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Astrificum

Astrificum, Chapitre 13, par Pitoch, le 19 mai 2003.

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Chapitre 13

Il pleuvait abondamment à Chicago. Le rideau de pluie était si dense que la luminosité générale était très faible. Lara se rua dans un taxi dès sa sortie de l'aéroport. Elle se fit conduire jusqu'à l'hôtel qu'on lui avait indiqué. Elle reconnut son interlocuteur, qui l'attendait dans le grand hall.

- Docteur Jackson ? demanda-t-elle en tendant la main.

- C'est bien moi, répondit-il en lui serrant la main.

- Lara Croft, c'est moi qui vous ai demandé ce rendez-vous hier.

- Ah, très bien. Vous me parliez de questions sur une relique égyptienne, c'est bien ça ?

- Oui, tout à fait.

- Allons en discuter au bar, autour d'un verre.

Le docteur Jackson guida Lara dans le salon cossu et l'installa galamment dans un fauteuil, puis s'assit en face d'elle. La jeune femme sortit une pochette, dont elle retira une grande photo. Elle tendit le cliché à son vis-à-vis. Il le récupéra, réajusta ses lunettes et scruta en détail la représentation.

- C'est dans un style très occidental, remarqua-t-il. Je ne vois pas le rapport avec mon domaine d'études...

- Eh oui, j'ai de bonnes raisons de penser que ce quart de cercle ne représente que la moitié d'un objet en forme de demi-cercle. Et que l'autre moitié est dans un style... très égyptien.

- Un artefact commun entre les Romains et les Egyptiens ? Intéressant...

- J'ai donc besoin de vos connaissances. Est-ce qu'un tel objet vous dit quelque chose.

- Eh bien, ce genre de formes sont relativement fréquentes. Je pourrais chercher dans mes archives... Vous êtes venue d'Europe juste pour ça ?

- C'est très important, Dr. Jackson.

- Bien, dit-il en se levant. Accompagnez-moi à ma chambre.

Il se rendit soudain compte du tendancieux de sa phrase et rougit jusqu'à la racine des cheveux. Il bougonna, terriblement gêné, et se rua vers les ascenseurs. Lara le suivit en souriant. Ils arrivèrent dans la grande chambre. Elle était dans un désordre apocalyptique. Des malles ouvertes, laissant apparaître des livres, des porte-documents, ou des feuilles libres, côtoyaient des valises béantes, pleines de vêtements jetés en vrac. Au milieu de ce capharnaüm, elle identifia le lit, à la forme générale que prenaient les feuilles qui le jonchaient, et un bureau, qu'elle reconnut à l'ordinateur portable, qui tenait à peu près à l'horizontal dessus.

- Excusez-moi, ma chambre est un petit peu en dérangement, dit le Dr. Jackson.

Lara se mit à rire à cet euphémisme. Toujours rougissant, Jackson entreprit de fouiller dans une des malles.

- Je recherche des livres qui pourraient parler de votre artefact, expliqua-t-il. Ca ne devrait pas être long.

Lara trouva, par pur hasard, une chaise et s'y installa. Elle regarda Jackson s'activer, ouvrant un livre, jetant un autre, passant d'une malle à l'autre, feuilletant rapidement plusieurs ouvrages en même temps. Il finit par se redresser, après une bonne demi-heure.

- Voilà, dit-il en s'approchant de Lara, un livre ouvert à la main. Ca pourrait être ça, je pense.

Il tendit le livre. Lara le prit et regarda la photographie. Elle représentait bien un quart de cercle, taillé irrégulièrement dans ses parties planes. Le crayon posé à côté, sur la photo, donnait une idée de la taille de l'objet, et Lara fut satisfaite des proportions. Enfin, l'objet était couvert de hiéroglyphes.

- C'est exactement ça, ça ne fait aucun doute, dit-elle.

- Alors vous ne pourrez pas l'obtenir, répondit Jackson. Cet objet est conservé dans la partie égyptienne du musée du Louvre, à Paris. Il faut demander une dérogation pour l'étudier au gouvernement français, et ça prend des mois.

- Pas le temps ! Je me contenterais donc de l'emprunter et de le ramener plus tard !

Le Dr. Jackson parut choqué par cette idée, mais reprit rapidement l'emprise sur lui-même. Il s'assit sur le lit, face à Lara.

- Bien sûr... dit-il. Ce n'est pas comme si vous vouliez voler la Joconde ou la Vénus de Milo... Ce genre d'objets n'est spécialement protégé, et est même rangé chaque soir dans un entrepôt, au sous-sol du musée. Une voleuse aurait moins de mal à rentrer dans cet entrepôt qu'à pénétrer dans le coffre-fort qui contient la vraie Joconde.

- Contente de vous l'entendre dire ! sourit-elle. (Elle reprit son sérieux) il est réellement vital que je récupère cet artefact, quelque soient les moyens. C'est une question de vie ou de mort...

- Je ne demande pas vos raisons, et je ne tiens pas trop à en savoir d'avantage, Melle Croft.

Lara se leva et lui tendit la main, qu'il s'empressa de serrer.

- Merci beaucoup pour votre aide, Dr. Jackson, dit-elle. Et je vous souhaite bonne chance pour votre conférence.

Elle sortit de la chambre, puis de l'hôtel, contente d'avoir un objectif précis à conquérir.

Lara commençait à ressentir les effets des voyages et des décalages horaires. Cela faisait plus de vingt-quatre heures qu'elle n'avait pas dormi, et elle se sentait vraiment mal. Heureusement pour son moral et sa motivation, il faisait un temps superbe à Paris. Après une réservation dans un hôtel, elle se rendit jusqu'au célèbre musée. La cour était pleine de touristes, qui entraient et sortaient de l'impressionnante pyramide de verre. Après près d'une heure d'attente, elle atteignit enfin l'intérieur de la structure et l'entrée du musée. Son billet pris, elle se précipita dans la partie égyptienne du musée. Elle commença à arpenter les allées, cherchant son artefact, mais admirant les différents objets au passage. Un homme d'une trentaine d'années s'approcha d'elle alors qu'elle regardait quelques babioles dans une vitrine. Il lui murmura quelque chose qu'elle ne comprit pas.

- Excusez-moi, dit-elle en français, mais je ne parle pas bien le français.

L'inconnu la gratifia d'un sourire, et elle comprit à qui elle avait affaire.

- Vous êtes extrêmement belle, mademoiselle, dit-il en articulant chaque mot, et en détaillant Lara, son regard s'arrêtant sur des parties qui la mirent mal à l'aise.

- Merci, répondit-elle simplement.

L'homme, visiblement très motivé, passa son bras autour de la taille de Lara, et la ramena contre lui.

- Puis-je être votre guide ? proposa-t-il.

- Vire tes pattes de là, sac à merde, répondit-elle.

- Excusez-moi ?

- Non merci, répondit-elle en français, et en se dégageant de sa prise.

Le dragueur ne lâcha pas prise. Il revint immédiatement à la charge, s'approchant encore plus près. Soudain, il s'écroula en gémissant, se tenant l'entrejambes.

- Un malaise, dit-elle aux touristes qui regardaient.

Elle s'éloigna, laissant le dragueur sur le sol.

Parcourant les allées, Lara tomba enfin sur ce qu'elle cherchait. Dans une vitrine, au milieu d'autres objets, se tenait l'invitation égyptienne. En la voyant, elle fut convaincue que c'était bien ce qu'elle cherchait : hormis les hiéroglyphes, l'objet était identique à celui trouvé dans la tombe, en Turquie. Elle jubilait quand le dragueur revint à la charge. Sa voix était un peu moins assurée qu'auparavant.

- T'es dure en affaires, ma poule, dit-il.

Lara ne comprit pas l'expression finale, mais se douta néanmoins du sens général.

- Venez avec moi à mon hôtel, répondit-elle.

Elle sortit du musée, suivie par l'inconnu. Ils se rendirent tout deux dans la chambre d'hôtel, et l'homme se jeta sur le lit, avec un air de triomphe. Il ouvrit sa chemise sur un torse velu à souhait, dont il était visiblement fier. Lara frissonna.

- Allez, viens par ici, ma grande ! dit-il.

- Je sors mes affaires d'abord, répondit-elle.

Devant lui, elle ouvrit un de ses sacs, et en sortit ses deux magnums, ainsi que son Desert Eagle et son fusil à canon scié. Elle sortit également une machette immense et la posa délicatement avec les autres armes, au pied du lit. Cet attirail fut immédiatement rejoint par une solide corde, des balles de différents calibres. Elle allait sortit son MP5, mais l'homme avait déjà pris la fuite. Elle ne put s'empêcher de rire. Elle rangea ses armes et attendit patiemment le soir, étudiant de nouveau le plan des égouts qui l'amènerait sous l'entrepôt du Louvre.

Il était une heure du matin quand Lara quitta son hôtel. Elle était vêtue normalement en apparence, mais son blouson léger cachait sa combinaison entièrement noire. Même à cette heure, quelques voitures continuaient à circuler, et Lara mit un bon moment avant de trouver une bouche d'égout située dans un endroit suffisamment discret pour y entrer sans être vue. Elle se jeta donc dans les égouts de Paris, si réputés.

Grâce à son plan, elle put se repérer facilement dans le labyrinthe. Elle s'approcha donc du Louvre, mais s'arrêta soudain. Elle fronça les sourcils. Elle s'accroupit, ramassa un peu de poussière et la jeta devant elle. Les fins rayons laser apparurent au milieu des particules.

- Ils sont précautionneux, les français ! se dit-elle.

Un peu plus loin, elle repéra une petite porte cachée. Un coup d'oeil sur son plan lui confirma qu'il s'agissait d'une issue de l'entrepôt. Jetant de la poussière régulièrement devant elle, elle rampa et enjamba pour atteindre la petite porte. Celle-ci ne possédait évidemment pas de poignée à l'extérieur. Elle tapota en plusieurs endroits, cherchant l'emplacement de la serrure. Un son sourd par rapport aux sons creux lui fit trouver. Fouillant dans son sac à dos, elle sortit une sorte de pâte à modeler, qu'elle colla à la porte. Elle y ficha une électrode et recula de deux bons mètres. Elle sortit alors une petite télécommande de sa poche.

- Plus de place pour la subtilité ! dit-elle. On fonce !

Elle fit exploser la petite charge de plastique. La porte céda, et déclencha immédiatement une sonnerie très aiguë. Sans perdre de temps, Lara se rua dans l'entrepôt. Elle trouva la petite vitrine, l'ouvrit en douceur, prit l'artefact et repartit aussitôt, non sans lancer en souvenir trois fumigènes. Sa fuite couverte, elle put sortir des égouts et regagner son hôtel discrètement. Elle ne doutait pas que l'affaire fut étouffée par le fait que ce soit un vol mineur. Elle se rassura donc toute seule et s'endormit enfin, après un long périple.

Dès le lendemain, Lara partit pour Rome. Elle s'installa dans son pied-à-terre et se mit en tête d'obtenir des informations sur ses compagnons. Elle alluma donc son ordinateur et grâce à Bryce, elle obtint l'image virtuelle de la planète, avec trois points clignotants. Le premier était au milieu de l'Italie - elle-même, donc. Le second se trouvait visiblement à Moscou. Lara en déduit donc qu'il s'agissait d'Alex. Lara déduisit donc que Jones se trouvait... au Pérou ! Elle en fut si étonnée qu'elle décrocha son téléphone cellulaire. Mais elle y renonça, préférant le laisser tranquille. Elle composa quand même le numéro d'Alex.

- Alex, c'est Lara, dit-elle. Non... Non, je t'appelle pas pour te demander en mariage... Non plus... Tu l'as trouvé ?... Oui, moi aussi... Génial, je te ferais un bisou, promis... Non, sur la joue !

Elle raccrocha, pestant tendrement contre la mentalité de gamin de son ami. Décidée à ne pas aller voir Legg tout de suite, Lara mit une tenue légère et profita du temps splendide pour chiner tranquillement dans les rues de Rome., pour ne revenir à son appartement que quatre heures plus tard. Elle ouvrit un de ses sacs et sortit la petite mallette qui contenait l'artefact. Elle était vide. A la place, elle trouva un petit mot : « Merci beaucoup pour vos efforts. Miss L. ». Lara referma la mallette, la posa, et s'assit sur le bord du lit. Penchée en arrière, appuyée sur ses mains, la tête rejetée, elle regarda au plafond.

- La salope... soupira-t-elle.

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