contenaient ses poumons, transformé en
brume à la sortie de ses lèvres tièdes. La fatigue ne l'aidait pas à retenir
la chaleur de son corps épuisé et elle frissonnait. John enleva alors la
veste de son costume, et la déposa sur les épaules de son amie qui sourit à
ce gentil geste d'attention. Les arbres nus de feuilles se présentaient
comme de vieux squelettes noirs, l'hiver arrivait et endormait vite la
nature.
Le couple ne pu que remarquer de suite le commissaire qui attendait près de
sa voiture en bas des marches de l'hôpital. Il piétinait sur place comme un
enfant impatient, son air nerveux et méprisant ne l'avait pas quitté d'une
semelle. En hurlant presque, hautain il fit quelque pas vers John.
« Vous êtes vraiment increvable vous ! »
Le jeune homme fut prit alors d'une terrible envie de lui décrocher un coup
de poing dans le nez, de même que Lara qui serra les siens en prenant un air
boudinant.
« Ravi de vous revoir aussi commissaire... »
Le petit homme le montra du doigt en avança son buste vers l'avant comme
pour le menacer.
« Pour votre info, vous avez laissé échapper la fille dans votre délire,
mais on entend plus du tout parler d'elle pour le moment, elle s'est comme
évaporée. »
L'aventurière n'en revint pas de ses mots. Soit elle avait définitivement un
gros problème de mémoire et était victime d'hallucinations, soit il y avait
véritable un problème.
« Je l'ai tué d'une balle dans la tête ?! »
Il rit alors, heureux de voir la jeune femme désemparée par son incompétence
qu'il rêvait depuis longtemps de mettre en question.
« Non Miss Croft, on a pas du tout retrouvé son corps, et des témoins
l'aurait aperçu s'enfuyant. »
Le jeune homme se souvint également d'avoir tout de même entendu un coup de
feu vague, mais rien d'autre.
« Tu l'as peut être manqué. »
« Je ne ratte jamais ma cible, je suis persuadée quelle était morte. »
Le commissaire parti alors vers sa voiture, un léger signe de la main pour
dire au revoir.
« Voyez les choses en face Miss, vous l'avez manquée, d'ailleurs peut- être
que si vous vous étiez un peu plus pressée tout cela ne serait pas arrivé... »
La jeune femme s'avança, prête à réellement bondir sur ce petit imbécile.
John la rattrapa par la main.
« Laisses tomber, c'est définitivement un con... »
Il s'apprêta alors à monter dans sa voiture, mais après avoir ouvert la
portière, il se retourna une dernière fois vers l'aventurière coléreuse.
« Et au fait, pourquoi êtes vous encore là ? Ce n'est pas votre histoire !»
Lara et John se regardèrent alors, la jeune femme sourit avec ironie.
« Désolé, mais je fais ça pour le sport... »
Il partit alors en râlant, démarrant la voiture en trombe pour partir là où
lui seul savait, laissant le couple sur place.
Le silence se fit alors, les deux amis
tentant de se remémorer les événements de la veille qui semblaient bien
étranges. C'est surtout Lara qui n'en revenait pas, elle se souvenait
parfaitement avoir tiré, le sang avait giclé du crâne de la jeune fille qui
s'était effondrée en quelques secondes. Le bruit fracassant de son épée
chutant à terre avait été le seul son couplé au cri désespéré de
l'aventurière assistant au « meurtre » de son ami. C'était parfaitement
clair, et pourtant rien de tout cela n'aurait été vrai ?
« Je suis certaine, qu'elle était morte. Je l'ai vu tomber à terre, le sang
entourant son visage. »
Le jeune homme croisa les bras, massant son ventre encore quelque peu
douloureux.
« Je me souviens, j'ai entendu ta voix, et puis tout est devenu blanc, ce
fut le silence. Je vois encore ses yeux remplis de haine, suivit de cette
douleur atroce, j'allais mourir, je ne voyais plus ton visage, ta voix
s'estompait dans les ténèbres, et pourtant je suis là...aurait-on rêvé ? »
Lara poussa un soupir. Rêvé ? Alors ce serait ça la réponse, tout cela
n'aurait été qu'un cauchemar. Lara n'aurait jamais tiré, et John se serait
toujours porté à merveille, la jeune fille aurait juste fuit en apercevant
l'aventurière ? La meurtrière se promènerait encore en ville, pleine de
vitalité.... Lara n'arrivait pas à y croire...
« Je pense qu'il est maintenant temps de penser à autre chose. » Répliqua la
jeune femme lassée
« Je voudrais surtout te remercier. »
Elle fut surprise, son ami paraissait si délicat dans ses paroles, comme
prit par une grande pureté d'âme.
« Me remercier de quoi ? »
Il s'avança afin de finir la descente des marches.
« D'être là. Oui merci d'être là, et de me prouver que j'existe. »
Une certaine mélancolie pesait dans l'atmosphère, Lara ne savait pas quoi
dire, mais elle se sentait soulagée de constater que son ami n'était pas
froissé.
La jeep attendait non loin sur le parking de l'hôpital, recouverte de
feuilles mortes.
« Tu as toujours cette carte du Groenland ? » Demanda John en fouinant dans
ses souvenirs
« Bien sûr, mais tu es déjà d'attaque pour ça ? »
« Moui, et puis on a que ça a faire en plus...»
« Idiot... »
Ils marchèrent doucement vers la voiture, la jeune femme se vit alors
ralentir son pas. Ses jambes hurlaient à la mort, elle n'avait jamais autant
eu mal de sa vie.
« Euh...au fait, peux tu conduire ? »
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