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Astrificum - Director's Cut

Astrificum - Director's Cut, Chapitre 12, par Pitoch, le 28 octobre 2005.

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Chapitre 12

Les trois aventuriers regardaient l'eau couler dans le tombeau à intervalles réguliers, fascinés par la menace mortelle.
- Si t'as prévu quelque chose, Indy, je te conseille de le mettre à exécution immédiatement, fit remarquer Lara.
Jones ouvrit la bouche pour parler mais la refermant aussitôt. Il haussa les épaules, fataliste. Puis il se jeta sur le squelette du Templier et commença à fouiller.
- Là, faut des compétences physiques pour s'en sortir, renchérit Alex.
Sur ces mots, le niveau du lac atteignit pour de bon les rebords du cercueil de granit au-dessus d'eux. L'eau tomba en cascade et remplit la sépulture cubique à une vitesse vertigineuse. Prenant leurs inspirations, les trois aventuriers, d'un bon coup de talon au sol, entreprirent de remonter à la surface. Ils sortirent par le cercueil maintenant englouti et rejoignirent rapidement la surface, malgré l'engourdissement dû à l'eau glacée. Ils émergèrent et reprirent goulûment leur souffle. La caverne résonnait du bruit assourdissant des cascades jaillissant de divers endroits dans les parois, qui remplissait le lac souterrain. Le débit était si impressionnant qu'ils voyaient le plafond se rapprocher inexorablement.
- Et maintenant ? hurla Alex par-dessus le vacarme.
- Ben faut trouver une sortie ! répondit Indy sur le même ton.
- Merci, j'aurais pas deviné, docteur !
- Là-bas ! intervint Lara.
Elle désigna une des ouvertures, qui semblait s'être tarie. Sans hésiter, ils se mirent à nager frénétiquement vers cette sortie potentielle, le seul espoir restant. Chose étrange, ils avaient la sensation de nager en montant, comme si le lac était « en pente » : plus ils avançaient vers l'ouverture, plus le plafond s'approchait. West, meilleur nageur que les deux autres, arriva en premier. Le niveau du lac était déjà au niveau de l'ouverture. Il sortit de l'eau et exhorta ses compagnons à se dépêcher. Une fois dans le tunnel, ils ne prirent pas le temps de souffler : ils se jetèrent à quatre pattes pour s'éloigner du lac. Ils rampèrent dans l'étroit tunnel montant sans ralentir, puisque l'expression « la mort aux trousses» n'avait jamais autant pris son sens. Au bout d'un moment, le tunnel déboucha sur une sorte de puit naturel. Alex en sortit et aida aussitôt ses amis à s'extraire. Ils se trouvaient maintenant dans une petite grotte, dans le noir complet hormis l'éclairage fourni par la seule torche restante. Mais, le plus important était qu'ils étaient sauvés de la noyade. Ils s'écroulèrent sur le sol, hors d'haleine, épuisés et meurtris. Soudain, un grondement sourd retentit sous leurs pieds.
- Faut pas rester là ! s'écria Alex.
A force de volonté, ils se relevèrent et se lancèrent dans une nouvelle galerie qui montait, encore et toujours. Lara était épuisée mais continua en serrant les dents, sans se plaindre : elle savait que ses amis étaient dans le même état. Ils arrivèrent enfin à une nouvelle caverne, celle-ci éclairée faiblement par la lumière du jour. Ils se jetèrent par terre.
- Quel bordel... gémit Alex.
- Je suis morte, j'en peux plus...
Ils se tournèrent vers Indy : il reprenait lentement son souffle quand soudain, il se mit à ricaner.
- Ca y est, il craque... soupira Alex.
- Non, mon ami, je ne craque pas !
Plongeant la main dans sa poche, il en sortit un objet brillant qu'il lança à son compagnon. Alex le détailla, avant de le passa à Lara. Il s'agissait d'un bout de disque en or, un quart de cercle, pour être précis. Il était joliment gravé, sans surenchère, et épais d'un bon centimètre. Le disque complet devait faire dans les dix de diamètre.
- Tu nous expliques ? invita Lara.
- C'est un morceau de l'invitation à l'Assemblée, expliqua Indy.
Lara et Alex en restèrent bouche bée de stupeur.
- Quoi ?? Mais comment ? Où ?
- Dans le cercueil du Templier.
- Comment as-tu su ? demanda Lara.
- Un petit cheminement logique personnel... Depuis notre entrée dans le tombeau, je suis chagriné par le nombre de précautions mises en place pour protéger ce lieu, ainsi que par la présence d'un moine Templier dans un tel environnement polythéiste.
- Oui, et alors ?
- Alors nous savons que ce sont les chevaliers de la seconde Croisade qui ont enterré François de Salle. Ce sont donc eux, qui l'ont mis ici. Et certainement eux qui ont mis en place ces pièges.
- Mais pourquoi ? s'exclama Alex. C'était un pauvre moine délirant !
- A cause de ça, justement. François de Salle avait trouvé un morceau de l'invitation !
- Ca n'explique rien, fit Lara. On ne piège pas l'accès à un tombeau juste parce qu'un moine a trouvé un bout d'or !
- Tout à fait, Lara. Pas pour un bout d'or...
Indy resta silencieux, regardant ses camarades à tour de rôle. Il constata avec plaisir que, petit à petit, leurs visages s'éclairaient au fur et à mesure de leur compréhension. Ils commençaient à voir toutes les implications aussi bien qu'Indy, et ils en étaient ébahis.
- Pas pour un bout d'or, articula Alex, mais pour l'invitation...
- Car les chevaliers de la seconde Croisade savait ce que c'était ! continua Lara.
- Exactement. Quelqu'un de haut placé, dans cette expédition sainte, connaissait l'histoire de l'Assemblée, de son invitation sous forme d'artefact, et du grade d'Astrificum. Cette histoire était tellement crédible et dangereuse que le dignitaire catholique a préféré prendre toutes les précautions possibles pour faire disparaître François de Salle.
- Mais comme on trouve des documents sur ce Templier dans la bibliothèque du Vatican...
- ... la papauté est, ou était au courant !
- Merde.... siffla Alex.
Lara rendit l'artefact à Indy, en silence. La dernière intervention d'Alex résumait parfaitement sa pensée.
- Bien, fit Jones en rangeant le quart de disque. Si nous sortions d'ici ?
Ils se levèrent et empruntèrent le couloir opposé. Ils finirent par déboucher sur un trou dans le sol, qui donnait juste au-dessus du couloir initial, avant le première piège.
- N'empêche, fit Alex, avec cette partie de l'invitation, on n'en a plus que deux à trouver !
Lara le regarda. Elle repensa au quart de disque, avec son angle droit. Elle ne put s'empêcher de prendre sa revanche, riant à gorge déployée.
- West, je te jure... T'es con, ça fait plaisir à voir !

- Et bien je vous écoute, Lara. Dites-moi tout ce que vous avez appris. Dites-moi ensuite ce que je suis la seule à connaître...
Les deux femmes se trouvaient à la table du restaurant de l'hotel, dans le centre historique d'Ankara. Après avoir démonté le campement, les trois groupes avaient fait route commune entre le tombeau et la ville, empêchant tout conciliabule privé. De toute façon, Lara avait exigé de Legg un hôtel avec une baignoire géante et quelques heures de repos. Résultat, les deux femmes se retrouvèrent à cette table le lendemain de la visite du tombeau.
- Votre but est d'assister à l'Assemblée, commença Lara en prenant son verre.
Tout en buvant, elle épia la réaction de Legg : elle constata avec plaisir un très léger raidissement.
- En effet, répondit Legg, après un silence.
- C'était une réunion des peuples importants d'une période allant de 3000 avant Jésus Christ à 100 après. Approximativement...
- Approximativement, en effet. Nous voulons convoquer une nouvelle Assemblée, plus de 2000 ans après la dernière...
- Dans quel but ? mentit Lara.
- Dans un but purement historique, bien entendu.
Lara eut un sourire mauvais, mais ne releva pas.
- Il vous faut une invitation, pour y entrer, continua-t-elle. Celle-ci se présente sous la forme d'un disque en or, d'une dizaine de centimètres de diamètre. Elle était séparée en quatre fragments identiques.
- Quatre ? s'étonna Legg.
- Un fragment par peuples représentés, soit trois pour les Romains, les Egyptiens et les Scandinaves. Le quatrième pour le « président » de l'Assemblée, qui pouvait ainsi garantir que l'un des peuples ne viendra pas avec une fausse invitation reforgée à partir de son propre fragment.
- C'est malin...
- Oui, très. Nous allons donc partir à la recherche de ses fragments. Je m'occupe de la partie égyptienne. Jones se cherche des romains, et West des scandinaves.
- Je vois... fit Legg, contrariée.
- On a encore besoin d'eux, Legg. Je ne peux pas tout trouver toute seule.
- J'imagine... Puisque c'est comme ça... Et le quatrième fragment ?
Lara sortit le quart de disque trouvé de sa poche et le montra clairement. Les yeux de Legg se fixèrent sur l'or et brillèrent aussitôt de convoitise.
- Parfait, Lara, parfait... murmura-t-elle en tendant la main.
Lara rangea aussitôt l'objet, le dérobant ainsi aux mains et aux yeux de son employeur.
- Ne rêvez pas, Legg. Je garde ça pour l'instant... Maintenant, c'est à votre tour de tout me dévoiler en détail. Je veux savoir tout ce que vous savez.
- Alors vous attendrez, tout comme je vous ai attendu. Je vous expliquerais tout autour d'un bon chianti, dans ma propriété de Rome. Me feriez-vous l'honneur de faire le voyage retour dans mon Jet, Lara ?
La jeune femme ne répondit pas. Elle se leva et remonta à sa chambre.
Elle frappa à la chambre qu'occupait Bryce et, sans attendre de réponse, elle entra. Elle trouva son jeune ami en caleçon, assis en tailleur sur son lit, plongé dans son ordinateur portable. Paniqué, il tenta de se couvrir avec le drap, en se débattant pour faire le plus vite possible. Ses mouvements amples et brusques permirent à Lara de ne rien rater de son anatomie.
- Mais ça va pas ?? s'exclama-t-il une fois caché sous les draps.
- Faut que tu fasses un peu de musculation, mon chou, remarqua-t-elle.
- Ca se fait pas de débarquer comme ça !
- Non, mon chou, ça se fait pas... Bon, écoute-moi, tu vas retourner à Rome avec le Jet. Tu pars tout de suite. Moi, je reste avec Legg et je te retrouve là-bas.
- Ok.
- Pendant ce temps, au lieu de draguer les petites italiennes, tu vas me trouver le nom, l'adresse et la localisation actuelle précise d'un très bon égyptologue. Pardon, je voulais dire, du meilleur égyptologue. Je veux son numéro de portable. Bien entendu, pas un mot à Legg. Tu suivras ensuite à distance tous les traceurs : le mien, celui de Jones et celui de West.
- Il en a un ??
- Bien évidemment. T'as tout compris, mon chou ?
- Oui, chef !
- Alors feu !
Bryce ne bougea pas, toujours bloqué par sa tenue. Lara s'approcha de la porte en soupirant.
- T'es une vraie fille, quand tu t'y mets, mon chou ! Au fait, tu parles bien latin, toi, non ?
- Ouais, j'aime bien.
- Le mot « Astrificum », tu sais ce que ça veut dire ?
- Faiseur d'étoiles, répondit-il simplement.
Lara lui fit un clin d'oeil et sortit.

***

Le jet se posa sur l'aérodrome de Rome cinq heures plus tard. Sans attendre, les deux femmes, ennemies mais avançant côte à côte, s'engouffrèrent dans une voiture qui les amena jusqu'à la résidence de Legg. Elles s'installèrent au salon, dans de confortables fauteuils. Un majordome guindé leur servit deux verres de chianti.
- Vous avez bien mérité un bon verre, après toutes ces émotions, Lara, fit Legg en souriant. Vous faites du bon boulot.
- Trêve de blabla, Legg. Nous ne sommes pas devenues amies pour autant. Expliquez-moi tout de suite ce que vous savez !
- Bien sûr... (pensive, elle fit tourner son chianti dans le verre) comme vous l'avez deviné, l'Assemblée était une réunion internationale, regroupant les représentants des trois grands peuples de l'époque. C'était un fait exceptionnel, en ces temps de conquêtes...
- Ne faites pas dans le lyrisme exacerbé, reprocha Lara. En quoi cette réunion ancestrale vous attire, vous ? Ne me répondez pas avec une phrase contenant le mot « histoire » ou « historique »...
Legg eut un petit ricanement.
- Je suppose que je n'ai pas été crédible, à Ankara... Non, en effet, mon but est plus pragmatique : la fortune !
- Vraiment ?
- Chaque représentant de l'Assemblée devait apporter un cadeau en guise de bonne volonté. Bien entendu, une grande rivalité existant entre les peuples, il y eut vite une surenchère dans la qualité et le prix de ces cadeaux. Au fil du temps et des Assemblées s'est constituée une véritable corne d'abondance.
Lara ingurgita les informations, ainsi que le chianti, tout en réfléchissant.
- Ok, je comprends, fit-elle après un silence. Parlez-moi de la notion d'Astrificum ? Mon niveau en latin ne me permet pas de comprendre...
- C'est un bijou dont la beauté – et le prix – dépasse tout ce qu'on peut imaginer aujourd'hui. C'est un assemblage sublime de toutes les gemmes et pierres précieuses de l'époque. Les reflets de la lumière le font briller comme une étoile, d'où son nom.
- Je vois... Et donc, cette fortune immense, vous ne comptez pas la partager avec vos compères.
- Bien sûr que non ! s'exclama-t-elle, dédaigneuse.
Lara termina son chianti en silence. Legg attendit d'un air tranquille, un petit sourire aux lèvres : elle ne doutait pas de la réaction de sa meilleure ennemie.
- Ok, Legg, fit enfin Lara. Je vais trouver le fragment égyptien. Mais comprenez bien que nous devons continuer à coopérer avec les deux autres équipes.
- Je comprends. Nous nous en débarrasserons en temps voulu...
Lara se leva pour prendre congé. Elle posa d'abord son verre sur la table basse, puis un minuscule objet métallique à côté.
- Je vous rends votre émetteur espion. Je tiens à avoir une complète autonomie, dans la définition que moi je lui donne...
Legg lui répondit par un grand sourire.
- Vous êtes forte, Lara. Je ne regrette pas mon choix !
- Attendez un peu, Legg. Moi, je vous le ferais regretter... en temps voulu.
Elle tourna les talons et sortit.

***

A peine arrivée sur l'aérodrome, Lara se jeta dans son propre Jet privé et rejoignit Bryce dans le petit salon. Il était encore plongé dans son ordinateur, mais releva les yeux à l'entrée de sa patronne.
- Alors ? demanda-t-il comme elle s'installait. Ca s'est bien passé ?
- Elle est toujours vivante, si c'est la question, mais de justesse. Elle ment à toutes les phrases, c'est une horreur. Mais j'ai compris beaucoup de choses, malgré tout.
- C'est cool.
Et il replongea dans son jeu vidéo. Lara le regarda un moment d'un air contrit, avant de sortir son téléphone. Elle composa le numéro de Jones.
- Indy ? C'est Lara. Ca va ? Tu peux parler.
- Salut, Marcus, comment ça va, à New York ?
- Ok, alors ne répond que par « oui » ou par « non ». Legg m'a tout expliquée, en mentant totalement. Je suppose que Smith t'a fait le même coup.
- Oui, tout à fait.
- Mais j'ai quand même compris quelques trucs... Tout ce qu'il s'est passé à Bombay, c'est du flan. C'est une mise en scène morbide pour nous faire croire qu'ils sont en concurrence, contraints et forcés de s'allier. Alors qu'ils font équipe !
- Je sais bien, Marcus, je sais bien !
- C'est assez incroyable, quand même... Des moyens colossaux pour un tel plan foireux. A mon avis, ils voulaient obtenir le meilleur de nous en faisant une sorte d'émulation.
- C'est clair !
- Résultat, ils cherchent bien plus qu'un trésor, aussi monumental soit-il, et... (elle s'arrêta, heurtée par une pensée soudaine) t'as compris ça y'a longtemps, c'est ça ?
- Marcus, tu changeras jamais ! Ca fait des années que je te le dis !
- T'es très agaçant à tout savoir, tu sais...
Indy devint hilare, à l'autre bout du fil.
- Marcus, va vraiment falloir que je te donne des cours !
- Je t'emmerde !
Et elle raccrocha.
- Bryce, on décolle ! Direction la maison !
Le jeune homme rangea son ordinateur et alla s'installer au poste de pilotage.
- Au fait, mon chou, tu m'as trouvé mon expert en Egypte ancienne ?
- Oui, à Chicago, répondit-il. Docteur Daniel Jackson.
- Impec ! Réveille-moi quand on arrive !

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