Octobre 1996
Par Éric Ernaux
Vé la pitchoune !
Alors d'accord, on vous a déjà beaucoup parlé de Tomb Raider mais on ne s'en lasse pas. Vous pensez, un jeu d'action/aventure
entièrement en 3D dans lequel vous dirigez une femme, ça change ! Bon, et puis en plus, elle est sacrément belle, Lara...
- Dis, Bob, t'as vu la gonzesse ? La vache, c'est pas de la greluche anémitée ! Parfaitement carénée, la choupette ! Mate un peu ces hanches et cette fière poitrine !
- Certes, Bill, mais...
- En plus, toutes ces petites merveilles enveloppées dans un mini-short et un débardeur Wonderbra, la chienne !
- Euh, calme-toi, Bill. Elle a aussi...
- Ouais, elle a aussi un regard de braise et une crinière affolante... Eh toi, la meuf ! J'ai des estampes japonaises, ça te dirait de venir te trémousser avec moi ? (Blam ! Blam !) Oooh, p'tain, Bob, ça fait mal... elle m'a tiré dessus, la #@&$ !
- Je voulais te dire qu'elle avait aussi deux énormes flingues, Bill, mais tu ne m'en a pas laissé le temps.
- (Silence douloureux) Euh, dis, Bob... je songe à me recycler. Tu ne connaîtrais pas un conservatoire de musique avec filière "Farinelli", par hasard ? (Extrait des mémoires de Bob Morane, page 137.)
Ben oui, Lara, c'est l'archétype de la gonzesse athlétique qu'il ne faut pas chatouiller si on préfère éviter toute douleur irradiante. Aventurière intrépide façon « Indiana Jane », elle affronte tous les jours mille dangers, alors vous pensez, elle n'est pas du genre farouche et pusillanime ! Belle, libre, autonome, déterminée... Lara, c'est l'Amazone avec un grand « A ». Alors, si je vous dis que Tomb Raider vous proposera très bientôt de vivre une aventure avec elle, perdus ensemble au cour des cités oubliées, vous vous mettez déjà à rêver... tout en redoutant ses réactions impulsives.
Oh oui, bouge ton corps !
Oubliez vos craintes : dans ce jeu très prometteur, Lara fait exactement ce que vous voulez (dans les limites du raisonnable). Quelques gestes au clavier et elle se déplace et agit devant vous... et Dieu que Lara bouge bien son corps !
Elle marche et court avec un petit déhanchement sexy, bondit avec une légèreté éblouissante, escalade avec assurance des blocs de pierre, tire sans ciller au revolver, nage avec grâce et suavité, pousse d'énormes dalles en s'arc-boutant le tout avec un réalisme époustouflant En plus, et cela ravira le voyeur qui sommeille en chacun de nous, le moindre de ses gestes est suivi en permanence par une caméra virevoltante : zoom, éloignement, changement d'angle de vue (plongée et, ouaouh, contre-plongée) tout cela est vif, fluide et optimisé afin qu'aucun obstacle ne s'interpose entre vos yeux pétillants de concupiscence et la morphologie attrayante de l'héroïne Bref, la jouabilité est parfaiteAlors, certes, je vous accorde que le principe de la « caméra dynamique » était déjà au cur de Fade to Black (Delphine Software), un jeu qui remonte à plus d'un an, mais comparer ces deux softs serait aussi absurde que de vanter les qualités respectives d'un Johnny Walker et d'un Macallan (ou d'un Lagavulin... pas mal non plus le Lagavulin. Remarquez, il y a aussi le Cardhu...).
Plus réaliste, tu... meurs !
Oui, parce que Tomb Raider dégage quand même une saveur autrement plus riche que celle de son prédécesseur avec, entre aqutres, des décors naturels somptueux, une architecture sur plusieurs niveaux (escaliers, passages souterrains, corniches, etc.), une large palette d'actions combinabes entre elles (à partir d'une interface simple, ce qui ne gâche rien), un inventaire confortable d'utilisation, et surtout une gestion des mouvements qui tient compte de l'environnement immédiat, et cela au-delà de tout ce qui s'est fait jusqu'à présent. Mais prenons un exemple pour illustrer ce dernier point qui, je le reconnais, en a sérieusement besoin. Si vous faites reculer Lara sur un sol plat, elle fera un pas en arrière, normal. Mais si vous lui faites maintenant effectuer le même mouvement dans un escalier, elle étirera sa jambe pour ensuite descendre avec précaution, exactement comme vous l'auriez fait vous-même (le déhanchement lascif en moins). Fou, non ?
Bon, mais je m'emballe au point d'en oublier les caractéristiques techniques du jeu : brune aux yeux bleus, VGA, SVGA, 90-60-90, cartes 3D gérées (640x480 en 16 millions de couleurs pour une carte dotée d'un processeur 3Dfx), 1m76 environ, affichage en 25 images/seconde, athlétique. Troublé, j'en oublie également les quelques petits défauts constatés sur la version bêta : une gestion des collisions avec les ennemis (loups, ours, etc.) à parfaire, et des bruitages encore assez pauvres. Ces réserves levées, rien ne s'opposera alors à ce que Lara devienne la star des années 90 !
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