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Astrificum - Director's Cut

Astrificum - Director's Cut, Chapitre 13, par Pitoch, le 28 octobre 2005.

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Chapitre 13

Il pleuvait abondamment sur Chicago. Le rideau de pluie, dense, filtrait la lumière et donnait une ambiance encore plus lugubre à cette ville du nord des Etats-Unis. Blottie à l'arrière d'un taxi, Lara regardait défiler par les rues parallèles et les gratte-ciels gigantesques d'un air blasé. Elle décida qu'elle n'aimait pas cette ville. Arrivée à destination, elle régla le chauffeur et s'engouffra dans l'hôtel où séjournait la personne qu'elle venait voir. Elle scruta le hall d'entrée, puis se dirigea vers le bar. Un homme, assis à une table, lui fit un petit signe timide. Elle s'approcha en souriant.
- Docteur Jackson ? demanda-t-elle en tendant la main.
- C'est bien moi, répondit-il précipitamment, en se levant.
Un peu perdu, il prit la main de la jeune femme et tenta maladroitement un baise-main.
- Mon assistant m'a présentée en tant que Lady Lara Croft, on dirait, fit-elle en s'asseyant.
- Euh... oui, en effet.
- Oubliez mon rang, docteur, c'est un vrai boulet que je traîne. Je suis ravie de vous rencontrer !
- Tout le plaisir est pour moi, Miss Croft.
- Vous êtes à Chicago pour affaires ?
- Une conférence sur une découverte égyptologique fondamentale... Sans rentrer dans les détails, il est fort probable que les pyramides de Gizeh n'aient pas été construites par les Egyptiens... Me feriez-vous l'honneur d'y assister ? Elle s'appelle « Egyptologie et Porte des Etoiles ».
- Je n'aurais hélas pas le temps. Un sujet grave me tourmente, et j'ai besoin de vos compétences de renommée mondiale.
Il rougit sous le compliment, visiblement gêné.
- Ca risque de changer dès ce soir... fit-il pour lui-même. Votre assistant m'a parlé d'une relique...
- Oui, tout à fait.
Elle sortit le fragment de l'invitation, délicatement enveloppé dans un tissu, et le tendit à son interlocuteur. Il le prit avec précaution et chaussa ses lunettes. Il commença à l'étudier, le tournant et le retournant entre ses doigts.
- C'est un style très occidental, remarqua-t-il. Romain, je dirais... Oui, romain. (Il rendit l'objet, visiblement très déçu) vous vous êtes trompée de personne, Miss Croft.
- Ne concluez pas trop vite, docteur. J'ai de bonnes raisons de penser que ceci n'est que la... moitié d'un objet demi-circulaire. L'autre partie serait de facture égyptienne, et couverte de hiéroglyphes.
Jackson eut l'air surpris. Il redemanda le fragment, que Lara lui rendit avec plaisir. Il se remit alors à l'examiner.
- Un artefact commun aux Romains et aux Egyptiens ? Ce serait étonnant... Peu probable... D'autant que, regardez, les rayons de cet objet sont parfaitement lisses et rectilignes. S'il y avait un autre morceau rattaché, ils auraient été découpés au laser, minimum !
- Auriez-vous l'amabilité de m'aider à trouver un objet équivalent dans l'Egypte ancienne.
- Excusez-moi, j'ai dû paraître grossier. Bien entendu que je vais vous aider. J'ai presque toutes mes archives personnelles ici. Si vous voulez me suivre dans ma chambre.
Il se rendit compte presque aussitôt de l'interprétation tendancieuse que Lara pouvait faire de sa phrase et rougit jusqu'à la racine des cheveux. Il grommela des excuses, gêné, et se rua vers les ascenseurs. Lara le suivit en souriant : elle le trouvait terriblement mignon. Ils arrivèrent devant la grande chambre. Jackson invita la jeune femme à entrer.
- Excusez-moi, ne faites pas attention, ma chambre est un peu en désordre.
Lara s'étonna de l'aplomb avec lequel il venait d'énoncer un tel euphémisme. La pièce était devenue un véritable champ de bataille. Des malles éventrées sur des tonnes de livres, des porte-documents jetés pêle-mêle et des feuilles volantes côtoyaient des valises béantes, pleines de vêtements froissés et jetés en vrac. Seul un costume de soirée pendait proprement à la fenêtre, « pour la conférence », pensa Lara. Au milieu de ce dépotoir, elle identifia le lit, principalement grâce à la forme générale que prenait le tapis de feuille qui le jonchait. Elle repéra ensuite le bureau, grâce à un ordinateur portable posé dessus en équilibre plus que précaire. Elle pensait Bryce bordélique : elle venait de trouver le champion incontesté de la catégorie. Pendant qu'elle procédait à son examen silencieux, le docteur Jackson avait commencé à fouiller dans une des malles.
- Votre objet me dit vaguement quelque chose... fit-il sans la regarder. Ce genre de forme était très courant, surtout pour des bijoux, mais pas avec de l'écriture dessus. Ca devrait donc me garantir l'unicité de la relique, et donc un spectre de recherche moins étendu...
Il continua à marmonner, pour lui-même. Lara, par une chance inouïe, trouva une chaise. Se débarrassant des papiers qui l'encombraient, elle s'assit et attendit. Après trente minutes de recherches intenses, ayant menées au palier supérieur dans le capharnaüm, le docteur Jackson se redressa, un livre ouvert à la main.
- Voilà, dit-il en tendant l'ouvrage. Ca pourrait être ça.
Lara regarda la photographie, perdue au milieu d'un flot de texte. Elle représentait bien un quart de cercle en or. Un crayon, posé à côté, sur la photo, donnait une échelle pour la taille de l'objet. C'était tout à fait satisfaisant. De plus, il était couvert de hiéroglyphes.
- C'est exactement ça, aucun doute possible ! dit-elle avec jubilation.
- Alors vous ne pourrez pas l'obtenir.
Il referma le livre d'un coup sec avant de le jeter sur le lit.
- Il est conservé au Louvre, à Paris, expliqua le docteur Jackson. Il faut passer par le ministère de la culture, ou, à la rigueur, à des universitaires.
- Pas le temps en paperasseries. J'en ai un besoin vital. Je me contenterais donc de l'emprunter.
Jackson lui jeta un regard choqué.
- Vous comptez cambrioler le Louvre ???
- Pas de gros mots, je vous prie. Je compte emprunter ça, car je n'ai pas le choix, et le ramener ensuite.
- C'est du vol !
- C'est un emprunt.
Devant l'air déterminé et froidement calme de la jeune femme, Jackson s'assit sur le lit en soupirant.
- Ce n'est ni la Joconde, ni la Vénus de Milo, fit-il, radouci. Ce genre d'artefacts n'est protégé qu'en tant qu'objet en or. Sa valeur marchande est supérieure à sa valeur culturelle, et de toute façon, ça n'atteint pas des sommets... Je me demande même s'il est exposé... Il ne serait pas étonnant qu'il reste dans l'entrepôt du musée. Et pas dans le même coffre que la Joconde ! Enfin, la vraie Joconde, je veux dire.
Lara le laissait parler, sans rien dire. Elle suivait son raisonnement avec intérêt, attendant qu'il arrive à sa propre conclusion. Ca ne tarda pas.
- J'ignore le pourquoi, j'ignore le comment, et ça me va très bien comme ça, reprit-il. Comme vous n'avez pas l'air d'une voleuse, vous pouvez partir tranquille. Je ne dirais rien.
Lara se leva en souriant. Elle lui tendit la main, qu'il s'empressa de serrer.
- Merci beaucoup pour votre aide, docteur Jackson, dit-elle. Je vous souhaite bonne chance pour votre conférence de ce soir.
En sortant, elle l'entendit marmonner une dernière phrase
- ils ne croiront jamais que ce sont des extra-terrestres qui ont construit les pyramides...

***

Lara commençait à ressentir les effets des voyages et des décalages horaires. Elle n'avait pas dormi depuis plus de vingt-quatre heures, et elle était si épuisée qu'elle se sentait légèrement nauséeuse. Heureusement, il faisait un temps superbe à Paris. Contrairement à Chicago, elle aimait beaucoup la capitale française. Le seul défaut, c'est que c'était rempli de français... Elle fit un crochet par un hôtel afin de réserver une chambre puis se dirigea vers le Louvre. La file d'attente de touristes sortait allègrement de l'impressionnante pyramide de verre. Elle s'installa au bout, se préparant à la patience. Un petit panneau marquait la limite « une heure ». Malgré la fatigue, elle lutta contre le sommeil, afin de ne pas somnoler debout. Elle finit par obtenir son billet. Par réflexe, en souvenir du temps où elle visitait le musée avec son père, elle fit un détour par la Victoire de Samothrace, la Vénus de Milo, la Joconde, le Sacre de Napoléon et le Radeau de la Méduse, avant de foncer dans la partie égyptienne inaugurée récemment. Elle arpenta les allées avec fébrilité, se forçant à regarder les vitrines une par une en détail pour trouver ce qu'elle cherchait. Un homme d'une trentaine d'années s'approcha d'elle alors qu'elle était plongée dans l'étude d'une multitude d'objets dans une vitrine. Il lui murmura quelque chose à l'oreille, qu'elle ne comprit pas.
- Pardon ? dit-elle en français. Je ne comprends pas bien le français ?
C'était un mensonge, mais elle comptait jouer de cette différence de langue pour se débarrasser de ce qu'elle sentait être un dragueur. Comme pour la conforter dans son opinion, l'homme lui fit un sourire sans équivoque.
- Vous êtes belle, mademoiselle, dit-il en articulant chaque mot, pour bien se faire comprendre.
Il ne se gêna pas pour détailler Lara, s'arrêtant sur des parties charnues. Ce regard agaça la jeune femme autant qu'il la mit mal à l'aise.
- Merci, répondit-elle froidement.
Le gêneur ne se laissa pas démonter par le ton. Hardiment, il passa son bras autour de sa taille, l'attirant contre lui.
- Puis-je être votre guide ? proposa-t-il.
- Vire tes pattes de là, sac à merde !
- Pardon ?
- Non merci, reprit-elle en français, et en se dégageant de sa prise.
Une idée lui traversa soudain l'esprit.
- Vous voulez être mon guide ? demanda-t-elle, toujours en français. Vous connaissez bien la partie égyptienne du musée ?
- Par coeur !
- Je cherche un quart de cercle en or, couvert de hiéroglyphes.
- Facile, c'est par là !
D'un geste ample, il l'invita à le précéder. Lara y voyait plus que de la galanterie, ne doutant pas une seconde de la direction du regard de son « guide ». Ils débouchèrent dans une nouvelle salle, et l'homme lui indiqua une vitrine. Plongeant son regard dedans, Lara eut un sourire de satisfaction : l'invitation se trouvait bien là. Hormis les hiéroglyphes supplémentaires, l'objet était rigoureusement identique à celui qu'ils avaient trouvé dans le tombeau, en Turquie. La jeune femme se préparait à partir quand le dragueur revint à la charge. Sans hésitation, il la prit une nouvelle fois pas la taille et l'attira encore plus près contre lui.
- J'ai droit à une belle récompense, j'imagine, dit-il d'une voix charmeuse.
Soudain, il s'écroula en gémissant, se tenant l'entrejambes. Lara rangea gentiment son genou, une de ses armes les plus efficaces.
- Un malaise, expliqua-t-elle aux touristes surpris.
Elle s'éloigna, laissant le dragueur sur le sol, et quitta le musée.
Une fois certaine, grâce aux renseignements glanés ça et là, que la vitrine convoitée était amenée dans l'entrepôt souterrain la nuit, Lara retourna à son hôtel, muni d'un plan détaillé des célèbres égouts de Paris. Elle passa le reste de l'après-midi et la soirée à peaufiner son plan, à la fois simple et risqué : entrer dans l'entrepôt par-dessous.
Lara quitta l'hôtel à une heure du matin. Elle était vêtue normalement en apparence, mais son blouson léger cachait une combinaison en cuir entièrement noire. Même à cette heure tardive, des voitures continuaient à circuler en direction de la place de la Concorde, et Lara mit un bon moment avant de trouver un accès situé dans un endroit suffisamment discret pour y entrer sans être vue. Un dernier coup d'oeil à l'extérieur, et la jeune femme disparut dans les ténèbres des égouts de Paris.
Grâce à son plan, elle put se repérer facilement dans le dédale de galeries. Elle se retrouva rapidement sous la rue de Rivoli. S'approchant enfin du Louvre, elle stoppa soudainement. Dans l'obscurité, de fins rayons laser apparurent en travers du couloir.
- Les Français sont paranoïaques... se dit-elle. Avec raison, d'ailleurs, rajouta-t-elle en souriant.
Toujours immobile, elle passa le faisceau de sa torche tout autour d'elle. Une dizaine de mètres en avant, elle repéra une petite porte. Un coup d'oeil sur son plan lui permit de confirmer que c'était une des issues de l'entrepôt. Tout excitée, Lara se força au calme avant d'entamer sa lente progression au travers des lasers de sécurité. Rampant, enjambant, se contorsionnant, elle finit par attendre la petite porte, bien évidemment dépourvue de poignée, du moins côté extérieur. Elle tapota dessus en plusieurs endroits, cherchant l'emplacement de la pêne. Un son sourd par rapport aux sons creux lui donna l'endroit exact où placer sa charge. Fouillant dans son petit sac à dos, elle sortit un peu de plastique, qu'elle colla à la porte. Elle y ficha une électrode et recula de deux bons mètres.
- Tout en finesse et subtilité, ma belle... se dit-elle.
Elle fit exploser la charge à l'aide d'une petite télécommande. La serrure partit en fumée et la porte s'ouvrit toute seule, lentement. Une alarme très aiguë se déclencha aussitôt. Sans perdre de temps, la jeune femme se rua dans l'entrepôt. Dans la préparation de son vol, elle avait compté trois minutes pour trouver la vitrine : elle ne s'était pas trompée dans son estimation. Elle ouvrit délicatement le panneau de verre et en sortit le morceau d'invitation en or. Elle en fit aussitôt une photo. Elle rangea l'objet dans son sac et, prenant un stylo, écrivit un message au dos du polaroid, qu'elle laissa dans la vitrine. Cinq minutes plus tard, elle était en dehors de l'entrepôt. Vingt minutes et quelques fumigènes – lancés pour couvrir sa retraite – plus tard, elle était de retour dans sa chambre d'hôtel. Elle se jeta sur le lit et sortit les deux objets, qu'elle fit tourner entre ses doigts. Elle ne doutait pas que la Police n'allait pas traquer l'ennemi public numéro un pour un vol aussi mineur. Surtout avec un petit mot, au dos de la photo, expliquant ce qu'elle avait « emprunté » et ce qu'elle comptait rendre. Enfin, pour finir de la rassurer, l'assurance du musée couvrirait largement la perte occasionnée. Bref, elle rangea les deux quarts de disque en or et put enfin s'endormir, après un périple épuisant.

***

Dès le lendemain, Lara repartit pour Rome. Elle prenait le risque d'attirer l'attention sur elle, à repartir ainsi le lendemain d'un vol, surtout en rajoutant son arrivée la veille du vol. Mais l'aventure et les problèmes étaient loin d'être finis, et elle ne pouvait se permettre de perdre du temps. Une fois à Rome, elle s'installa dans son pied-à-terre et se mit en tête d'obtenir des informations sur ses compagnons. Elle alluma donc son ordinateur et grâce aux compétences de Bryce, elle obtint l'image d'un planisphère, avec trois points clignotants. Le premier était au milieu de l'Italie – elle-même, donc. Le second se trouvait à Moscou, le troisième au Pérou. Elle en fut si étonnée qu'elle décrocha son téléphone. Elle hésita, puis composa le numéro d'Alex West.
- West, c'est toi qui est au Pérou ? demanda-t-elle immédiatement. Non? Moscou ? Ok... Non... Non, je t'appelle pas pour te demander en mariage! hein ?.... Encore moins ! Bon, arrête, tu l'as trouvé ?... Ouais, moi aussi... Impeccable, je te ferais un bisou... Non, sur la joue !
Elle raccrocha en pestant. Son ancien ami et amant avait toujours cette mentalité de gamin obsédé qui l'irritait, qui le mettait en colère, qui la désespérait. Et pourtant... Trois ans après l'avoir quitté, elle l'avait retrouvé changé. Toujours délirant, toujours en train de dire des bêtises, de sourire, de rire, de parler de sexe... Mais ses beaux yeux bleus exprimaient dorénavant autre chose. Une dureté froide et sérieuse. Alex West aurait-il finalement mûri. Il n'empêche que sous cette tente, en plein désert turc, lorsqu'il était entré, accompagné par Indy, elle l'avait trouvé beau comme un dieu.
Entre une conversation avec Legg et une balade relaxante dans les rues de Rome, Lara fit rapidement son choix. Optant pour une tenue estivale légère, elle profita du temps splendide pour flâner dans les rues de la ville éternelle. Elle s'offrit même le luxe de s'asseoir à une terrasse, près du Colisée, pour siroter une menthe à l'eau rafraîchissante. Ce n'est que quatre heures plus tard qu'elle revint à son appartement. Elle sortit la petite mallette contenant les artefacts et l'ouvrit : elle était vide. A la place des morceaux de disque en or, elle trouva un petit mot : « Merci beaucoup pour vos efforts. Miss L. ». Lara referma la mallette, la rangea et s'assit sur le bord du lit. En souriant, elle se laissa tomber en arrière, les mains derrière la tête. Elle regarda le plafond, un sourire aux lèvres.
- La salope... soupira-t-elle.

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