Chapitre 18
Lara était paralysée par le
choc, presque statufiée. Lentement, elle tendit la main et la posa à plat
sur le torse de Chase Carver, sans y croire. Et pourtant... Sa main rencontra
un torse bien réel, bien solide, empli d'une belle chaleur humaine. Elle
s'approcha et posa la tête contre ce torse. Elle se serra fort contre lui.
- Chase... gémit-elle. C'est impossible... Je suis en train de rêver. Ou je suis
morte ?
- Non, douce Lara, tu n'es ni morte, ni endormie, répondit-il. C'est une
très longue histoire, que je te raconterais, c'est promis. Mais je suis tout
aussi étonné que toi de te trouver ici ! Comment se fait-il que...
- Attends, tais-toi, s'il te plait. Laisse-moi profiter...
Elle se blottit confortablement dans ses bras. Ils étaient enlacés au milieu
d'un couloir, enfoui sous terre, perdu dans le désert égyptien, loin de
tout. Lara s'en moquait : son univers présent se limitait aux bras de son
amant retrouvé. Chase, vivant ! Elle soupira de nouveau à cette pensée.
Quelques minutes plus tard, à contre-coeur, ils se séparèrent.
- Je te croyais mort, dit-elle, détournant son regard à ses mots cruels.
- Je l'étais sans l'être. Une sombre histoire de mort clinique, mais pas de
mort cérébrale. J'ai rien compris au discours des médecins ! Et toi, que
fais-tu ici ?
- Je viens empêcher des « méchants pas beaux » d'obtenir des pouvoirs
divins, répondit Lara.
- Ah oui, Astrificum... Je suis aussi là pour ça.
- Pour ça ? Pour l'empêcher, tu veux dire ?
- Oui, bien sûr.
- Et comment as-tu su ?
- J'ai suivi un type qui suivait un autre type, un mafieux russe. J'ai alors
appris pour l'invitation, l'Assemblée, etc.
- Le russe, c'est Otrianov, catégorie « criminel milliardaire ». L'autre,
c'est Alex West. Il est avec moi.
Chase la regarda d'une façon un peu plus appuyée.
- Ah oui ?
- Je veux dire qu'il est avec nous, reprit Lara. De notre côté, quoi.
- J'avais compris. C'était néanmoins un lapsus intéressant...
- Ce n'est pas le moment de parler de ça. D'autant que ton retour risque de
changer la donne...
- Ok, concentrons-nous sur cette Assemblée !
- Il faut retrouver les autres.
Elle regarda dans le couloir, d'un côté puis de l'autre.
- Par où ?
- Par là ! décida Chase.
Ils progressèrent donc dans la direction indiquée, côte à côte. Lara finit
par glisser sa main dans celle de son amant. Il la regarda en souriant.
L'esprit de la jeune femme divaguait : elle n'arrivait plus à se concentrer
sur l'Assemblée. Bien que dans un couloir sinistre d'un temple égyptien tout
aussi sinistre, elle avait la sensation de se promener romantiquement au
bord de l'eau avec Chase. Elle pensa aussi à Alex, qui serait surpris
d'avoir eu raison : Lara n'avait jamais fait le deuil de Chase Carver, mais
c'est justement cela qui avait ravivé instantanément son amour pour lui.
Elle aimait Chase, et elle l'avait retrouvé ! Elle l'arrêta et se jeta de
nouveau dans ses bras, l'embrassant à pleine bouche.
- Lara... fit Chase en soupirant. J'ai moi aussi très envie... Mais on est là
pour l'Assemblée !
- Je sais, mon chéri, répondit la jeune femme. Je voulais juste un petit
baiser d'encouragement avant la dernière étape.
Elle désigna le bout du couloir : la pièce colossale dans laquelle se
trouvaient les plate-formes s'ouvrit à eux. Ils y entrèrent ensemble. La
lumière intense qui les avait tous aveuglée avait disparue, laissant place à
un faible éclairage diffus. La caverne se trouvait ainsi dans une sorte de
pénombre qui permettait de bien voir dans un rayon de dix mètres, guère
plus. Au-delà, il était difficile de distinguer quoi que ce soit avec
précision. Lara leva les yeux : les plate-formes avaient retrouvé leur
position initiale, tout en haut, contre leurs volées de marches.
- Ca va être dur de remonter, remarqua-t-elle.
- Tu comptais survivre à l'Assemblée ? demanda Chase en souriant.
- Maintenant que tu es là avec moi, bien réel, c'est évident : on rentre
ensemble, ou on meurt ensemble.
- T'es obligée de faire dans le tragique ?
Hilare de bonheur, Lara s'apprêtait à embrasser son amour lorsque des coups
de feu retentirent, non loin de leur position. La jeune femme sursauta.
- Lara... gémit Chase.
Elle le regarda : son regard était vitreux. Elle baissa les yeux sur sa
poitrine. Avec horreur, elle constata que du sang commençait à imprégner le
tissu de sa chemise. Elle la déchira violemment pour avoir confirmation de
ce qu'elle redoutait le plus : Chase avait reçu deux balles en plein torse.
Il regarda les blessures, puis releva les yeux vers Lara, avant de
s'écrouler, perplexe.
- Chase !!! hurla la jeune femme en accompagnant sa chute.
A genoux, elle releva la tête de son amour. Elle posa sa main libre sur son
torse, tentant de juguler le flot de sang. Elle était complètement perdue,
incapable de réfléchir.
- C'est pas possible... gémit-elle. Chase, mon amour... Tiens le coup, ce n'est
rien. C'est un mauvais cauchemar...
- Je t'aime, Lara, tu le sais, n'est-ce pas ?
Sa voix était déjà très faible, et il toussa douloureusement.
- Bien sûr que je le sais, mon amour. Je t'aime aussi, mais résiste !
- C'est trop tard, ma chérie. Le destin ne veut pas nous réunir dans cette
vie...
- Non, c'est trop injuste... Je ne pourrais pas supporter de te perdre une
seconde fois. Bats-toi, mon amour !
Des larmes jaillirent de ses yeux et s'écrasèrent sur le visage de Chase. Il
sourit, malgré la souffrance.
- Ca m'a fait plaisir de te revoir, mon amour... fit-il, de plus en plus pâle.
- Arrête, Chase... Je t'en supplie, ne me quitte pas. Ne meurs pas ! Chase!
Lara pleurait pour de bon, incapable de se retenir. Il rendit son dernier
soupir : sa poitrine arrêta de se soulever. La jeune femme était folle de
douleur. Elle venait de récupérer son grand amour, et on le lui reprenait
immédiatement. Quelqu'un l'avait tué devant elle. Quelqu'un l'avait forcée à
assister, impuissante, à la mort de Chase Carver pour la seconde fois.
Quelqu'un. Quelqu'un.
- LEGG !!!!!!!! hurla soudain Lara.
La jeune femme se leva soudain, emplie d'une rage douloureuse. Elle dégaina
son Desert Eagle et se retourna précipitamment, prête à tirer. Mais elle
retint son coup, les jambes soudain flageolantes : devant elle se tenait
Indiana Jones, debout non loin de là, un revolver encore fumant dans la
main.
- Indy ? gémit-elle, sa volonté brisée. Indy... Toi... Pourquoi ?
Elle se remit à pleurer. Face à elle, Indy lâcha son revolver. L'arme
rebondit par terre avec un bruit lugubre. Comme tirée de son désespoir, Lara
réaffirma sa prise sur son Desert Eagle. Elle visait toujours son ami.
- Pourquoi ? dit-elle, les dents serrées, tentant de refouler ses larmes.
Sais-tu qui c'était ?
- Oui, justement, c'est...
- Tais-toi ! Ne me parle pas ! C'était Chase Carver ! Oui, Chase, l'homme de
ma vie, que j'avais cru mort ! Qui était vivant ! Qui m'avait retrouvée ! Et
que tu VIENS DE TUER !
- Ecoute, Lara, tu...
- TAIS-TOI !
Lara arma son Desert Eagle. Jones recula, les mains levées.
- Tu joues un double jeu depuis le début, c'est ça ? Tu nous as trahis... Tu
as tué Alex, aussi ?
- Non, bien sûr que non. Laisse-moi t'expliquer, Lara...
- NON ! Tu as tué l'homme que j'aime, et je vais te tuer à mon tour !
- Lara, ce n'était pas Chase Carver.
La jeune femme tira. La balle frôla la tête de Jones avant de s'écraser
contre la paroi rocheuse derrière lui. Lara ne pleurait plus, mais son
visage arborait une expression froide et implacable.
- Lara, je t'en supplie, fit Indy, d'une voix douce et compatissante. Je
n'ai trahi personne. Ce que tu prenais pour Chase était une vue de ton
esprit. Une manipulation mentale.
- Tu mens ! hurla la jeune femme.
- S'il te plait, Lara, reviens à toi. Essaye de raisonner objectivement.
- Raisonner ??? tu parles de raisonner alors que tu viens de tuer le seul
homme que j'aime ????
- Il n'est pas l'homme que tu aimes. Tu as aimé Chase Carver. Tu aimes Alex
West. Chase est mort il y a des années.
- Tu mens !
- Tu l'as enterré toi-même au Honduras...
- Je sais ! Il m'a dit avoir été trouvé et déterré par une expédition, qui
l'a amené à un hôpital.
- Cette chose n'a fait que formuler tes propres fantasmes...
Lara se tourna vers le cadavre de Chase. Les larmes remontèrent
immédiatement à ses yeux.
- Tu es victime d'un désir profond, qui se matérialise alors, fit Indy. Un
fantasme qui obscurcit ton jugement. Seule la mort de ton hallucination te
permettait d'en sortir. C'est une sorte d'épreuve de volonté.
Lara reporta son regard sur son ami. Elle pointait toujours son arme sur
lui.
- Si c'est vrai, pourquoi n'es-tu pas affecté, toi ?
- Je l'ai été. Mais j'en suis sorti de moi-même. En réfléchissant
objectivement, j'ai compris qu'Elsa ne pouvait être encore vivante...
- Toujours plus fort que les autres, hein, Jones ? ironisa la jeune femme.
Et tu as descendu ta femme de sang-froid, pour t'en sortir ?
- Oui, en effet... (Son regard sembla se perdre dans la mélancolie. Mais il se
reprit rapidement) regarde-moi, Lara.
Elle s'exécuta : les yeux d'Indy exprimaient plus que jamais de la tristesse
et de la compassion. Ce regard d'amitié profonde l'émut, et elle baissa son
arme. Comme si elle se réveillait d'un horrible cauchemar, elle cligna des
yeux et tourna la tête vers le cadavre de Chase. Elle trouva en lieu et
place un cadavre momifié et décomposé, qui commençait à se désagréger,
partant lentement en poussière. Lara passa les doigts sur ses lèvres, au
souvenir du baiser qu'elle avait échangé avec... ce qu'elle croyait être
Chase. Mais le sentiment de dégoût ne pouvait pas lutter en puissance contre
l'immense vague de vide et de désespoir qui submergea son âme. Face à Jones,
elle lâcha son arme, s'effondra à genoux par terre et, enfouissant son
visage dans ses mains, se mit à pleurer.
***
Alex West les rejoignit
quelques minutes plus tard, d'une démarche légère, les mains dans les
poches. Il affichait son éternel sourire satisfait.
- Alors, ça boume ? demanda-t-il.
- Ca va, répondit Indy. On s'en est sorti...
Alex remarqua alors le visage marqué de Lara.
- Eh ben, ma grande ? s'étonna-t-il. Ton hallu' a pas dû être joyeuse, on
dirait !
- Non, loin de là, soupira-t-elle. On m'a « rendu » Chase. Ca fait très mal.
- Je vois... Je suis déjà cocu, et avec une illusion, encore !
- Arrête, West, c'est pas le moment. Tu as eu droit à quoi, toi ?
- Moi, j'ai rencontré une Lara plus vrai que nature ! Elle, enfin tu, m'as
expliqué que tu avais repéré la sortie, et elle, pardon tu, m'as demandé de
te suivre.
- Rien de bien violent, tu as de la chance... Tu t'en es sortie comment ? Indy
m'a tuée ?
- Non... En fait, c'est quand tu as semé tes habits pour retrouver ton chemin
et que tu marchais toute nue devant moi que j'ai commencé à douter.
Lara se mit à rire, ce qui dissipa les derniers sanglots qu'elle ressentait
encore au fond d'elle.
- Je te jure, Lara, un cul plus vrai que nature ! s'exclama-t-il.
- T'es con, Alex !
Elle se rendit alors soudain compte à quel point Alex l'avait soutenue
discrètement depuis leurs retrouvailles en Turquie, par sa présence et son
humour. Il était toujours là pour la protéger ou la remonter, sans en avoir
l'air. Elle s'approcha et l'embrassa tendrement. Alex fit un clin d'oeil à
Indy, ce qui lui valut un bon coup sur l'épaule.
- Bon, et la suite de l'aventure ? demanda Lara.
- Moi, je sais... fit Alex, le regard soudain fixé et perdu dans le vague. Je
vais pas tarder à te tromper, Croft...
Lara se retourna pour suivre le regard de son ami. Jones fit de même. Une
femme approchait, lentement, lascivement, sensuellement. Sa démarche était
aérienne, ses pieds semblant ne faire qu'effleurer le sol. Elle était brune,
la peau mate, visiblement égyptienne. Elle portait un pagne en tissu de
valeur, cousu de fils d'or, et avait les seins nus. Des seins parfaits, même
selon les critères de Lara. La « femme », si on pouvait l'appeler ainsi
tellement elle semblait trop parfaite pour ce monde, passa devant Lara en
l'ignorant superbement. Son parfum était à la fois subtil et puissant, et la
jeune femme le trouva enivrant, presque désagréable. La beauté s'approcha
d'Alex et d'Indy, et leur caressa la joue d'une main filiforme. Ils étaient
subjugués, et se laissèrent embrasser sur la bouche, tendrement.
- Eh ! s'écria Lara. On se calme !
La femme continua de l'ignorer, occupée à recevoir les hommages des deux
hommes.
- Eh, la pouffe ! continua Lara. Qui es-tu pour toucher mon mec devant moi ?
L'égyptienne sembla enfin la voir et se tourna vers elle. Alex et Indy
embrassaient dévotement ses bras fins et nus.
- Dites mon nom à cette femme, mes mignons, fit la femme d'une voix
douce et profonde.
- Vous êtes Hathor, Déesse de la fertilité, répondit Indy.
Lara vit ses craintes se confirmer : la Déesse utilisait des pouvoirs
surnaturels pour subjuguer ses deux amis, les rendant idiots et inutiles.
- Je vois... fit Lara. Vos pouvoirs ne marchent que sur les hommes, ce qui
explique pourquoi je ne vois en vous qu'une pimbêche...
La jalousie lui faisait prendre un risque insensé : insulter une Déesse.
Mais Hathor ne sembla pas se formaliser du ton mordant de la jeune mortelle.
- Mais, tu pourrais, Lara Croft fille de Richard Croft, répondit la
Déesse. J'aime également les femmes et mes amantes mortelles sont
célèbres pour leur beauté.
Lara se hérissa à cette pensée. Des images bizarres lui traversèrent
l'esprit : elle s'empressa de les chasser.
- Non merci... C'est un truc qui plairait trop à Alex...
Soudain écoeurée par cette Déesse provocante et par la déférence mielleuse de
ses amis, Lara leur tourna le dos et partit dans la direction opposée,
s'enfonçant au centre de la caverne. Puisqu'elle se retrouvait seule par la
force des choses, elle était motivée plus que jamais pour faire quelque
chose. Et si elle ne pouvait empêcher l'Assemblée seule, au moins
voulait-elle retrouver Miss Legg et lui faire payer un certain nombre de
choses ! Devant l'immensité de la caverne et la pénombre dans laquelle elle
était plongée, Lara avançait lentement. Soudain, elle vit un homme en face
d'elle. Immédiatement, elle pointa son Desert Eagle dans sa direction. Mais
elle doutait de l'utilité de son arme : l'homme, qui lui tournait le dos,
était vêtu d'une sorte de longue jupe ample, très épaisse et d'une armure
qui laissait ses bras nus. Il tenait un énorme marteau sur son épaule.
- Excusez-moi... fit Lara, l'arme toujours au poing.
Elle voulait attirer son attention pour qu'il se retourne : elle y réussit
pleinement. Lara découvrit alors son visage, et en lâchant presque son arme.
Ses bras retombèrent, ballants. D'aussi loin que remontaient ses souvenirs,
Lara n'avait jamais vu un homme aussi beau. Il était extrêmement musclé,
sans avoir le ridicule des sportifs bodybuildés. Ses cheveux d'une blondeur
parfaite encadrait un visage carré sans être anguleux. Son regard était à la
fois doux et ferme, tendre et implacable.
- Bienvenue à l'Assemblée, femme, fit-il avec un sourire engageant.
Lara se sentit fondre : sa voix concordait avec tout le reste. Elle comprit
soudain ce que ressentaient ses amis pour Hathor. Elle-même se sentait
irrésistiblement attirée par ce Dieu d'une beauté surnaturelle. Elle résista
tant bien que mal au désir de se jeter à ses pieds.
- Quelle requête es-tu venue présenter, femme ? reprit le Dieu. Un
fier guerrier pour mari, fort et robuste, vainqueur de grandes batailles ?
Une grande fertilité de ta matrice, afin de lui donner tous les enfants
qu'il mérite ?
La jeune femme, bien que de plus en plus subjuguée par le Dieu, eut encore
la volonté de tiquer à ces remarques d'un autre temps. « Encore plus vieux
jeu que Jones », pensa-t-elle.
- Divin Thor, commença-t-elle, impressionnée malgré elle, je viens en effet
présenter une requête à l'Assemblée.
- Quelle est-elle, donc, femme ?
- Je viens demander l'annulation des requêtes de la femme et deux hommes qui
m'ont précédée.
- Par Mjolnir, voilà une requête pour le moins étrange ! s'étonna le
Dieu. Pour quelles raisons renonces-tu à un de tes voeux les plus chers pour
empêcher la réalisation des leurs ?
Lara s'était posée la même question. Elle se trouvait face à de vrais Dieux,
avec la possibilité de demander ce qu'elle voulait. Même le plus
extraordinaire. Même... la résurrection de son père. Et au lieu de cela, elle
s'entendit demander l'annulation des requêtes de Legg. C'était d'un
altruisme assez louche.
- Ne pense pas aux autres, femme. Tu veux faire revenir ton père, au fond
de ton coeur. Tu en as maintenant la possibilité. Ne la rate pas.
Thor lui parlait sans émotion, sans donner l'impression de la pousser. Il
énonçait simplement une évidence, que Lara reconnut comme telle. Sans
surprise, le Dieu remarqua son trouble et s'approcha, compatissant. Elle se
rendit alors soudain compte qu'il mesurait plus de deux mètres.
- N'écoute que ton coeur, femme. Tu as besoin de ton père, tu ne peux me
le cacher.
Thor posa une main immense contre la joue de Lara, englobant presque
entièrement son visage. La jeune femme ressentit une vague de chaleur et de
douceur infinie à ce contact. Elle ferma les yeux, se laissant aller à ce
bien-être.
- Reformule ta requête. Ne vis plus avec des regrets.
- Je... Oui, vous avez raison... (Elle hésita) je veux...
- Elle veut annuler la requête de Legg, fit la voix d'Indy derrière elle.
Thor retira sa main de la joue de Lara et recula. La jeune femme se
retourna. Alex et Indy étaient là, derrière elle. Leurs regards
n'exprimaient plus la fascination béate pour Hathor : ils étaient redevenus
eux-mêmes. La Déesse aux seins nus se glissa lascivement jusqu'à Thor et se
blottit contre le torse puissant.
- Ce n'est pas à toi de parler en son nom, humain immortel ! gronda
le Dieu nordique. Elle doit parler librement et sans contrainte.
Indy admit d'un hochement de tête et, comme les autres, se tourna vers la
jeune femme. Les yeux d'abord perdus dans le vague, elle finit par se
tourner vers le Dieu.
- Divin Thor, dit-elle, je demande à l'Assemblée d'annuler la requête de
Legg.
- Qu'il en soit ainsi !
- Legg, Smith et Otrianov veulent accéder à vos pouvoirs pour semer la
désolation sur la Terre, expliqua Indy. Nous devons faire vite.
Une autre Déesse apparut soudain. Pratiquement aussi grande que Thor, d'une
beauté moins sensuelle qu'Hathor, mais tout aussi charismatique, elle
portait une armure dorée, et portait une lance et un bouclier.
- Nous ne sommes que les Gardiens de l'Assemblée, fit Athéna.
Seuls les Trois peuvent accéder à vos requêtes.
- Sauf votre respect, le temps nous est compté, intervint Indy.
- Alors suivez-nous !
Les trois aventuriers s'apprêtèrent à prendre le pas des trois Dieux ; au
lieu de ça, ils furent instantanément transportés dans une autre partie de
la caverne.
- Pratique... remarqua Alex. Ah...
Il se tut aussitôt, remarquant, à la suite de ses amis, les trois immenses
trônes surélevés face à eux. Sur ces trônes étaient assis trois nouveaux
Dieux, qui eux, contrairement aux précédents, n'étaient pas de taille
humaine : ils dépassaient allégrement les trois mètres, et faisaient passer
Thor pour un homme petit et Alex pour un nain. Le Dieu sur le trône central
était en pagne, torse nu, et surtout possédait une tête d'épervier. Les deux
autres étaient « humains », l'un portant une toge et une grande barbe
blanche, l'autre une armure et une fine barbe rousse. Devant les trônes,
Legg, Smith et Otrianov étaient à genoux, face contre terre, en signe de
déférence.
- Ca a de la gueule, non ? murmura Alex.
Indy acquiesça en hochant la tête.
- Ce sont les patriarches, expliqua-t-il. Au centre, Râ, le Dieu Soleil. En
toge, c'est Zeus, et en armure, Odin.
- Ok, les gars qu'il faut pas faire chier, quoi !
- On peut dire ça comme ça, oui.
Il fit un signe de tête : Hathor, Athéna et Thor venaient de mettre un genou
à terre face à leurs patriarches. Les trois aventuriers se mirent à genoux.
- On arrive juste à temps, fit Alex en souriant.
- On arrive de peu en retard, plutôt, répondit Indy.
Un halo de lumière aveuglante venait d'entourer les trois criminels...
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